L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne (4,2.1902)

OCTOBRE 1902


tait qu'une ébauche assez
vague. Camille Lefèvre
a véritablement inventé
la prostration de la mère,
la témérité charmante de
l'enfant qui se campe
devant elle, poings cris-
pés, pour la défendre.
Tout en respectant la A
pensée directrice du mo- ' ;
numenq il a empreint ce
morceau d'une conteur
plus moderne par son
entente spéciale du geste
et de ta draperie. 11 sur-
veille l'exécution du co-
lossal ensemble. lt s'ac-
quitte de cette besogne
avec un beau, courage.
Quand il l'aura terminée,
il réalisera un autre
projet de Daiou : l'ar-
rivée à la Porte Maillot de Levassor, vain-
queur de la première course d'automobiles.
Cette donnée accuse le souci de modernisme
qui, vers la fin, hantait le maître disparu.
Camille Lefèvre représentera l'étrange véhi-
cule fidèlement, comme doit être représenté
un objet désormais historique ; il marquera
de traits justes et verveux l'attitude du triom-
phateur et l'enthousiasme de la foule.
Chose noble et touchante, n'est-ce pas,
cette collaboration du vivant avec le mort !
J'y vois un haut exemple de solidarité intel-



"--iL.


Légumier du cA&uj
lectuelle, l'affirmation des doctrines frater-
nelles que les deux sculpteurs ont toujours
arborées comme la loi de leur art et de
leur vie. Camille Lefèvre saura continuer
l'œuvre de Daiou sans rien perdre de ses
qualités propres. Mais c'est dans les œuvres
vraiment siennes qu'il faudra le chercher
d'abord, goûter son intelligence de la forme
et de l'àme modernes, aimer sa bonté, sa
tendresse forte, sa compréhension très pure
de l'idéal social.
ALBERT THOMAS.




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