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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 1,1.1898/​1899

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No. 2 (Novembre 1898)
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L' art hollandais
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https://doi.org/10.11588/diglit.34201#0073

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ne sont praticables qu’avec des matériaux de
premier choix et donnent la garantie d’une résis-
tance indéfinie au temps.
Un mot de ce procédé. Il consiste essen-
tiellement en teintures successives, dans chacune
desquelles les places qui ne doivent pas être
touchées par le bain sont recouverts de cire.
On obtient par là des effets de couleur extra-
ordinairement intenses et néanmoins d’une grande
douceur, la sécheresse et la dureté des lignes
de démarcation entre couleurs étant atténuées
par le procédé. Ce ne sont pas seulement les
tissus de laine, de coton et de soie qu’on peut
traiter ainsi, mais aussi le parchemin et même
le papier de très-bonne qualité.
Le dos et le siège de chaise que nous re-
produisons sont en parchemin, dont le beau
blanc d’ivoire s’allie heureusement aux tons
rouge vif et rouge violacé; des bandes or ren-
forcent encore l’effet. Les reliures de M. Cachet,
également en parchemin, et ses encadrements
d’impressions, montrent sous une autre forme
l’excellence du procédé malais.
Dans le meuble, M. L. Cachet est arrivé
à des résultats plus définitifs que dans l’orne-
ment pur. La reproduction de chaise que nous
donnons nous dispense d’une description; signa-
lons seulement les incrustations d’ébène, qui
suivent logiquement les lignes constructives et
forment sur les surfaces claires du chêne poli
une jolie décoration. L’extrême simplicité des
formes du bois est relevée de la manière la
plus heureuse par ces incrustations, ainsi que
par celles en ébène et ivoire des bras et les
fleurs bleues du dossier. La logique et la
simplicité sont du reste les qualités sur les-
quelles l’effort de l’artiste porte avant tout.
Il se garde de chercher le nouveau dans le
bizarre.
La table à thé est aussi une pièce réussie.
Pratique et solide, elle est bien apte au rôle
que joue dans les salons de la haute bourgeoisie
hollandaise ce meuble, derrière lequel la maî-
tresse de la maison fait les honneurs à ses
hôtes. La ligne droite qui y domine lui donne
le caractère un peu solennel qui convient. Le
bois de chêne clair du pied est incrusté d’ébène,
et le bois d’ébène de la plate-forme, d’ivoire.
Le goût sûr qui préside à l’union de ces matières
en rend l’effet charmant.
Nous espérons pouvoir donner prochainement
des vues d’ensemble de pièces que M. L. Cachet
s’occupe actuellement de meubler et de décorer
à Amsterdam. L’artiste pense du reste aborder
dans la suite tout ce qui rentre dans l’art
domestique. La forme de nos meubles et de nos
objets usuels ne pourra qu’y gagner en valeur
pratique et esthétique.

M. J. THORN-PRIKKER
L’art de M. Prikker est l’art de la ligne.
De même que le musicien exprime en phrases
musicales la joie, latristesse, l’amour, cet artiste
prétend exprimer en phrases linéaires — si
l’on peut ainsi parler — le plaisir qu’il prend
à ce qu’il aime. Pour lui, la ligne n’est pas
le contour des objets, mais leur expression, la
formule de leur manière d’être et d’impressionner
au moment où il les a contemplés.
On a traité son œuvre d’incompréhensible,
parcequ’on n’a pas voulu admettre cela;
parcequ’où l’on devait considérer l’expression
des choses vues, qu’il veut faire tenir dans les
lignes, on a cherché à tort la stylisation de
formes existantes; parcequ’on veut découvrir
des bras, des jambes, dans les dessins où son
intention n’était que d’évoquer le mouvement,
la vie du corps humain. Par exemple, on s’est
contenté de considérer l’acte matériel de la
jonction de deux mains dans la prière, là ou
l’artiste cherchait à exprimer par lignes l’extase
de la prière. Les trois ou quatre reproductions
que nous donnons p. 84 et 85 sont, par malheur,
insuffisantes pour rendre compte de ceci.
M. Prikker a 28 ans à peine. Il commença
ses études comme la plupart des artistes; mais
il fut renvoyé de l’académie de dessin comme
incapable. Quand éclata en Hollande la révolte
du nouvel art contre les traditions de l’ancien
(en 1885), M. Prikker s’insurgea contre le
réalisme comme beaucoup d’autres, et s’obstina
dans ses images linéaires. Il fit des dessins
d’où sortait d’un demi mètre de surface l’ex-
pression d’une grande fresque; des compositions
qui confondent l’entendement parcequ’on n’y
peut saisir l’enchaînement des idées, mais qui
réjouissent l’œil par le mouvement plein de
majesté des lignes. Il s’adonna à la teinture
des «batiks», dont nous reproduisons quelques-
uns faits par lui. Les «batiks» sont des
tissus — toile, soie ou velours — sur les-
quels les dessins sont tracés au moyen d’acides,
et qu’on plonge dans des bains successifs de
teinture après avoir recouvert de cire les parties
que celle-ci ne doit pas toucher. Ce procédé,
originaire des îles de la Sonde, ne donne plus
aujourd’hui des produits comparables en beauté
aux anciens «batiks» ; une rénovation de l’art
en ces pays pourrait seule la leur rendre.
D’ailleurs, la métropole — suivant la détestable
habitude de l’Europe — a donné le coup de
grâce à l’art de ses colonies en les inondant
de mauvaises imitations, de «batiks» fabriquées
par pacotilles en Hollande sur des dessins
grossiers, réminiscences plus ou moins vagues
des anciens. M. Prikker s’efforce d’apporter
un remède au mal en dotant le procédé
 
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