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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 14.1888 (Teil 1)

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Grandfort, Manoël de: Jacques Saurel, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25872#0287

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VIII

Il me fallait savoir la vérité. L’obtenir de Valentine
était chose impossible; je m’étais déjà aperçu qu’elle
aimait le mensonge pour lui-même, sans motif. A plus
forte raison devait-elle s’en servir, lorsque cela lui devenait
nécessaire. Je résolus donc d’aller chez Mme de Balleray,
que j’avais fort négligée depuis ma liaison avec Valentine;
celle-ci, feignant d’être jalouse de son amie, avait été jus-
qu’à me défendre de répondre à quelques mots aimables
que Clotilde de Balleray m’écrivait de temps en temps,
pour me féliciter d’un succès ou me reprocher mon ab-
sence. Je savais donc d’avance que je serais bien reçu si
elle était chez elle. Quoique l’heure fût matinale, on m’in-
troduisit aussitôt dans le petit salon des intimes. A peine
i. Voir l'Art, 140 année, tome I0r, page 220.

y étais-je entré que Clotilde vint à moi, la main tendue et
le sourire sur les lèvres. En la voyant, je reçus une vive
impression. Maintenant que je connaissais l’ardeur de son
tempérament, j’en voyais clairement les marques sur son
visage fatigué; ce que je prenais autrefois pour de la mé-
lancolie'd’une âme tendre, n’était que l’accablement de
sens surmenés. Elle avait vieilli; ses yeux étaient encore
plus meurtris, ses joues plus pâles, son sourire plus lassé.
Elle me fit asseoir près d’elle, si près que je sentais l’odeur
de sa peau et le parfum de ses cheveux encore mouillés
par le bain.

Résolument, sans chercher des biais, je lui dis ce que
je venais faire chez elle. J’aimais Valentine, j’étais lié à
elle, non point par un de ces attachements passionnés
dont on aperçoit malgré tout le terme, mais bien par un
de ces sentiments dont la douceur vient aussi de la durée
prévue. Elle m’avait souvent dit que, si elle devenait veuve,
 
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