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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 14.1888 (Teil 1)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25872#0024

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Ce volume, dédié à Marcelin, lui revenait de droit,
puisque les parties qui le composent sont empruntées à la
Vie Parisienne. Ces reprises en volumes des articles qui
ont réussi dans les Revues deviennent de plus en plus à
la mode, et l’on ne saurait s’en plaindre, puisque le
public trouve ainsi l’occasion de relire des pages aux-
quelles il a pris plaisir, et qu’il n’irait certainement pas
chercher sous leur forme primitive.

Cet usage s’est d’abord appliqué aux œuvres sérieuses,
aux travaux d’érudition et de science. Il s’est étendu
aujourd’hui aux publications fantaisistes et de pur agré-
ment. Pourquoi l’imagination et l’esprit n’auraient-ils pas
les mêmes droits au volume que les autres facultés intel-
lectuelles ? Et en vertu de quel raisonnement devrait-on
de préférence les laisser moisir et s’évaporer loin de tous
les regards dans des feuilles volantes qu’il est souvent
difficile de ressaisir?

Les articles de Gyp se prêtent tout particulièrement à
ces reprises, parce que, sous leur apparence de simples
fantaisies, ils renferment une dose d’observation suffi-
sante pour faire de ses personnages autre chose que de
simples fantoches. Ce n’est pas sans doute de l’observation
bien profonde, mais elle est parfaitement à la mesure de
ce monde superficiel et médiocre au service de qui elle
est mise. Il faudrait pouvoir citer des exemples, mais cela

nous entraînerait au delà de l’espace dont nous disposons.
Il suffira de signaler l’impression générale qui se dégage
du tableau léger, spirituel et parfois charmant de ce monde
où l’on n’a d’autre souci que de s’amuser. Cette impres-
sion, c’est qu’on s’y ennuie énormément. Ces chasseurs,
dont Gyp fait passer devant nous les types divers, n’ont
presque tous qu’une préoccupation, d’échapper à l’ennui
de rester au château en tête-à-tête avec les dames ; et
celles-ci, de leur côté, envoient les hommes à la chasse
pour n’avoir pas à les subir pendant des journées entières.
La chasse n’est qu’un moyen pour les unes et pour les
autres de reprendre leur liberté et d’échapper aux conver-
sations insipides et aux rabâchages de la villégiature.

Ce volume se lit en quelques heures, et il faudrait être
atteint d’un spleen bien récalcitrant pour échapper à son
influence exhilarante. Les dessins de Crafty, simples et
sans prétention, de simples traits, sont en parfait accord
avec l’esprit du livre, et accentuent, avec une verve iné-
puisable, les types indiqués par Gyp. Nous ne disons pas
que la mère en recommandera la lecture à sa fille, mais il
est juste de reconnaître que, si quelques passages sont
légèrement croustilleux, il n’y a là rien qui rappelle cer-
taines hardiesses que nous avons vues dans la Vie pari-
sienne, et même dans d’autres ouvrages du même auteur.

Eugène Véron.
 
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