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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 1,1.1898/​1899

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No. 5 (Février 1899)
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Gardelle, Camille: Charles Plumet, architecte
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https://doi.org/10.11588/diglit.34201#0236

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L’ART DÉCORATIF

Poe, pour Flaubert et de Concourt; s’associant
aux tentatives qui, dans les arts et dans les
lettres, ont ouvert des voies inconnues et sus-
cité des idées nouvelles, ont élargi l'horizon et
essayé d’améliorer l’avenir social, il s’est montré
en toute occasion un intrépide combattant
d’avant-garde. Ces préférences ont garé son
esprit des lassantes redites et des stériles re-
commencements. Rebelle aux formules usées
qui ne répondent à aucune de nos aspirations
actuelles, mordu par l’âpre désir de perfectionne-
ments et de transformations logiques, il s’est
tourné résolument du côté de l’éternelle vérité
et de la saine raison, qu’une loi fatale fait
toujours triompher tôt ou tard. Il s’est ainsi
proposé un but très net, vers lequel ont tendu
ses efforts.


Le parfait équilibre de son cerveau l’a pré-
servé des folles expansions de soi-disant nova-
teurs qui, sous prétexte d’art moderne, se sont
perdus en extravagantes fantaisies, dont la dé-
mence effare le publie au lieu d’épurer son
goût. Ces excès d’une juste réaction, loin
d’exciter sa curiosité, provoquent sa méfiance.
Plumet a tout simplement pensé que l’archi-
tecture doit être le reflet d’une époque et que
le rôle de l’architecte consiste à exprimer, dans
ses œuvres, les principaux caractères de cette
époque. Il a observé les principes rationnels du
moyen-age, qui furent déterminés avec tant de
clarté que leur application reste toujours aussi
juste, avec les nouveaux moyens d’action dont
nous disposons aujourd’hui.
Si l’architecture de notre temps a manqué
d’originalité, à une époque où la puissance
vitale, l’esprit d’examen, la quantité des ressources
auraient dû faire éclore des œuvres très
caractéristiques, c’est que cet art s’est stérilisé
dans des pastiches grossiers, encouragés par des
doctrines caduques. Si son développement a été
compromis trop longtemps, la faute surtout en est
aux mensonges commis aussi bien dans la com-
position de l’ensemble que dans l’étude des
moindres détails des édifices. En architecture
plus que dans tous les autres arts, il faut être
vrai et dans le vrai réside la réelle beauté.
C’est être vrai que suivre un programme avec
rigueur et le remplir en satisfaisant avec exac-

titude aux conditions imposées; c’est être vrai
que faire des matériaux un judicieux emploi,
selon leur nature particulière et leurs propriétés
respectives. Ainsi sont engendrées les lignes
harmonieuses, les formes aisément compréhen-
sibles ; ainsi naissent les partis simples, ennemis
de complications inutiles, les seuls qui puissent
produire une sérieuse et profonde impression.
Cette sincérité absolue est la qualité essen-
tielle du talent de Plumet : elle est encore si
rare chez la plupart des architectes, qu’elle
paraît toute nouvelle.
Ce parti pris de franchise, il le manifeste
dans ses premières œuvres, dans ces maisons
de la rue Legendre, de la rue Léon Cosnard,
de la rue Truffaut et de la rue de Lévis, où
déjà s’indique une louable recherche de ratio-
nalisme, où nettement se lit la construction,
soumettant le décor à ses exigences. Plumet
considère modestement ces constructions comme
des tâtonnements vers un art plus libre et plus
indépendant ; on y sent néanmoins le souci
d’arriver, par des moyens économiques, à un
eflet de sobre élégance. Aussi bien par les
aménagements intérieurs que par l’apparence
extérieure, il transformait, dès ce moment, de
la manière la plus heureuse, le type de la
maison de location.
Alors que le bow-window était peu ou
maladroitement employé, il en créait d’une
forme tout-à-fait neuve, qu’il savait varier selon
le programme donné ou la disposition du plan
général. Il tirait de la flore des ornements
répartis avec méthode aux seuls emplacements
où leur utilité se faisait sentir. S’évadant de
la plate banalité, de la maison de rapport il
faisait enfin une œuvre d’art.
De tous les artistes, l’architecte est le plus
à plaindre, en ce sens qu’il lui est refusé de
retoucher ses œuvres, même lorsqu’elles ne le
satisfont pas complètement ; s’il leur reconnaît
quelques défauts après leur achèvement, il lui
est alors bien difficile, trop souvent même
impossible de corriger les imperfections. Du
projet à son exécution, que de détails changent
d’aspect; que de surprises sont réservées, par-
fois désagréables, auxquelles on ne s’attendait
guère! L’expérience est longue à acquérir avant
de produire l’œuvre à peu près irréprochable,
celle au moins où se manifeste une originalité
bien définie, un talent sûr de soi-même. Plumet
ayant beaucoup construit à l’âge où d’autres
attendent encore l’occasion de réaliser leurs
conceptions, a pu rapidement parvenir à cette
maturité, à cette assurance qui préservent des
erreurs. Je doute que, du premier coup, il eût
construit ces deux maisons de l’avenue Malakoff
et de la rue de Tocqueville qui, de tous points,

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