DOI Artikel:
Méreu, Honoré: Le dôme d'Orvieto, I-II
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.25872#0161
LE DÔME D’ORVIETO
a petite ville de Bolsène, pla-
cée sur les confins de l'Om-
brie et de la campagne viter-
boise, aux bords d’un lac dont
les eaux transparentes reflètent
les splendeurs azurées du beau
ciel d’Italie, fut, en Lan de grâce 1263,
le théâtre d'un événement capital pour
l’histoire de l’art en Italie, car, après
avoir mis en frais le talent des archi-
tectes, sculpteurs et peintres appelés à
construire et à orner un des plus beaux
temples de la chrétienté, il devait ins-
pirer, trois siècles plus tard, le génie
de Raphaël.
Les grandes routes qui, de France
et d’Allemagne, conduisaient en Italie,
étaient alors battues par une foule
d’ecclésiastiques que la foi, le doute,
l’ambition, la misère, l’esprit d’aventure
ou la curiosité attiraient à Rome, capi-
tale de la religion triomphante.
Un de ces prêtres fit étape à Bol-
” ' sène. \\ appartenait à la catégorie de
ceux auxquels l’incertitude servait de viatique. La doctrine de la transsubstantia-
tion eucharistique, fort controversée encore à cette époque par les conciles, par
plus d’un Père de l'Église et même par certains pontifes, tourmentait cette âme
veule et chancelante, qui ne demandait pas mieux que de croire mais qui ne l'osait point tout à
fait. Un jour, ce lévite attristé par l’incrédulité célébrait la messe dans cette petite ville, où il
faisait une courte halte, lorsque soudain le prodige de la transsubstantiation s’accomplit devant
ses yeux. Au moment de la consécration, l’assistance des fidèles vit le sang couler de l’hostie en
si grande abondance que le calice déborda et que le corporal en fut maculé.
La foule, frappée de stupeur et de ferveur mystique, tomba en adoration, puis le corporal
miraculeux fut porté en triomphe à Orvieto, où résidait alors le pape Urbain IV. Le linge
Tome XL1V.
20
a petite ville de Bolsène, pla-
cée sur les confins de l'Om-
brie et de la campagne viter-
boise, aux bords d’un lac dont
les eaux transparentes reflètent
les splendeurs azurées du beau
ciel d’Italie, fut, en Lan de grâce 1263,
le théâtre d'un événement capital pour
l’histoire de l’art en Italie, car, après
avoir mis en frais le talent des archi-
tectes, sculpteurs et peintres appelés à
construire et à orner un des plus beaux
temples de la chrétienté, il devait ins-
pirer, trois siècles plus tard, le génie
de Raphaël.
Les grandes routes qui, de France
et d’Allemagne, conduisaient en Italie,
étaient alors battues par une foule
d’ecclésiastiques que la foi, le doute,
l’ambition, la misère, l’esprit d’aventure
ou la curiosité attiraient à Rome, capi-
tale de la religion triomphante.
Un de ces prêtres fit étape à Bol-
” ' sène. \\ appartenait à la catégorie de
ceux auxquels l’incertitude servait de viatique. La doctrine de la transsubstantia-
tion eucharistique, fort controversée encore à cette époque par les conciles, par
plus d’un Père de l'Église et même par certains pontifes, tourmentait cette âme
veule et chancelante, qui ne demandait pas mieux que de croire mais qui ne l'osait point tout à
fait. Un jour, ce lévite attristé par l’incrédulité célébrait la messe dans cette petite ville, où il
faisait une courte halte, lorsque soudain le prodige de la transsubstantiation s’accomplit devant
ses yeux. Au moment de la consécration, l’assistance des fidèles vit le sang couler de l’hostie en
si grande abondance que le calice déborda et que le corporal en fut maculé.
La foule, frappée de stupeur et de ferveur mystique, tomba en adoration, puis le corporal
miraculeux fut porté en triomphe à Orvieto, où résidait alors le pape Urbain IV. Le linge
Tome XL1V.
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