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L’ART FRANÇAIS

amateurs avaient pu apprécier. L'estampe complétera brillam-
ment les révélations de ce curieux art japonais qui a coulé le
bronze et ciselé le fer comme nos Benvenuto, et étonné la vieille
Europe par la somptuosité de ses laques et de sa céramique.

« Trois hommes concourent à produire une image imprimée,
a dit M. Théodore Duret : le dessinateur, qui conçoit le sujet à
représenter, lui donne forme et vie ; le graveur, qui le transporte
et le fixe sur le cuivre ou le bois ; l'imprimeur, qui tire du cuivre
ou du bois l'œuvre définitive. Le plus souvent, en Europe,
le dessinateur et le graveur sont seuls des artistes, l’imprimeur
n’est qu’un ouvrier qui obtient d’une machine des épreuves uni-
formes à l’infini. Au Japon, l’imprimeur, comme le dessinateur
et le graveur, est un artiste travaillant avec le goût et la fantaisie
d’un artiste. Satisfait des moyens matériels les plus simples, sans
machine, il ne connaît ni la rigidité, ni la répétition ; mais dans
l’encrage, le choix et l’amalgame des couleurs, sur la planche, va-
rient sans cesse et excluent la monotonie, l’uniformité. En choi-
sissant, parmi les productions de la gravure japonaise, celles où les
trois artistes, dessinateur, graveur et imprimeur, ont su combiner
ce que le summum de leur art à chacun pouvait donner, on a
donc des œuvres, dans leur genre, parfaites, que rien ne saurait
surpasser. »

C’est ce choix d’œuvres hors de pair que nous allons, vraisem-
blablement, pouvoir étudier à loisir à l’Ecole des Beaux-Arts.
Mais à l'heure où nous écrivons, l'exposition ne nous est pas ac-
cessible encore, et nous sommes obligés de remettre à plus tard
notre compte-rendu.

Nous ne saurions mieux faire, toutefois, que d’emprunter en-
core, à l’écrivain compétent que nous citions tout à l’heure, quel-
ques renseignements techniques du plus vit intérêt :

« La gravure japonaise s’est uniformément tenue à certains
moyens qui donnent à ses productions leur cachet spécial. Elle
s’est renfermée dans l'usage du bois comme planches à graver, et
les dessins qu’elle a reproduits ont tous été tracés parles artistes
à l’aide du pinceau.

» Quand un Européen écrit, il se sert de la plume; il peut en-
core lui arriver de s'en servir pour dessiner, mais le plus souvent
alors il recourt au crayon ; enfin, lorsqu’il veut peindre, il prend
spécialement le pinceau. Au Japon et en Chine, rien de sem-
blable. Là, qu’on écrive, qu’on dessine ou qu’on peigne, l’outil
est, le même, le pinceau tenu et promené à main levée sur le pa-
pier. Il est résulté de cet emploi perpétuel du même instrument
une étonnante dextérité à le manier. Et comme les coups d’un
pinceau trempé d’encre ou de couleur donnent des lignes et des
traits qu’on ne peut reprendre, la sûreté de la touche et la har-
diesse de main sont devenus des points essentiels que tous les
artistes ont dû rechercher et obtenir.

« Le papier sur lequel le dessin a été tracé est collé sur le bois
à couper. Et alors le graveur s’applique à faire passer et à fixer sur
le bois toutes les qualités de souplesse, d’ampleur, que le dessin
sur le papier avait reçus de l’usage du pinceau comme instru-
ment. »

Notre éminent confrère ajoute que les graveurs japonais ont
atteint une telle habileté dans ce sens, qu’il est certaines épreuves
imprimées que l’œil exercé peut à peine reconnaître des dessins
dus directement au pinceau.

Ce sera donc, pour les amateurs, un réel plaisir de comparer
entre elles ces diverses expressions d’un art essentiellement ori-
ginal et qui ne doit plus trouver un seul indifférent parmi

Salon des Artistes Français

J

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L’ART FRANÇAIS a publié, le 30 avril, ainsi que nous
l’avions annoncé, un numéro exceptionnel de 28 pages, compre-
nant, outre les reproductions de vingt des principaux ouvrages
du Salon de 1890, de très remarquables études de MM. Paul
Arène, Armand Silvestre, Ch. Frémine, Arsène Alexandre,
Albert Tournier, Jean Pauwels, et un article très complet dç
M. F. Javel sur l’ensemble des peintures, sculptures, etc., exposées
au Palais des Champs-Elysées.

Le succès de ce numéro exceptionnel a dépassé toutes nos es-
pérances, et nous procédons en ce moment à un nouveau tirage
pour donner satisfaction aux nombreuses demandes de nos
correspondants.

Jachos Artistiques

Dernièrement, le Figaro annonçait qu’une personnalité parisienne, une artiste dont
tout le monde a admiré les œuvres, avait été admise à visiter le palais de l’empereur
d’Allemagne et avait noté, parmi les tableaux préférés de Guillaume II, deux merveil-
leux Watteau : Y Embarquement pour Cythère et Y Enseigne de Gersaint.

Tout le monde sait, en effet, que,YEnseigne de Gersaint est à Berlin ; mais personne
n’ignore, en même temps, que Y Embarquement pour Cythère est au Louvre, où cette
belle toile fait l’orgueil de la Galerie Française.

Quelques lecteurs ayant cru à une confusion, notre confrère a tenu à recueillir, à ce
sujet, de plus amples renseignements.

Il n’y a malheureusement plus de doute à avoir, d’après le témoignage même de la
personne qui a visité le palais de Berlin la semaine dernière.

Il y a deux Embarquements pour Cythère, tous deux de Watteau, parfaitement au.
thentiques, absolument indiscutables : l’un à Paris, l’autre à Berlin.

Celui de Berlin se trouve dans le salon qui précède le petit salon de l’Impératrice. Il
occupe tout un grand panneau, et il est d’un fini extrême et plus poussé que le ta-
bleau du Louvre. En face, sur les tentures bleu pâle rayées Louis XVI, se trouve toute
une série de petits portraits anciens de la famille impériale ; et de tous les apparte-
ments du palais, c’est la pièce que l’empereur Guillaume affectionne le plus.

Quelle est, dans ces deux toiles, l’œuvre capitale du maître, quel est de ces deux
chefs-d’œuvre celui que Watteau présenta pour sa réception à l’Académie de 1819 ?

C’est un détail intéressant et qui ne tardera vraisemblablement pas à être fixé.

X

On sait à quel point est indispensable aux artistes la connaissance de l’anatomie.
Or, il manquait, jusqu’ici, un ouvrage illustré, spécialement fait en vue de l’applica-
tion aux arts du dessin et comprenant, avec les notions anatomiques précises, la des-
cription de la forme elle-même, ouvrage exigeant le concours simultané d’un artiste et
d’un anatomiste.

Cette lacune vient d’être comblée avec un rare bonheur par M. le docteur Paul Richer,
le collaborateur du docteur Charcot pour les deux ouvrages si remarqués sur les Démo-
niaques et les Difformes dans l'art, et c’est une bonne fortune pour les artistes d’avoir
trouvé réunis, dans YAnatomx artistique (description des formes extérieures du corps
humain au repos et dans les principaux mouvements), les connaissances scientifiques
et le talent artistique nécessaires pour mener à bien cette œuvre difficile.

Nous ne pouvons que signaler aujourd’hui à nos lecteurs cet ouvrage d’un intérêt
exceptionnel, et auquel nous consacrerons prochainement une étude spéciale.

X

M. Léon Bourgeois, ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, vient de
décider que la Nymphe à la coquille de Coysevox, dont on avait signalé l’inquiétant
état de dégradation, et que l’administration des Beaux-Arts avait dû, pour ce motif,
retirer du parc de Versailles, allait être restaurée par M. Suchctet, l’auteur de Biblis.
Une copie de l’œuvre sera ensuite exécutée par le même artiste.

Le directeur des Beaux-Arts ne pouvait proposer une meilleure mesure ni un meil-
leur choix. On conservera à l’abri des intempéries l’original, qui est un des chefs-
d’œuvre de la sculpture française et qui achevait de se perdre à l’air libre; la copie de
M. Suchetet le remplacera dans les jardins de Versailles.

L’Administrateur-Gérant : SILVESTRE

nous.

Glyptographie SILVESTRE et Cie, rue Oberkampf, 97, à Paris.
 
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