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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 1,1.1898/​1899

DOI issue:
No. 6 (Mars 1899)
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Chronique
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https://doi.org/10.11588/diglit.34201#0347

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L’ART DÉCORATIF

Signac, Van Rysselberghe, Cross, Angrand,
Petitjean, Luce ; l'école de Monet représentée par
d’Espagnat, A. André, Valtat et autres ; les nou-
veaux : Valloton, Vuillard, Bonnard, Sérusier,
Ranson, Roussel, Rippl-Ronai. Puis Ibels avec
ses pêcheurs bretons; M. Antoine de la Roche-
foucauld avec ses peintures sur soie inspirées des
kakémonos japonais; MM. Bernard, Filiger. A
ces œuvres sont jointes quelques pièces des sculp-
teurs Lacombe, Al. Charpentier et G. Minne.
Cette exposition est certainement la plus inté-
ressante de la saison, car c’est la première fois que
tant de novateurs, suivant des voies si différentes,
se trouvent réunis. Quelle opposition, par exemple,
entre les clartés des néo-impressionistes et les
tonalités brumeuses de Vuillard et de Bonnard,
dont le talent s’affirme ici.définitivement. Il est du
reste difficile de définir en quoi consiste le charme
de leur manière. Evidemment, elle déroutera ceux
que les contrastes de couleurs 'si savamment
calculés des néo-impressionnistes ont conquis ;
mais le charme de ces derniers réside-t-il unique-
ment dans ce qui n’est que l’application des
principes découverts par Chevreul ? Prétendre
ceci serait réduire l’art à la technique. Si les néo-
impressionnistes savent faire bien avec leur
procédé, Vuillard et Bonnard prouvent qu’on peut
faire aussi bien par des moyens tout différents. Le

procédé n’est que le procédé ; l’art, c’est ce que
l’artiste y verse de personnel.
De Vallotton, une nouvelle série de feuilles en
blanc et noir, dans sa manière trop connue pour
qu’il soit besoin d’en parler. L’intérêt va plutôt à
ses peintures, d’une extrême hardiesse de couleur.
Ces tons sombres et violents sont d’un effet
étrange ; ou du moins, notre œil n'y est pas
façonné. M. Vallotton, poussé par sa légitime
admiration pour Ingres, cherche, avant tout, à
restituer son rôle à la ligne, réduite par l’école de
Monet à celui d’accident. Echappe-t-il à la consé-
quence de diminuer parla l’importance du coup de
pinceau? Au premier abord, dans cette peinture
presque en tous plats, on ne sent pas la consis-
tance que le coup de pinceau peut seul donner, si
nous n’en croyons que nos habitudes ; mais avec
un artiste de la valeur de M. Vallotton, il serait
téméraire de se prononcer trop vite. Il est
d’ailleurs ..possible, que ce qu’il nous montre aujour-
d’hui ne soit . encore que la recherche d’une
formule dont la suite nous montrera la valeur.
Les recherches de MM. Sérusier et Ranson ont
pris un caractère plus définitif. Leurs œuvres sont
du domaine de la peinture décorative ; nous aurons
bientôt à y revenir.

M. G.


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