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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 14.1888 (Teil 1)

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Badin, Adolphe: Gustave Guillaumet, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25872#0051

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GUSTAVE GUILLAUMET.

4i

temps les zones de l’éther radieux, et la fête lumineuse commence. Les crêtes donnent le signal et s’illuminent. Le bleu
et le rose s’opposent avec d’audacieux contrastes; peu à peu les violences s’harmonisent. Les ombres sont larges ; elles
s’allongent, veloutées, imprégnées d’azur, indéfiniment.

...Déjà les ombres se raccourcissent. Les teintes pourprées deviennent roses ; le rose se dore; l’or pâlit; le jour, un
jour intense, éclate-et se répand sur toute la plaine, qu’il inonde de ses chatoiements argentins. Chaque brin d’herbe,
chaque pierre en accroche une parcelle, allonge sur le sol sa traînée d’ombre bleuâtre, qui diminue à mesure que le
soleil monte. L’astre touche au zénith, et cette lumière placide, qui partout s’est étendue, confond la terre et le ciel dans
un même éblouissement.

Puis le soleil arrive au milieu de son cours et devient terrible :

Plus d’ombre..., on dirait que notre globe, épanoui dans sa béatitude, enivré de tant de lumière, excédé par tant de
chaleur, s’est immobilisé dans l’espace, comme, par un calme plat, sur la mer immense, un vaisseau s’arrête, voiles
tombantes. L’œil interroge : rien ne bouge. L’oreille écoute : aucun bruit. Pas un souffle, si ce n’est le frémissement

Intérieur a Bou-Saada,
d’après un dessin original de Gustave Guillaumet.

presque imperceptible de l’air au-dessus du sol embrasé. La vie semble avoir disparu, absorbée par la lumière. C'est le
milieu du jour.

Enfin, voici le crépuscule avec sa douceur reposante et sa pénétrante mélancolie :

Dans l’atmosphère limpide et sans brume, on voit luire un disque de flamme qui s’abaisse lentement vers l’horizon.
Le soleil, au terme de sa course, lance à la terre un adieu suprême, et les montagnes à demi baignées d’ombre s’embrasent
et rougissent leurs sommets. Une dernière fois, tout enflammé, il terrasse le regard ; puis, hardiment, plonge dans
l’immensité, laissant après lui cette magnifique auréole, dont la décroissance rend son départ si mélancolique, et que la
plaine reflète un moment encore.

Les troupeaux rentrent dans les douars; ils se pressent autour des tentes, à peine visibles, confondus sous cette
teinte neutre du crépuscule, faite avec les gris de la nuit qui vient et les violets tendres du soir qui s’en va. C’est l’heure
mystérieuse où les ténèbres épaississent leurs voiles, où les couleurs se mêlent, où les contours se noient, où toute
chose s’assombrit, où toute voix se tait, où l’homme, à la fin du jour, laisse flotter sa pensée devant ce qui s’éteint, s’efface
et s’évanouit.

que tout fût brûle' sous ses yeux. Le consciencieux artiste redoutait sans doute qu’après sa mort on ne cherchât à tirer parti de ces notes en
les livrant à la publicité malgré leur état d’ébauches, et il avait un tel respect du public et de son propre talent que cette pensée lui était
insupportable.

Tome XLIV. 6
 
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