AOUT 1902
ronnes, tes cariatides, tes tauriers — ou du
moins des rameaux interprétés dans un sens
ptus architectural. Mais au lieu de s'inspirer
de l'antiquité à l'époque pompéienne, au
moment des fresques légères de danseuses,
des petits bronzes délicats, l'esprit reste
entaché d'une érudition plus pesante ; c'est
aux époques les plus archaïques de l'art
grec que l'on s'adresse. La période mycé-
nienne ne parait pas trop barbare, et l'on
reste hanté par le souvenir de la Porte des
Lions et des fouilles de Schliemann. On
trace sur les monuments des lettres qui ont
l'air calquées dans un Corpz/xLzxcrz'j7ïzo7n/77?;
on emprunte les ornements géométriques les
plus élémentaires, et le bariolage même de
EXPOSITION DE TURtN ENTRÉE PRtNCtPALE
la pierre profite des dernières découvertes
archéologiques.
Il semble vraiment que l'on cherche à
ressusciter un décor pour ŒLfpe Lof, pour
xLzAgvjne ou pour Lu LrLg Le Lroz'e. Sous
l'Empire, le retour à l'antiquité avait été
gracieux encore dans sa raideur ; avec la
renaissance germanique, il devient pédan-
tesque. Regardez la grande porte d'entrée de
l'Exposition de Turin, cette double citadelle
jaune, trapue et crénelée; ne dirait-on pas,
en vérité, que l'on va voir apparaître au
sommet des guerriers aux casques chevelus?
Cette porte d'entrée, c'est le style néo-
archaïque autrichien dans toute son outrance.
Les autres constructions sont heureusement
plus réservées ; mais on voit par là où l'on
se trouve entraîné.
Cette architecture s'impose surtout par
des masses ; on y recherche un peu trop
l'impression de bloc ramassé, n'offrant guère
de saillie. Le caractère général y gagne en
solidité, en sérieux, mais y prend quelque
chose de triste. Réduisez l'échelle de tous
ces monuments, vous arriverez à un type
funéraire ; les figures ornementales restent
comme emboîtées dans la pierre, dont les
angles s'émoussent ; le pavillon central dans
son ensemble présente une similitude d'aspect
avec le mausolée de Théodoric, à Ravenne.
En dehors des masses, l'architecture doit
s'affirmer aussi par des grandes lignes, par
des profils de proportions heureuses ; ici, la
ligne disparait, peut-on dire, du moins la
ligne architecturale, parce que tout l'intérêt
est demandé au détail décoratif, à l'élément
18q
ronnes, tes cariatides, tes tauriers — ou du
moins des rameaux interprétés dans un sens
ptus architectural. Mais au lieu de s'inspirer
de l'antiquité à l'époque pompéienne, au
moment des fresques légères de danseuses,
des petits bronzes délicats, l'esprit reste
entaché d'une érudition plus pesante ; c'est
aux époques les plus archaïques de l'art
grec que l'on s'adresse. La période mycé-
nienne ne parait pas trop barbare, et l'on
reste hanté par le souvenir de la Porte des
Lions et des fouilles de Schliemann. On
trace sur les monuments des lettres qui ont
l'air calquées dans un Corpz/xLzxcrz'j7ïzo7n/77?;
on emprunte les ornements géométriques les
plus élémentaires, et le bariolage même de
EXPOSITION DE TURtN ENTRÉE PRtNCtPALE
la pierre profite des dernières découvertes
archéologiques.
Il semble vraiment que l'on cherche à
ressusciter un décor pour ŒLfpe Lof, pour
xLzAgvjne ou pour Lu LrLg Le Lroz'e. Sous
l'Empire, le retour à l'antiquité avait été
gracieux encore dans sa raideur ; avec la
renaissance germanique, il devient pédan-
tesque. Regardez la grande porte d'entrée de
l'Exposition de Turin, cette double citadelle
jaune, trapue et crénelée; ne dirait-on pas,
en vérité, que l'on va voir apparaître au
sommet des guerriers aux casques chevelus?
Cette porte d'entrée, c'est le style néo-
archaïque autrichien dans toute son outrance.
Les autres constructions sont heureusement
plus réservées ; mais on voit par là où l'on
se trouve entraîné.
Cette architecture s'impose surtout par
des masses ; on y recherche un peu trop
l'impression de bloc ramassé, n'offrant guère
de saillie. Le caractère général y gagne en
solidité, en sérieux, mais y prend quelque
chose de triste. Réduisez l'échelle de tous
ces monuments, vous arriverez à un type
funéraire ; les figures ornementales restent
comme emboîtées dans la pierre, dont les
angles s'émoussent ; le pavillon central dans
son ensemble présente une similitude d'aspect
avec le mausolée de Théodoric, à Ravenne.
En dehors des masses, l'architecture doit
s'affirmer aussi par des grandes lignes, par
des profils de proportions heureuses ; ici, la
ligne disparait, peut-on dire, du moins la
ligne architecturale, parce que tout l'intérêt
est demandé au détail décoratif, à l'élément
18q