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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 4,2.1902

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No. 47 (Août 1902)
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Mauclair, Camille: Un peintre de l'enfance: Miss Mary Cassatt
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https://doi.org/10.11588/diglit.34269#0204

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L'ART DECORATIF


vers le sol toutes les directions physiques et
morales de son être, et n'a plus confiance
qu'en l'appui de ses pieds cherchant racine
et possédant avec une crispation effrayée la
terre où il rentrera. A cet âge, l'homme pro-
jette l'ombre de ses gestes sur l'avenir, il
rétrograde.
L'enfantavance,
et c'est sa spéciale
beauté, téméraire,
radieuse, irrésisti-
blement émouvante,
faite pour mettre les
larmes aux yeux des
plus âgés. Son im-
prudence désarme et
séduit. Il y a dans
l'enfant nu qui rit,
chante, balbutie et
ignore, un magné-
tisme extraordinaire.
C'est l'éternelle né-
cessité de l'évolu-
tion à travers la
douleur qui s'in-
carne en cette chair
rose et heureuse,
c'est l'Inconscient
matérialisé. Tout est
accouchement per-
pétuel dans le secret
d'un sein inconnu,
toute naissance est
une mort et toute
mort renaît, et l'en
fant en est le sym-
bole saisissant. L'é-
poque actuelle, psy-
chologue inquiète, a
plutôt cherché à
devancer l'âge de cet
être, à déchiffrer
sur ce visage ébauché les pensées qui y
dorment en puissance. Miss Mary Cassatt
est peut-être le seul peintre de ce temps
qui ait donné de l'enfant une interpréta-
tion limitée à lui-même : elle n'a pas, de-
vant cet être en formation, l'impatience
de deviner sa maturité. Elle arrête sa contem-
plation tranquille et sûre à la minute même
où lui apparaît la créature étudiée, elle en
saisit l'àme présente, et cela lui suffit pour
créer une psychologie neuve, attachante et
fortement inspirée de la nature.

il se retourne vers le terreau primitif. Ce
sont des schémas très simples de la vie.
L'attitude première est celle de l'aspiration,
de l'ivresse spacieuse, se dégageant des
ombres de la naissance et s'élançant vers
l'avenir pour traverser la phase vitale et

MÈRE ET ENFANT

rejoindre à travers elle la période posthume.
L'attitude seconde est celle de l'adolescent
qui porte ses mains à son front lors de la
première douleur : c'est à celle-là qu'on re-
connaît qu'il a pris avec l'existence le contact
décisif; auparavant il était ou exalté ou gauche,
mais lorsqu'un premier désespoir amène ses
mains à ses tempes, alors se décrète la ma-
turité. Et la troisième attitude est celle de
refuser, de rentrer en soi : bras croisés ou
mains pendantes, vides et ne désirant plus
rien étreindre, l'homme qui a compris tourne

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