DOI issue:
No. 46 (Juillet 1902)
DOI article:Rambosson, Yvanhoé: La sculpture aux Salons de 1902
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.34269#0181
JUILLET 1902
SPICER-SIMPSON BUSTE DE R. ET SA FILLE
intérêt, pour le renom et la prospérité dudit
atelier, à faire accepter ses élèves même avec
des œuvres inférieures, j'aurai mis le lecteur
au courant de quelques-unes des causes les
plus flagrantes de la médiocrité progressive
du Salon des Artistes français.
A la Société Nationale, c'est autre chose.
Un homme domine toute l'exposition de la
hauteur de son génie. La beauté des créa-
tions de Rodin est telle que leur simple ex-
position fut par elle-même une révolution.
Malheureusement, beaucoup ressentirent le
coup de foudre qui enthousiasme, sans com-
prendre pourquoi cette œuvre était si émou-
vante. Ils crurent découvrir le secret du
grand sculpteur dans des déformations et
dans d'anormales attitudes. Ils se trompè-
rent, et si l'on veut se rendre compte du
danger d'une influence mal comprise, il n'y
a qu'à contempler à la Société Nationale
des envois comme le Ler/uAm de Nieder-
hausern ou le monument de Bourdelle sur
la Guerre rfe rAyo-yr. J'aime beaucoup
Bourdelle. J'ai toujours défendu son art et
sa sincère passion, mais je crois devoir à
son talent d'avouer en toute sincérité mon
opinion. Son monument est l'erreur d'une DALou LABOUREUR
i5y
belle intelligence et d'un sculpteur qui, j'en
suis persuadé, ne fera pourtant point mentir
l'espoir mis en lui.
Vovons le sujet : Tandis qu'une femme
brandit un drapeau déchiqueté par l'action
de la bataille, un cuirassier de rêve, le sabre
haut, un poing en avant, s'élance; un homme
nu tombe dans la lutte, piétiné; un autre com-
battant, colosse de chair affolé et reniflant le
combat, se prépare à frapper l'ennemi d'une
arme inutile réduite à un tronçon. Il y a en
tout ceci beaucoup de mouvement, de vi-
gueur et de flamme, et cependant les fautes
in
SPICER-SIMPSON BUSTE DE R. ET SA FILLE
intérêt, pour le renom et la prospérité dudit
atelier, à faire accepter ses élèves même avec
des œuvres inférieures, j'aurai mis le lecteur
au courant de quelques-unes des causes les
plus flagrantes de la médiocrité progressive
du Salon des Artistes français.
A la Société Nationale, c'est autre chose.
Un homme domine toute l'exposition de la
hauteur de son génie. La beauté des créa-
tions de Rodin est telle que leur simple ex-
position fut par elle-même une révolution.
Malheureusement, beaucoup ressentirent le
coup de foudre qui enthousiasme, sans com-
prendre pourquoi cette œuvre était si émou-
vante. Ils crurent découvrir le secret du
grand sculpteur dans des déformations et
dans d'anormales attitudes. Ils se trompè-
rent, et si l'on veut se rendre compte du
danger d'une influence mal comprise, il n'y
a qu'à contempler à la Société Nationale
des envois comme le Ler/uAm de Nieder-
hausern ou le monument de Bourdelle sur
la Guerre rfe rAyo-yr. J'aime beaucoup
Bourdelle. J'ai toujours défendu son art et
sa sincère passion, mais je crois devoir à
son talent d'avouer en toute sincérité mon
opinion. Son monument est l'erreur d'une DALou LABOUREUR
i5y
belle intelligence et d'un sculpteur qui, j'en
suis persuadé, ne fera pourtant point mentir
l'espoir mis en lui.
Vovons le sujet : Tandis qu'une femme
brandit un drapeau déchiqueté par l'action
de la bataille, un cuirassier de rêve, le sabre
haut, un poing en avant, s'élance; un homme
nu tombe dans la lutte, piétiné; un autre com-
battant, colosse de chair affolé et reniflant le
combat, se prépare à frapper l'ennemi d'une
arme inutile réduite à un tronçon. Il y a en
tout ceci beaucoup de mouvement, de vi-
gueur et de flamme, et cependant les fautes
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