DOI Heft:
Nr. 100 (27 Décembre 1884)
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.19486#0194
igo
L'ART ORNEMENTAL.
il est impossible de reconnaître les sujets. L'étage supérieur ne forma
jamais, paraît-il, qu'une seule salle, destinée probablement aux réunions
d'hiver ou composant la bibliothèque. Le front de cet étage est divisé en
cinq compartiments par six pilastres ioniques, soutenus par un égal nombre
de piédestaux. Un entablement, qui a la même saillie que celui du rez-de-
chaussée, couronne le petit édifice. Dans les cinq entre-pilastres s'ouvrent,
alternées entre elles, deux fenêtres et trois niches. Les premières sont sur-
montées par des frontons courbés ; les secondes, au contraire, par des
frontons triangulaires.
Les niches contiennent trois statues très remarquables par leur style
Frise. Ornement de la Loggia Cornaro.
largement emprunté à l'antique. Celles des niches latérales représentent, à
droite, Minerve; à gauche, Apollon; celle du centre contient une Vénus
avec un petit Amour qui embrasse un de ses genoux.
Ces belles statues sont dues à Jean de Padoue, élève du célèbre Cris-
toforo Solari, dit Gobbo di Milano. Il fut aussi l'auteur des deux Victoires
Ornement de la Loggia Cornaro.
qui flanquent le claveau de l'arcade centrale et des têtes qui forment agrafe
sur le milieu de tous les archivoltes.
L'ensemble de ce petit édifice est plein d'harmonie et ses détails
méritent l'attention sérieuse des architectes, notamment l'arcade centrale
du rez-de-chaussée, que nous reproduisons à notre première page, et les
profils des chambranles qui entourent les niches et les fenêtres. Les
consoles en particulier, qui en flanquent les jambages et régissent le
fronton, sont admirables par leur gracieuse sveltesse et A. Palladio lui-
même n'en a jamais dessiné de plus belles. Tous les détails du bâtiment
ne méritent pas ces éloges et nous pourrions y relever bien des fautes ;
mais à quoi bon ?
Ornement de la Loggia Cornaro.
Les délicieuses décorations semées à profusion dans toutes les pièces
du palais sont malheureusement badigeonnées à tel point aujourd'hui qu'il
est presque impossible d'en saisir la finesse des détails. C'est un grand
bonheur du moins que la pièce, sans contredit la plus digne d'attention, la
salle circulaire, qu'on appelle encore la Rotonde, n'ait pas souffert de cet
outrage. Ce qui lui donne une valeur considérable, ce sont les peintures
exécutées sur les douelles de la voûte octogone dont se forme la coupole
L'ART ORNEMENTAL.
il est impossible de reconnaître les sujets. L'étage supérieur ne forma
jamais, paraît-il, qu'une seule salle, destinée probablement aux réunions
d'hiver ou composant la bibliothèque. Le front de cet étage est divisé en
cinq compartiments par six pilastres ioniques, soutenus par un égal nombre
de piédestaux. Un entablement, qui a la même saillie que celui du rez-de-
chaussée, couronne le petit édifice. Dans les cinq entre-pilastres s'ouvrent,
alternées entre elles, deux fenêtres et trois niches. Les premières sont sur-
montées par des frontons courbés ; les secondes, au contraire, par des
frontons triangulaires.
Les niches contiennent trois statues très remarquables par leur style
Frise. Ornement de la Loggia Cornaro.
largement emprunté à l'antique. Celles des niches latérales représentent, à
droite, Minerve; à gauche, Apollon; celle du centre contient une Vénus
avec un petit Amour qui embrasse un de ses genoux.
Ces belles statues sont dues à Jean de Padoue, élève du célèbre Cris-
toforo Solari, dit Gobbo di Milano. Il fut aussi l'auteur des deux Victoires
Ornement de la Loggia Cornaro.
qui flanquent le claveau de l'arcade centrale et des têtes qui forment agrafe
sur le milieu de tous les archivoltes.
L'ensemble de ce petit édifice est plein d'harmonie et ses détails
méritent l'attention sérieuse des architectes, notamment l'arcade centrale
du rez-de-chaussée, que nous reproduisons à notre première page, et les
profils des chambranles qui entourent les niches et les fenêtres. Les
consoles en particulier, qui en flanquent les jambages et régissent le
fronton, sont admirables par leur gracieuse sveltesse et A. Palladio lui-
même n'en a jamais dessiné de plus belles. Tous les détails du bâtiment
ne méritent pas ces éloges et nous pourrions y relever bien des fautes ;
mais à quoi bon ?
Ornement de la Loggia Cornaro.
Les délicieuses décorations semées à profusion dans toutes les pièces
du palais sont malheureusement badigeonnées à tel point aujourd'hui qu'il
est presque impossible d'en saisir la finesse des détails. C'est un grand
bonheur du moins que la pièce, sans contredit la plus digne d'attention, la
salle circulaire, qu'on appelle encore la Rotonde, n'ait pas souffert de cet
outrage. Ce qui lui donne une valeur considérable, ce sont les peintures
exécutées sur les douelles de la voûte octogone dont se forme la coupole