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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 14.1888 (Teil 2)

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Müntz, Eugène: La "Sainte Anne" de Léonard de Vinci
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https://doi.org/10.11588/diglit.25873#0007

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LA « SAINTE ANNE » DE LÉONARD DE VINCI

L,a période de i5o2 à 1514 est certai-
nement celle pendant laquelle ont pris nais-
sance la plupart des tableaux de Léonard,
âgé alors de plus de cinquante ans. N’ayant
plus de commandes d’œuvres monumentales,
à l’exception de la Bataille d’Anghiari, il se
sera tourné vers des productions plus mo-
destes. Heureuse nécessité, à qui nous devons
la Sainte Anne, la Joconde, le Saint Jean-
Baptiste.

Pendant cet intervalle, Léonard trouva
en outre le secret de mener de front ses
travaux d'ingénieur et ses travaux de peintre,
de même qu’il se multiplia sur tous les points,
entre Florence, les villes de l’Ombrie et celles
de la Romagne.

Léonard, nous raconte Vasari, ayant
appris que les Servîtes avaient chargé Filip-
pino Lippi de peindre le tableau du maître-
autel de la N impala, exprima le désir de se
voir confier quelque travail analogue. Aussitôt
Filippino de lui abandonner sa commande,
en homme aimable et courtois qu'il était.
Les frères, pour accorder à Léonard toutes les facilités possibles, l'installèrent chez eux, le
défrayant lui et toute sa suite (cette suite qui lui tenait lieu de famille). L’artiste les fit longtemps
attendre sans rien commencer. Finalement il exécuta un carton avec la Madone, sainte Anne et
le Christ. Cet ouvrage, ajoute Vasari, ne remplit pas seulement d’admiration les artistes, mais
attira, une fois terminé, deux jours durant, dans la salle où il était exposé, un défilé d'hommes
et de femmes, de jeunes gens et de vieillards, accourus pour admirer le chef-d’œuvre ; toute la
ville fut en émoi; on aurait dit une procession lors d'une fête solennelle.

On dé couvre sur le visage de la Vierge -— c'est toujours Vasari qui parle — la simplicité, la
beauté et la grâce qui caractérisent la mère du Christ, ainsi que la modestie et l’humilité mêlées
de joie à la vue du bel enfant qu'elle tient avec tendresse sur ses genoux; son regard s'arrête
en même temps avec douceur sur le petit saint Jean jouant avec un agneau, tandis que sainte
Anne exprime par un sourire la joie profonde qu’elle éprouve en voyant sa descendance terrestre
associée a la gloire céleste : genre d’expressions qui, comme on sait, rentrait tout particulière-
ment dans la nature du génie de Léonard. Ce carton, comme il sera dit ci-après, prit le chemin
de la France. Léonard ayant renoncé au travail commencé, les frères le confièrent de nouveau à
Filippino, mais celui-ci, surpris par la mort, ne put, lui non plus, le mener à fin1.

On s accorde, a tort selon moi, ainsi que je le montrerai plus loin, à reconnaître le carton
des Servîtes dans l’ouvrage aujourd’hui conservé à l’Académie royale de Londres2 *. Celui-ci, en
ellet, s’écarte sur quelques points de la description de Vasari : le petit saint Jean ne joue pas

1. Vasari, édition Milanesi, tome IV, pages 38, Sç.

2. Ce carton a été gravé en 1798 par Antonio Smith, reproduit en lithographie dans l’ouvrage de M. Rigollot, puis en photographie

dans ceux de M"10 Heaton et de M. Richter.

Première pensée du tableau de i.a «Sainte Anne»,
par Léonard de Vinci,

d'après une photographie de la maison Braun.
(Académie des Beaux-Arts de Venise.)
 
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