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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 14.1888 (Teil 1)

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Badin, Adolphe: Gustave Guillaumet, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25872#0065

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GUSTAVE GUILLAUMET'

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Taourirt el Mokrane (Nouvelle Revue du ier décembre 1882) est un village de Kabylie,
tout proche le fort National, dont les femmes excellent à confectionner et à peindre ces
énormes jarres de forme antique, dont la tradition semble remonter à l’occupation romaine.

Guillaumet fît un séjour assez long à Taourirt, et il le dépeint sous divers aspects.
Voici d’abord un croquis des montagnes Kabyles à la pointe du jour :

Jusqu’à l’horizon, le ciel est pur, mais, du point où je me suis assis, la vue plonge sur une mer de vapeurs
blanches maintenues au même niveau dans l’air immobile. Plusieurs îlots de verdure émergent du sein de ces
nuées terrestres; ils semblent poser sur un lit de ouate, mollement étendu dans l’ombre immense du Djurjura,
dont les cimes se dressent au loin.

Des souffles caressants passent de temps à autre. Les vapeurs endormies se rident à la surface, puis elles
se déchirent çà et là, puis, emportées par les courants qui s’établissent dans les bas-fonds, elles ondulent ainsi que
des vagues soulevées par quelque brise. De nouveaux îlots surgissent, portant un village à leur crête. Cette mer
mouvante se partage en fleuves; les fleuves s’écoulent lentement vers l’ouest et les vapeurs, alors séparées,
flottent comme une gaze transparente, découvrant des villages, des bois, des terres à demi cultivées. Je crois
assister à la formation d’un monde dont les éléments se soudent l’un à l’autre, enchevêtrent leurs lignes capri-
cieuses, et accusent bientôt de monstrueux reliefs, des profondeurs gigantesques ; la Kabylie apparaît avec ses
monts, avec ses précipices, dans la plénitude de sa beauté robuste.

Guillaumet se rencontre ensuite, à l’entrée de Taourirt, avec une dizaine de femmes
qui reviennent de la fontaine avec leurs cruches toutes ruisselantes sur l’épaule, « scène
charmante et noble où l’élégance de l’amphore complète la grâce de la femme ».

La récolte et la manipulation des olives sont, avec la fabrication des poteries, une
des ressources du village. Ce sont les femmes qui jouent le rôle principal clans ces divers
travaux, ainsi que Guillaumet put s’en convaincre du vestibule même de la maison où on
l’avait logé, et qui donnait à la fois sur la place et sur un hangar où les femmes faisaient
tourner la meule à broyer l’olive. Tout en échangeant quelques paroles avec ses hôtes, il
observait discrètement « le rude labeur de ces femmes, l’énergie contenue de leurs attitudes,
l’ampleur sévère de leur vêtement et le rythme particulier de leur démarche ».

En sortant du moulin, les olives sont portées au lavoir, où elles sont encore piétinées
par les femmes pour en faire sortir l’huile qu’elles peuvent encore contenir. Guillaumet les
surprend se livrant gaiement à cette occupation, « troussées jusqu'aux cuisses, mouillées
jusqu'au jarret et pataugeant à plaisir dans le liquide écumeux qui les éclabousse de toutes
parts ».

La Famine (.Nouvelle Revue du icr décembre 1882) est une peinture navrante de l’épou-
vantable fléau qui s’abattit en Algérie, à la suite de l’insurrection, de la sécheresse et de
l’invasion de sauterelles, en 1867. Elle met surtout en lumière l’incroyable impassibilité des

1. Voir l’Art, 140 année, tome Ior, pages 3 et 3g.


Tome XLIV.
 
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