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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 14.1888 (Teil 1)

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Genevay, Antoine: Le marquis de Marigny, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25872#0202

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Armoiries d’Abel-François Poisson, marquis de Marigny,

Conseiller du Roi en ses Conseils, Commandeur de ses Ordres, Directeur et Ordonnateur Général des Bâtiments, Jardins, Arts,

Académies et Manufactures Royales.

LE MARQUIS

DE MARIGNY

Il est très difficile sinon impossible de parler d’Abel-
François Poisson, marquis de Vandières, de Marigny et
de Ménars, sans toucher à
sa sœur, Mme la marquise
de Pompadour, à qui il dut
ses titres, son rang, sa for-
tune. Nous tenons la dame
en très médiocre' estime.

Elle a été une des femmes
les plus funestes et des plus
froidement corruptrices qui
aient joué un rôle dans notre
histoire. Nulle n’a fait plus
de mal à la France, au roi
et à la royauté. Elle acheva
de démoraliser Louis XV
par ses lâches complai-
sances ; en se mêlant aux
honteuses fonctions de Le-
bel, en fournissant elle-
même des victimes au Parc-
aux-Cerfs, en surexcitant
par tous les moyens qu'elle
put imaginer les sens du
roi, elle le prépara à rece-
voir la fille perdue qui de-
vait lui succéder. Quant à
l’action qu’elle a eue sur les
arts, elle a été surfaite et,
même en l’admettant, reste-
rait à savoir si elle a été
heureuse.

Dans un article publié
par la Revue des Deux-
Mondes, M. de Carné a dit :

« Son influence sur l’art a
été singulièrement exagérée.

Si elle n’avait pas fondé
cette'royale manufacture de
Sèvres, gracieux et symbo-
lique monument de son
passage dans l’histoire,[on pourrait dire certainement que
les tapissiers lui doivent plus que les artistes, car l’orne-

mentation la touchait plus que la plastique. Jouer la comé-
die, user, dans une heure de désœuvrement, du pinceau,

du touret, de la presse, pour
dessiner des Amours, graver
quelques pierres fines ou
imprimer des vers sur du
papier rose, ce sont des fan-
taisies et non des services
rendus à l’art. »

Du temps même de la
marquise, bien’des hommes
très compétents pensaient
comme M. de Carné et s’ex-
primaient d’une façon plus
énergique. Dans son Salon
de 1765, c’est-à-dire une
année après la mort de
Mme de Pompadour, parlant
d’un tableau de Carie Van
Loo : les Arts suppliant le
Destin, voici ce qu’écrivait
Diderot :

« Les Arts désolés s’a-
dressent au Destin pour la
conservation de Mrae de
Pompadour qui les protège.
En effet, elle aima Carie
Van Loo, elle a été la bien-
faitrice de Cochin, le gra-
veur Gay 1 avait son touret
chez elle. Trop heureuse la
nation si elle se fût bornée
à délasser le souverain par
des amusements, et ordon-
ner aux artistes des tableaux
et des statues.

Les Suppliants de Van Loo
n’obtinrent rien du Destin
plus favorable à la France
qu’aux Arts, Mmü de Pompa-
dour est morte au moment où on la croyait hors de péril,
1. Pour Guay.
 
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