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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 4,1.1901/​1902

DOI Heft:
No.38 (Novembre 1901)
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Thomas, Albert: Vallgren
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https://doi.org/10.11588/diglit.34268#0067

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NOVEMBRE 1H01

spirales, à travers lesquels la magie fait scintiller
de rougeâtres éclairs ; c'est une lutte acharnée
entre la lumière et les ténèbres, le bien et le
mal, qui s'agite sous d'incroyables personnifica-
tions; c'est la nature divinisée sous tous ses
aspects, l'animation intellectuelle de tous les
êtres, la mise en œuvre la plus féconde du pou-
voir créateur. Les héros du «Kalevala» dé-
passent de cent pieds les héros d'Homère...»
Au pavillon de Finlande, à la récente Exposition
Universelle, un jeune peintre Scandinave, Axel
Galien, nous a montré quelques-unes de ces
mythiques figures : Illmarinen, qui forgea le
Sampo, « disque radieux et mystique » dont de-
vait dépendre le bonheur de la nation finnoise;
Waïnamoïnen, l'éternel qui défendit ce
palladium sacré contre les entreprises de la
Mère des Ténèbres, puis, forcé, avec les anciens
dieux, d'abandonner le pays au culte de la croix,
laissa du moins sur le rivage son /Gw/e/e, la
harpe primitive, «pour la joie et la consolation
des peuples à venir». Cette harpe du vieux
scalde, Ville Vallgren ne cesse de l'entendre
résonner dans son cœur. Tantôtsinistre comme
l'aboiement des tempêtes, plaintif comme le
vent d'hiver, clair et rieur comme une brise
d'été, le chant magique déroule ses accords et,
gracieux, languissants ou terribles, parmi les
vergers fleuris, les brumes et les neiges, le choc
effréné des nuages, passent les êtres de la lé-
gende. Le sculpteur aime ces visions. D'un
pouce rapide et nerveux, il en a modelé quel-
ques-unes: l'Ophëlie du Nord, qui se jette
à la mer et qui devient une sirène ;
errant dans les bois, au printemps, et contant ses
rêves au coucou; /Var/a/Zu: encore, enceinte
pour avoir mangé un grain de raisin, nue,
chassée, maudite, souffrant la faim et le froid.
Personne ne lui donne asile, mais un bon cheval
la rencontre, l'entoure de son haleine, réchauffe
son ventre douloureux.
M. Vallgren excelle à nous rendre la grâce
de ces héroïnes, leur charme ingénu, l'exaltation
de leur jeunesse, l'intensité de leur désespoir.
Toutefois, il s'interdit presque toujours de les
suivre dans les phases de leur vie particulière.
Sa pensée, singulièrement indépendante, fait
mieux qu'illustrer la légende, elle se crée des
génies et des dieux. Les accents du Kantele
rustique rythment souvent les rondes et les
processions de figures frêles, doucement mélan-
coliques, éperdument sanglotantes, qui hantèrent
le seul cerveau de l'artiste, qui naquirent de ses
seuls rêves. Un critique, M. Gustave Soulier, a


AMOUR CONSOLÉ

dit avec une extrême justesse : « La précieuse
vertu des pays Scandinaves, ce n'est pas tant
de fournir aux caractères qu'ils développent le
trésor des fables antiques, que de former ;/es
atwes /eg'eyy&MLes, qui ne s'arrêtent point à une
mythologie officielle, mais aspirent devant elles
le libre espace où peuvent éclore, pour chacun,
selon l'inclination de ses songes coutumiers, /es
/7^e<?//es ^/e TMjy/Aes ^e^sotyyye/s. » Les
divinités de M. Vallgren, ce sont ses propres
pensées, ce sont les âmes qu'il prête aux choses.

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