A LA COUR DE FERRARE1
FRANCESCO DEL COSSA
armi les biographies des peintres
renommés, il y en a peu qui man-
quent autant de détails que celle
de Francesco del Cossa. Rude
peut-être autant que ses person-
nages, son âme saisissait avec
promptitude toutes les délicatesses
du vrai, son pinceau est aussi
habile à reproduire les mouvements
de deux lapins qui se flairent que la physionomie souffrante du
saint qui médite sur l'Evangile. Instruit dans l’art classique, il
reproduisait dans l’architecture des motifs de décoration em-
pruntés de l’antiquité : tantôt ce sont les trois Grâces qui
s’élèvent derrière un groupe de jeunes filles et de jeunes gar-
çons s’abandonnant aux joies et aux familiarités de l’amour ;
tantôt c’est Diane chasseresse qui apparaît sur un pilastre, dans
le cadre où saint Jérôme fronçant les sourcils semble être sur
le point de rugir comme le lion qui est à ses pieds. Cependant,
sur cette hère nature d’artiste, l'antiquité n’a qu’une influence
bien secondaire. Si bon considère les arcades à plein cintre, les
volutes avec rosaces et fèves, les moulures si fines avec leurs
oves si marqués par leur clair-obscur, les chandeliers de métal
avec des ornements à spire, on pourrait supposer être devant
un maître asservi au culte de l’antiquité et dominé par l’esprit
de la Renaissance. Mais, si du fond de ses tableaux et de ses
fresques le regard se transporte sur ses figures de zigomas
accentués, sur les grosses lèvres, les longs cous, d’une rude et
puissante vérité, il est facile de s’apercevoir que Cossa, évitant
le joug classique, s’est placé vis-à-vis de la nature pour épier
le caractère des hommes et des choses.
Nous savons peu de chose de la famille dont est issu Fran-
cesco del Cossa. Son père, Christophe, se consacra aux travaux
des remparts et des forteresses comme son aïeul
i. Voir l’Art, ioa année, tome II, page 161.
i t
Tome XLIV.
FRANCESCO DEL COSSA
armi les biographies des peintres
renommés, il y en a peu qui man-
quent autant de détails que celle
de Francesco del Cossa. Rude
peut-être autant que ses person-
nages, son âme saisissait avec
promptitude toutes les délicatesses
du vrai, son pinceau est aussi
habile à reproduire les mouvements
de deux lapins qui se flairent que la physionomie souffrante du
saint qui médite sur l'Evangile. Instruit dans l’art classique, il
reproduisait dans l’architecture des motifs de décoration em-
pruntés de l’antiquité : tantôt ce sont les trois Grâces qui
s’élèvent derrière un groupe de jeunes filles et de jeunes gar-
çons s’abandonnant aux joies et aux familiarités de l’amour ;
tantôt c’est Diane chasseresse qui apparaît sur un pilastre, dans
le cadre où saint Jérôme fronçant les sourcils semble être sur
le point de rugir comme le lion qui est à ses pieds. Cependant,
sur cette hère nature d’artiste, l'antiquité n’a qu’une influence
bien secondaire. Si bon considère les arcades à plein cintre, les
volutes avec rosaces et fèves, les moulures si fines avec leurs
oves si marqués par leur clair-obscur, les chandeliers de métal
avec des ornements à spire, on pourrait supposer être devant
un maître asservi au culte de l’antiquité et dominé par l’esprit
de la Renaissance. Mais, si du fond de ses tableaux et de ses
fresques le regard se transporte sur ses figures de zigomas
accentués, sur les grosses lèvres, les longs cous, d’une rude et
puissante vérité, il est facile de s’apercevoir que Cossa, évitant
le joug classique, s’est placé vis-à-vis de la nature pour épier
le caractère des hommes et des choses.
Nous savons peu de chose de la famille dont est issu Fran-
cesco del Cossa. Son père, Christophe, se consacra aux travaux
des remparts et des forteresses comme son aïeul
i. Voir l’Art, ioa année, tome II, page 161.
i t
Tome XLIV.