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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 5,1.1903

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Thomas, Albert: Madame Berthe Girardet
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https://doi.org/10.11588/diglit.34207#0137

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L'ART DÉCORATIF



on désespère de la trouver jamais, lorsqu'on
la voit soudainement soulever une figure de
Rodin, parer une statuette de Dampt, de
Vallgren, de Théodore Rivière, de Dejean,
de Pierre Roche, ennoblir un groupe de
Rartholomé, d'Emile Derré, de Bloch, une
allégorie républicaine de Camille Lefèvre,
signifier ses souffrances, ses résignations et
ses rêves par le geste simple et magnifique
des mineurs de Constantin Meunier. Les
artistes que je cite aiment et comprennent
la vie. Aussi, dans les expositions, peut-on
marcher à leurs oeuvres sans crainte, avec
l'assurance d'y trouver une expression intel-
ligente, volontaire et profondément sympa-
thique de l'àme contemporaine.
Le Salon de 1902, en compensation de
bien des tristesses, a donné aux curieux
d'art la joie de découvrir un talent sincère,
sensible, soucieux de saisir la réalité hu-
maine sous ses apparences d'aujourd'hui.
Plusieurs se rappellent leur surprise et leur
ravissement devant ces deux groupes en
plâtre patiné : L'Lùz/ù/t^ zzzu/uùe et Lu Æé/zé-
ùzLLozz aL /Azezz/e. Après tant d'images arti-
ficielles et prétentieuses, voilà deux images
respirant la plus humble, la plus touchante
vérité. Lu Aé/zALLLozz uC /Azezz/e .* une pay-
sanne, cassée par les travaux des champs,
brûlée par les soleils, ridée par les jours et
les peines, se tient derrière une première
communiante. L'artiste a confronté, pour un
effet d'émotion pure, la confiance candide et
la douloureuse
expérience. La
grand'mère ca-
resse et baise en
tremblant la jeune
tête où tant de
ferveur habite.
Une grande fer-
veur en vérité
qui fait que les
lèvres se serrent
ardemment, que
les yeux s'em-
plissent d'extase,
que tout le vi-
sage s'éclaire
comme à l'effleu-
rement d'un in-
time rayon. Et,
Lz7/;ozze/Za de vz'ez/L danssatobcaplis,
(Appartient à M"'* Binder-Mestro) SOUS SOI! VOllc

Afu7yoAÙze (grès)

fraîchement empesé, la petite dit une prière
d'espérance de toutes les forces neuves de
son âme, et la vieille à marmotte dit une
prière aussi, mais pleine d'inquiétude et de
pitié. — LLfzz/ùzz^ zzzu/uùg, c'est un groupe
plus émouvant encore. Dans le désordre des
oreillers, anéanti par la fièvre, un garçonnet,
le torse dévêtu, abandonne son front et sa
main gauche au médecin robuste, à longue
barbe, que la pratique des misères humaines
n'a pas déshabitué de la compassion, et qui
se penche sur lui avec une intense sollici-
tude. La mère est là, cachant sa tête sous
son bras replié, écrasée contre les couver-
tures, dans l'attente anxieuse des mots que
le médecin hésite à prononcer, parce qu'il
n'a pas encore mesuré le mal, parce que
déjà, peut-être, il l'a reconnu mortel. Comme
cela est simple et senti ! Ras de mise en
scène, pas de déclamation. Mais quelle poi-
gnante éloquence vous a ce dos de la mère,
traversé de frissons ! Mais quel accent de
douleur dans la maigre nudité de l'enfant,
son regard vague, ses narines pincées, sa
bouche entr'ouverte par une haleine sif-
flante, la main droite qu'il laisse pendre au
bord du lit, chaude et détendue! LLfzz/ùzz/
zzzu/uùe, /u7Mzzéhzc/znzzùe/à4zezz/e.' On goûte
l'émotion des deux œuvres nouvelles, leur
 
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