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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 1,1.1898/​1899

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No. 1 (Octobre 1898)
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Henry van de Velde
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https://doi.org/10.11588/diglit.34201#0016

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L’ART DÉCORATIF

Une expression «sui generis» se dégage
incontestablement de ces compositions et
d'autres; seulement, comme décor, c’était in-
suffisant. Van de Velde reconnut le danger,
et sa préoccupation fut aussitôt de se créer
une forme décorative propre et définitive
dans cet ordre d'idées. Dans ses derniers
travaux, ces essais en sont arrivés aussi
loin qu’il est possible sans danger pour la
pureté des formes. Le papier peint de chambre
à coucher exposé au Salon «Arts et Crafts»
avec les lignes de son dessin, descenclentes
comme en un affaissement, dégage l’expression
de fatigue, tandis que le fier éveil des lignes du
papier vis-à-vis de la page 10 est bien le décor
d'un cabinet de travail. Complétez le pro-
cédé par le choix des couleurs, et ce libre
symbolisme offre d’abondantes ressources. Et
là, dans la couleur, le goût de Van de Velde
n’est jamais en défaut! Et quelle originalité !
Des couleurs qu'on n'avait jamais vues dans
le milieu domestique y sont entrées par lui;
et de cette seule innovation, un enchantement
s'exhale qui donne au moindre de ses en-
sembles la valeur d'une œuvre d'art.
Dans l'idéal de Van de Velde, ces riches
procédés de décoration doivent pénétrer dans
la grande industrie, s'y généraliser. C'est
peut-être en ceci qu’il diffère le plus de son
précurseur MORRIS. Pour MORRIS, la grande
industrie était une abomination. Il fuyait
comme la peste tout ce (pii touche à la ma-
chine de si loin que ce soit. Van de Velde
pense tout le contraire. A ses yeux, le fait

que la machine n’aboutit aujourd’hui qu’à
enlaidir tout ce qu’elle touche ne démontre
pas du tout quelle ne soit capable de
rien de bon; il prouve simplement la folie
de l'homme, qui donne au plus puissant
facteur du monde moderne une tâche à contre
sens. Van de Velde recourt au travail à la
main, non qu’il le préfère ni que ses modèles
ne puissent être exécutés autrement, mais
parceque les moyens pécuniaires lui manquent
pour établir un matériel mécanique en grand.
Il est déjà parvenu à fonder pour le meuble
et pour les travaux du métal des ateliers à
lui, dans lesquels un nombre imposant d’ou-
vriers exécutent jusqu’aux moindres détails
sur ses données. Il faudrait — soit dit en
passant — que les grands industriels vissent
comme ces ateliers, où se font de belles choses,
ont un autre aspect que les leurs! Jusqu’aux
visages des ouvriers qui ne sont pas les mêmes!
D'autres ateliers pour le tissage, la broderie
et les autres industries de la demeure suivront,
où la machine prendra son indispensable part
au travail. Le sens mécanique perce au-
jourd'hui dans toutes les œuvres de Van de
Velde, et garantit qu’en ses mains, l’art ne
restera pas, comme aujourd’hui, le bénéfice
d’un petit nombre de gens de goût, mais
qu'il pénétrera dans la masse, y répandant
vérité et beauté. Alors sera atteint l’idéal
social de Van de Velde, devant lequel, selon
ses paroles, un homme vaut d'autant plus
que son œuvre apporte le profit ou l’en-
noblissement à plus d’autres. -y-


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