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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 14.1888 (Teil 1)

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Badin, Adolphe: Gustave Guillaumet, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25872#0050
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40

L’ART.


Puis, dans ses rares moments de loisir, il s’amusait parfois à reprendre ces notes, à les
compléter de souvenir, à leur donner une forme moins hâtive et plus littéraire h

Dans le courant de 1879, Mme Juliette Adam, avec qui Guillaumet était en relations d’amitié,
eut occasion de voir quelques-uns de ses essais et, très frappée de leur tour vivant et poétique,
elle lui en demanda quelques-uns pour la Nouvelle Revue, qu’elle était sur le point de fonder.

Guillaumet ne céda pas sans hésitation à ce désir, quelque flatteur qu’il fût pour lui, tant il
avait peu conscience, dans sa modestie naturelle, de sa haute valeur. Quand il se fut décidé, il
choisit quatre épisodes bien tranchés d’allures et de sujet, les revit avec un soin minutieux et
les apporta à Mme Adam, qui les publia aussitôt dans le premier numéro de la Nouvelle Revue
(le ier octobre 1879), sous le titre de Tableaux algériens.

> Voilà par suite de quelles circonstances toutes spéciales le
peintre du Sahara et de Laghouat devint aussi un auteur.

Assurément, comme on le verra, Guillaumet avait à un
degré remarquable quelques-uns des dons les plus rares de
l’écrivain, l’élévation de la pensée et la précision de l’expres-
sion ; mais il est probable qu’il n’eût jamais rien publié sans
l’heureuse et bienveillante intervention que nous rappelons plus
haut. Nous y eussions perdu un certain nombre de pages, dont
quelques-unes sont des chefs-d’œuvre. Peut-être, il est vrai,
eussions-nous eu quelques toiles de plus, car Guillaumet, aussi
scrupuleux écrivain qu’il était artiste consciencieux, ne se lais-
sait arracher sa « copie » qu’après l’avoir polie de longues
semaines.

Ces études littéraires étant moins connues du public que
les œuvres peintes de Guillaumet, puisqu’elles n’ont pas encore
paru en librairie, nous en parlerons avec quelque détail, et,
pour mieux donner l’idée de ce qui en fait la valeur et l’origi-
nalité, nous citerons notre auteur le plus qu’il nous sera pos-
sible.

Les Tableaux algériens sont bien nommés ainsi. Ce sont,
en effet, de véritables tableaux à la plume, des croquis tantôt
lestement troussés, tantôt caressés avec amour, des descriptions
de paysages ou d’intérieurs, de levers ou de couchers
de soleil, de scènes de mœurs arabes prises sur le vif.

Parfois, aussi, ce sont des commentaires détaillés
des toiles de l’artiste, comme si, désespérant de rendre
les impressions que faisait naître en lui tel ou tel aspect
de ce pays du soleil et de la lumière, il appelait la plume à l’aide du pinceau, recourant
successivement, et parfois simultanément, à ces deux formes si différentes de l’art pour exprimer
sa pensée.

Le premier de ces Tableaux algériens est peut-être le plus remarquable et le plus achevé,
celui de tous où s’accuse avec le plus de bonheur la double personnalité de l’artiste écrivain. Il a
pour titre Un Jour de soleil.

C'est d’abord l’éclosion, la naissance du jour :

SCTZgff'.

0

Le Courrier du désert, de Laghouat a Ouargla.
Dessin de H. Toussaint, d’après Gustave Guillaumet

Voici l’aurore. Une lueur pâle se lève et blanchit l’horizon. Les étoiles, une à une, se fondent dans le rayonnement
qui précède le retour du soleil et préparent sa venue. Les ondulations du jour naissant courent sur le ciel nacré. L’air
gris s’agite et remue de légères paillettes d’or, tandis que la terre sommeille encore dans une nuit transparente.

Soudain, resplendissant, le soleil s’échappe des montagnes obscures ; mille flèches ardentes traversent en même

1. Ces carnets ont également disparu. Dans une des nuits qui précédèrent sa mort, Guillaumet pria l’ami intime qui veillait à son
chevet, le peintre Victor Huguet, bien connu, lui aussi, par ses tableaux algériens, de brûler devant lui, dans le poêle de son atelier, un grand
nombre de papiers, et parmi les papiers, les précieux carnets. En vain Huguet essaya-t-il d’en sauver quelques-uns. Guillaumet insista pour
 
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