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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 4,2.1902

DOI issue:
No. 50 (Novembre)
DOI article:
Vignaud, Jean: Lévy-Dhurmer
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.34269#0372

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L'ART DECORATIF

vision originale, H marque de ses pas un
chemin parcouru et salue des divinités dont
il n'admire pas plus la puissance qu'il ne
la craint. Aussi la plupart des tableaux reli-
gieux dégoûtent-ils par leur style convenu
et la pauvreté de leur inspiration. En cela
M. Lévy-Dhurmer bénéficia des circonstances
qui l'avaient forcé de travailler seul, à l'écart
de toute école, en commerce intime avec la
nature. Il conservait des anciens maitres les
traditions d'un art dont il s'était approprié
peu a peu les ressources, qui sont, nous


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l'avons dit, le souci de la composition, la
largeur du dessin, l'harmonie des couleurs
et un sens de la décoration qui distingue
sa personnalité parmi tant d'autres. Pourvu
d'un tel bagage il interpréta d'une façon
neuve les délicieux symboles de Ct'rcé, des
du ATt/ ù'nùmer, où se mêlent autant
de réalité que de rêve, de vérité que de fan-
taisie, mais où les qualités picturales tiennent,
dans chacune des toiles, la première place.
Sans effort, M. Lévy-Dhurmer exprimait les
songes qui habitaient son front, les visions
qui hallucinaient ses regards avec une ri-
chesse, une profondeur, un don de poésie
qui témoignent autant de la délicatesse d'une
âme que de la divination d'un esprit.
Les vieux contes nous entretiennent de
ces fées généreuses qui distribuent à pleines
mains des bijoux d'or, des colliers de
diamants, des rangées de perles, et sortent
leurs merveilles de minuscules coffrets jamais
épuisés. Dans certaines de ses œuvres, l'ÈLe,
la M. Lévy-Dhurmer ne nous
étonne pas moins par le nombre, la justesse
et la variété des tons employés. A l'entour
de sa Aùù'uùg, il a disposé presque toute
la flore de la mer, le corail rose, les algues
vertes, les éponges brunes, les poissons
d'argent. Chez lui, quelle que soit l'importance
du sujet et ses dimensions, chaque détail
est traité dans sa vérité. Le peintre a éli-
miné toutes les réalités qui ne concourent
pas à l'ensemble ; il en a fait volontairement
le départ et, grâce à la force de sa critique
et la logique de son talent, il arrive à exé-
cuter déduction et intuition
mélangées, une figure entrevue aux minutes
de songe, une pensée, un sentiment, une
scène jouée par des héros imaginaires sur
quelque monde irréel.
Par sa moderne compréhension des
mythes, M. Lévy-Dhurmer affirme une fois
de plus, ainsi que dans la série de scs
masques, son amour de la vie, mais d'une
vie réfléchie et silencieuse qui incline vers
le rêve et se complaît moins dans l'action
que dans la contemplation. Le peintre
rajeunit les vieux symboles ; il se dépouille
devant eux de sa science et de ses souvenirs.
Au lieu des rois mages, imposants et prophé-
tiques, il voit trois pauvres bergers, humbles
paysans qui, serrés et anxieux, contemplent
au ciel l'étoile annonciatrice. Lfù/Die, les
lèvres froides, tes regards vides, dresse sa
 
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