MADAME BESNARD
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Rien jamais ne détonna dans ce cadre d'art;
de sa vie ma femme n'a proféré une plati-
tude, un bourgeoisisme. Une autre fois, c'est
mon modèle d'après lequel je ne suis plus
en train de peindre... alors vite un rapide
croquis avec de la glaise, un geste compris,
sur des œuvres réalisées. Car si le premier
jet est charmant, le travail a de la peine à
le perfectionner. Et cependant il se dégage
un charme très réel de ces nombreuses petites
œuvres, un charme de vérité rêvée, quelque
chose dans le recul qui fait que nombre
d'entre ces bustes ou statues contre lesquels,
au temps de leur exécution, je m'étais montré
terriblement sévère me deviennent par la
suite si précieux que pieusement j'en réunis
les morceaux lorsqu'un malheureux hasard
les a brisés ; ce qui fait dire à ma femme
en riant : «tu n'aimes de moi que les œuvres
dont tu as oublié les modèles)). Elle me dit
de ces choses touchantes où sa modestie très
sincère s'explique. « Faire une œuvre, à quoi
bon ? — tu es là pour cela, me dit-elle une
autre fois : il me suffit d'être un artiste, de
sentir profondément que je le suis et que tu en
sois persuadé )). Ce subtil effacement d'une
femme si militante par ailleurs n'est aucune-
ment chez elle faiblesse féminine, et provient
de la force de son esprit qui distingue claire-
ment sa voie. Philosophiquement elle refuse
de se laisser éblouir par les apparences, et
veut avant tout dans le domaine de l'esprit
la chose elle-même : — la chose en soi.
Et le travail continuait dans mon atelier
où se casait une foule de jolies choses qui
me sont chères aujourd'hui.
Des portraits de nos quatre enfants à
tous les âges, sous forme de bustes, de mi-
d'une vérité délicate et distinguée, un travail
fugitif comme la pensée, peu de chose,
mais dans ce peu de chose combien d'in-
telligente sensibilité.
Je fais parfois à ma femme des observa-
tions très sévères, mais qui portent surtout
gnonnes statuettes en plâtre, en céramique,
des fragments de masques, de légers croquis
de bébés aux gestes puérils, bien compris
dans leur volume et dans leur simplicité ;
jusqu'à des statues.
Un grand moment la céramique sévit à
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U07-?7Yzh Ùe G<?Org-M Jl!où<?72à<3CA (esquisse)
Rien jamais ne détonna dans ce cadre d'art;
de sa vie ma femme n'a proféré une plati-
tude, un bourgeoisisme. Une autre fois, c'est
mon modèle d'après lequel je ne suis plus
en train de peindre... alors vite un rapide
croquis avec de la glaise, un geste compris,
sur des œuvres réalisées. Car si le premier
jet est charmant, le travail a de la peine à
le perfectionner. Et cependant il se dégage
un charme très réel de ces nombreuses petites
œuvres, un charme de vérité rêvée, quelque
chose dans le recul qui fait que nombre
d'entre ces bustes ou statues contre lesquels,
au temps de leur exécution, je m'étais montré
terriblement sévère me deviennent par la
suite si précieux que pieusement j'en réunis
les morceaux lorsqu'un malheureux hasard
les a brisés ; ce qui fait dire à ma femme
en riant : «tu n'aimes de moi que les œuvres
dont tu as oublié les modèles)). Elle me dit
de ces choses touchantes où sa modestie très
sincère s'explique. « Faire une œuvre, à quoi
bon ? — tu es là pour cela, me dit-elle une
autre fois : il me suffit d'être un artiste, de
sentir profondément que je le suis et que tu en
sois persuadé )). Ce subtil effacement d'une
femme si militante par ailleurs n'est aucune-
ment chez elle faiblesse féminine, et provient
de la force de son esprit qui distingue claire-
ment sa voie. Philosophiquement elle refuse
de se laisser éblouir par les apparences, et
veut avant tout dans le domaine de l'esprit
la chose elle-même : — la chose en soi.
Et le travail continuait dans mon atelier
où se casait une foule de jolies choses qui
me sont chères aujourd'hui.
Des portraits de nos quatre enfants à
tous les âges, sous forme de bustes, de mi-
d'une vérité délicate et distinguée, un travail
fugitif comme la pensée, peu de chose,
mais dans ce peu de chose combien d'in-
telligente sensibilité.
Je fais parfois à ma femme des observa-
tions très sévères, mais qui portent surtout
gnonnes statuettes en plâtre, en céramique,
des fragments de masques, de légers croquis
de bébés aux gestes puérils, bien compris
dans leur volume et dans leur simplicité ;
jusqu'à des statues.
Un grand moment la céramique sévit à
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