N°45 — JU!N 1902
FR. AUBURTIN
cAU SOIR&, PANNEAU DÉCORATIF
LA PEINTURE AUX SALONS DE 1902
SOCIETE NATIONAEE
DES BEAUX-ARTS
î douzième exposition de la « Société
1^ Nationales est variée, curieuse, d'une
excellente tenue. Ne se trouvant pas encom-
brée, comme le Salon des K Artistes français)),
par une foule d'élèves sans personnalité, en
quête de leurs seuls diplômes, elle peut
montrer, en groupe suf-
fisamment nombreux et
sympathique, ceux de nos
contemporains qui se
préoccupent le plus des
vrais intérêts du beau.
C'est donc à « la Natio-
nale )) qu'il faut chercher
des indications sur les ten-
dances et les mouvements
de l'art à notre époque.
Sans doute il y manque
Puvis de Chavannes. Dès
l'entrée au Grand Palais
on regrette ces larges fres-
ques où, dans le rayonne-
ment d'une élyséenne lu-
mière, des figures majes-
tueuses, hors des âges,
hors du monde, symbo-
lisaient les idées les plus
hautes et les plus sublimes
pensées. On les regrettera
longtemps encore, car Pu-
vis fut, je crois, un peu
extraordinaire, un peu à
côté et au-dessus de notre
race. Les esprits superfi- p. B. MANGEANT
ciels se montrèrent toujours incapables de le
goûter, le trouvant froid, monotone; les âmes
attentives éprouvèrent parfois quelque peine à
s'élever jusqu'à lui. L'abstraction, la réflexion
spéculative ne nous sont pas familières. Nous
sommes fortement épris de concret. Nous
demandons à l'art d'emprunter, même pour
ses féeries, les gestes et les couleurs du réel.
Platon enseignait l'existence, par delà le
<RAYONS D'AUTOMNE a, PANNEAU DÉCORATIF
n
FR. AUBURTIN
cAU SOIR&, PANNEAU DÉCORATIF
LA PEINTURE AUX SALONS DE 1902
SOCIETE NATIONAEE
DES BEAUX-ARTS
î douzième exposition de la « Société
1^ Nationales est variée, curieuse, d'une
excellente tenue. Ne se trouvant pas encom-
brée, comme le Salon des K Artistes français)),
par une foule d'élèves sans personnalité, en
quête de leurs seuls diplômes, elle peut
montrer, en groupe suf-
fisamment nombreux et
sympathique, ceux de nos
contemporains qui se
préoccupent le plus des
vrais intérêts du beau.
C'est donc à « la Natio-
nale )) qu'il faut chercher
des indications sur les ten-
dances et les mouvements
de l'art à notre époque.
Sans doute il y manque
Puvis de Chavannes. Dès
l'entrée au Grand Palais
on regrette ces larges fres-
ques où, dans le rayonne-
ment d'une élyséenne lu-
mière, des figures majes-
tueuses, hors des âges,
hors du monde, symbo-
lisaient les idées les plus
hautes et les plus sublimes
pensées. On les regrettera
longtemps encore, car Pu-
vis fut, je crois, un peu
extraordinaire, un peu à
côté et au-dessus de notre
race. Les esprits superfi- p. B. MANGEANT
ciels se montrèrent toujours incapables de le
goûter, le trouvant froid, monotone; les âmes
attentives éprouvèrent parfois quelque peine à
s'élever jusqu'à lui. L'abstraction, la réflexion
spéculative ne nous sont pas familières. Nous
sommes fortement épris de concret. Nous
demandons à l'art d'emprunter, même pour
ses féeries, les gestes et les couleurs du réel.
Platon enseignait l'existence, par delà le
<RAYONS D'AUTOMNE a, PANNEAU DÉCORATIF
n