Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 14.1888 (Teil 1)

DOI Artikel:
Lefranc, F.: Nos auteurs dramatiques, [3]: Eugène Labiche
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.25872#0187

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
III

kN*-

NOS AUTEURS DRAMATIQUES1

EUGÈNE LABICHE

Il est hasardeux de juger un auteur dramatique au lendemain de sa mort.

La mode règne sur la littérature comme sur toutes choses, mais, nulle part, ses
variations ne sont plus brusques et plus fréquentes qu’au théâtre. Les connais-
seurs, en effet, n’y font pas seuls la loi ; les grands succès y dépendent de la
foule ; c’est assez dire que le caprice en décide aussi souvent que la droite
raison. Si confiante que soit en elle-même la critique, elle hésite à se heurter
trop vivement aux œuvres applaudies, elle s’excite à y trouver les beautés qui ont
ravi le public, et elle y réussit sans peine ; le public, à son tour, répète les
arrêts de la critique et une opinion s’accrédite. Elle paraît définitive ; en
réalité, elle dure peu. La foule, qui se renouvelle sans cesse, n’a ni amour-
propre, ni parti pris ; elle condamne aujourd’hui ce qu’elle admirait hier. Des
juges impartiaux viennent enfin, ils pèsent les ouvrages en toute équité et ils les
mettent à leur rang. Si l’on avait demandé à Voltaire et à La Harpe quel était le
premier auteur dramatique de leur temps, ils n’auraient hésité ni l’un ni l’autre ;
personne, à coup sûr, n’eût songé à nommer Marivaux. Or, son théâtre nous paraît
aujourd’hui plus vivant que tout autre d’alors, et nous sommes des juges sans pré-
vention. Qu’adviendra-t-il dans un siècle des œuvres de ce temps-ci? Qu’en restera-t-il
et auxquelles donnera-t-on la préférence? Personne ne saurait le dire. La critique se
joue agréablement autour des écrits dont la réputation est établie ; elle ajoute, aux
raisons d’admirer qu’on avait déjà, d’autres raisons plus délicates ; elle éclaire les
chefs-d’œuvre d’une lumière plus vive, mais il lui arrive rarement de signaler d’abord
la pièce qui durera. Boileau, qui l’a fait deux ou trois fois, serait digne, n’eût-il que ce
mérite, d’être regardé comme le plus avisé des juges et le meilleur.

Voici un au- teur [d’une fécondité peu commune.

Il a, pendant de / l°ngues années, diverti ses contempo-

rains. Per- / zSêMiy sonne n’a fait un plus grand nombre

i. Voir l’Art, 140 année, tome Ier, page 3?

I. M. Victorien Sardou ;
et page 81, II. Alexandre Dumas père.





« Meute du Roy » encadrement « Dessiné et Grave pour le Roy
« Par son très humble, très soumis, et très fidel sujet. Silvestre son maître à dessiner. »

Tome XLIV.
 
Annotationen