DOI Heft:
No. 43 (Avril 1902)
DOI Artikel:Gerdeil, O.: La pendule
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.34269#0040
L'ART DECORATIF
«C'est très simple, mon cher. Recher-
« chez quelles doivent être les formes logi-
« ques de la pendule, et expliquez-le. »
Pas T simple que cela. La forme lo-
gique d'une pendule, ce serait une caisse
ronde, ou ovale, ou carrée, avec le méca-
nisme dedans et le cadran sur le devant.
L'article est fait, et vraiment insuffisant.
Le conseil de M. Gustave Soulier n'a
pourtant pas été sans résultat. En y pen-
sant, la question qu'il soulève s'est élargie
et changée en celle-ci :
« Quel caractère, quelles dispositions et
« quelle place faudrait-il, en bonne logique,
«assigner dans un intérieur à l'instrument
« qui marque les heures ? ))
Et la question posée ainsi devient fort
intéressante.
Pour y répondre, il faut d'abord se
rendre compte des causes du discrédit -
injuste d'une manière, justifié d'une autre —
dans lequel la pendule est tombée depuis
une vingtaine d'années. La pendule, celle
A. LANDRY PENDULE, BOIS SCULPTÉ
FR. FISCHER PENDULE, TERRE CUITE
que nous avons tous vue sur chaque chemi-
née de la maison paternelle, est née de la
tendance à tout monMn-zuizm/Aer, qui fut un
des caractères de l'époque de Louis XIV.
La pendule de Boule et de ses premiers
successeurs fait de l'instrument qui marque
les heures un véritable monument; elle sou-
ligne en quelque sorte l'importance, la ma-
jesté de cette fonction solennelle. Son archi-
tecture et ses décorations restent subordonnées
à celle-ci ; si riches qu'elles soient, elles
convergent à mettre en honneur le cadran.
Plus tard, à la fin du XVIIL siècle et sous
l'Empire, le monument subit l'altération com-
mune à toutes les architectures après leur
première période de grandeur : le caractère
issu de la cause, fonction ou mode de con-
struction, est relégué à l'arrière-plan, et c'est
l'accessoire qui devient le principal. De
monument qu'elle était, la pendule propre-
ment dite huit par ne plus être que le socle
d'une œuvre de statuaire, et le cadran par
n'étre même dans ce socle qu'un détail se-
condaire. C'est de cet objet abâtardi que la
bourgeoisie du XIX^ siècle a fait l'ornement
principal de ses salons; en le flanquant de
deux candélabres dont la monumentalité à
faux s'accorde avec la sienne, elle a imprimé
à l'inévitable he c/zeuzhzée le
caractère de pompe niaise contre lequel
un goût devenu plus afhné a fini par s'in-
surger. Aujourd'hui, la ^wvzzTmg he c/zgm/-
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«C'est très simple, mon cher. Recher-
« chez quelles doivent être les formes logi-
« ques de la pendule, et expliquez-le. »
Pas T simple que cela. La forme lo-
gique d'une pendule, ce serait une caisse
ronde, ou ovale, ou carrée, avec le méca-
nisme dedans et le cadran sur le devant.
L'article est fait, et vraiment insuffisant.
Le conseil de M. Gustave Soulier n'a
pourtant pas été sans résultat. En y pen-
sant, la question qu'il soulève s'est élargie
et changée en celle-ci :
« Quel caractère, quelles dispositions et
« quelle place faudrait-il, en bonne logique,
«assigner dans un intérieur à l'instrument
« qui marque les heures ? ))
Et la question posée ainsi devient fort
intéressante.
Pour y répondre, il faut d'abord se
rendre compte des causes du discrédit -
injuste d'une manière, justifié d'une autre —
dans lequel la pendule est tombée depuis
une vingtaine d'années. La pendule, celle
A. LANDRY PENDULE, BOIS SCULPTÉ
FR. FISCHER PENDULE, TERRE CUITE
que nous avons tous vue sur chaque chemi-
née de la maison paternelle, est née de la
tendance à tout monMn-zuizm/Aer, qui fut un
des caractères de l'époque de Louis XIV.
La pendule de Boule et de ses premiers
successeurs fait de l'instrument qui marque
les heures un véritable monument; elle sou-
ligne en quelque sorte l'importance, la ma-
jesté de cette fonction solennelle. Son archi-
tecture et ses décorations restent subordonnées
à celle-ci ; si riches qu'elles soient, elles
convergent à mettre en honneur le cadran.
Plus tard, à la fin du XVIIL siècle et sous
l'Empire, le monument subit l'altération com-
mune à toutes les architectures après leur
première période de grandeur : le caractère
issu de la cause, fonction ou mode de con-
struction, est relégué à l'arrière-plan, et c'est
l'accessoire qui devient le principal. De
monument qu'elle était, la pendule propre-
ment dite huit par ne plus être que le socle
d'une œuvre de statuaire, et le cadran par
n'étre même dans ce socle qu'un détail se-
condaire. C'est de cet objet abâtardi que la
bourgeoisie du XIX^ siècle a fait l'ornement
principal de ses salons; en le flanquant de
deux candélabres dont la monumentalité à
faux s'accorde avec la sienne, elle a imprimé
à l'inévitable he c/zeuzhzée le
caractère de pompe niaise contre lequel
un goût devenu plus afhné a fini par s'in-
surger. Aujourd'hui, la ^wvzzTmg he c/zgm/-
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