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L' art ornemental: revue hebdomadaire illustrée — 2.1884

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Nr. 100 (27 Décembre 1884)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19486#0196

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ig2 L'ART ORNEMENTAL.

marbre blanc plaque de cipolin, surmonté d'une balustrade de cuivre
séparée au droit des colonnes par des dés supportant des cassolettes de
marbre. ■— Un crucifix, oeuvre de Clodion, jadis accompagné des figures
de la Vierge et de saint Jean, le surmonte. L'autel du Vœu et l'autel de
sainte Cécile sont placés sous le jubé, de chaque côté de l'entrée du chœur.
Les bas-reliefs de la statue du premier ont été exécutés par Lecomte ; ceux
du second, par Clodion.

« Le marbre cipolin qui forme les marches, les gradins et les tables de
autels, les revêtements du jubé, provient des colonnes de l'ancienne Leptis
Magna, Rapportées d'Afrique par ordre de Colbert, afin de décorer le palais
de Trianon, elles servirent à orner les églises de Notre-Dame de Rouen,
Saint-Bénigne de Dijon, Saint-Germain-des-Prés et Saint-Sulpice de
Paris. »

Dès son arrivée à Rouen, le nouvel archevêque, M. Thomas, a de-
mandé la suppression du nouveau jubé, attendu qu'il rompait, comme
nous l'avons dit, l'harmonie de cet admirable édifice gothique. Il y a même
contribué de ses deniers. Ajoutons que les autels vont être intégralement
rétablis dans les deux chapelles du transept.

En somme, si l'on a à regretter la disparition du jubé, les œuvres de
Lecomte et de Clodion survivront. Il y a donc peut-être quelque exagéra-
tion à crier au vandalisme.

— Les superbes verrières de l'église Saint-Etienne-du-Mont seront
très prochainement l'objet d'une restauration devenue indispensable. Ces
verrières, dont les principaux sujets représentent des scènes empruntées à
l'histoire des premiers temps du christianisme, sont de remarquables
œuvres d'art. Aussi la direction des Beaux-Arts, à la préfecture de la
Seine, n'a-t-elle pas hésité à demander au Conseil municipal d'allouer le
crédit nécessaire pour assurer la conservation de ces vitraux.

— L'Académie des Beaux-Arts a procédé à l'élection d'un membre
ordinaire dans la section d'architecture, en remplacement de M. Abadie,
décédé.

M. Diet a été élu par 18 voix, contre 17 données à M. Daumet.
M. Diet est l'architecte qui a terminé le nouvel Hôtel-Dieu ; son concur-
rent, M. Daumet, a terminé le Palais de Justice ; il a dirigé, en outre, tous

Bas-relief de la Loggia Cornaro.

les travaux de restauration du château de Chantilly, et il vient d'être choisi
pour succéder à M. Paul Abadie, comme architecte de l'église du Sacré-
Cœur de Montmartre.

— MM. Aubé et Boileau, le sculpteur et l'architecte dont le projet
a été choisi par le jury pour le concours du monument Gambetta, viennent
de louer un terrain rue Lecourbe, où ils vont faire construire un immense
atelier pour l'exécution de leur œuvre.

Ce travail exigera dix-huit mois ou deux ans.

— Les boîtes à musique font depuis longtemps la gloire de la Suisse.
Parmi les boîtes à musique célèbres dont on a gardé le souvenir, il faut
surtout citer celle de Raisin.

Ce Raisin était un organiste de Troyes. Il avait quatre enfants, les plus
beaux et les plus intelligents qu'on pût voir. Tout petits, ils jouaient déjà
fort bien du clavecin. Leur père, pour tirer parti de leur talent, imagina de
faire faire une épinette à trois clavecins. Un enfant était caché dans l'inté-
rieur, les deux autres jouaient en public; puis ils s'éloignaient et le clavecin
jouait seul.

Chacun, ignorant la présence du troisième enfant, croyait à la sorcel-

lerie. Avec cela il voyagea et vint à Versailles. Louis XIV consentit à voir
cette merveille. Il y eut une séance à laquelle toute la cour assista.

Les deux enfants jouèrent d'abord, puis s'éloignèrent, et le clavecin se
mit à jouer une courante très à la mode; mais tout à coup on vit le roi
pâlir et frémir. Sa Majesté était prise de peur. Peu s'en fallut qu'elle ne
se sauvât. Raisin fit taire la musique. Mais le roi, encore tout rempli de
terreur, fit briser l'épinette et l'on en vit sortir un enfant de cinq ans, beau
comme un amour. Le roi s'adoucit, les dames caressèrent l'enfant. Mais
le secret de Raisin était connu. Il fit de ses enfants de petits comédiens qui
obtinrent le titre de comédiens du Dauphin. Le plus jeune, celui qui fut
trouvé dans la fameuse boîte, fut tout particulièrement aimé et protégé par
Molière.

— Dans les souterrains de l'église, à Frankenhausen en Thuringe, le
professeur Klopfleisch, d'Iéna, vient de découvrir un vieux tableau repré-
sentant l'électeur de Saxe Frédéric le Sage et les réformateurs Luther et
Melanchton. Les lettres initiales et le signe du dragon qui se trouvent sur
le tableau indiquent qu'il serait de Lucas Cranach. Il est daté de 1320.

G. Dargenty.

Paris. — Imprimerie de l'Art. E. Ménard et J. Augry, 41, rue de la Victoire.

Le Gérant : EUGÈNE VÉRON.
 
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