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L' art pour tous: encyclopédie de l'art industriel et décoratif — 26.1887

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No 650 (15 Juillet 1887)
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26e Année

L'ART POUR TOUS

N° 650

XVIe SIÈCLE — gravure française . PLAQUE TOMBALE

(louis xii) en cuivre gravé

t

A l'Eglise de Saint-Junien (Haute-Vienne)

Nous devons la communication de cette
plaque lumulaire à un jeune dessinateur li-
mousin, M. Edgar Bertrand, récemment en-
levé par une maladie cruelle aux arts et aux
études archéologiques qu'il aimait avec pas-
sion. Notre planche est une réduction photo-
graphique du calque de l'original.

La gravure est obtenue par un simple trait
fortement accentué aux contours du person-
nage principal. Les fonds 'sont couverts de
tailles parallèles, remplies d'un émail noir
que ces hachures avaient pour objet de rete-
nir fortement.

Autour de la feuille de métal est disposée
une bande en bordure, avec médaillons d'ar-
moiries aux angles, et portant cette inscrip-
tion en « lettres de l'orme » :

« Ci gist noble homme Maître Martial
Formier, licencié en droit canon, jadis abbé
de Sainct Jehan d'Angeli et chanoine de céans,
et mourut (..partie fruste du bas....) le 1111°
jour de Mars mil cinq cent et treize. Anima
ejus requiescat in pace, Amen. »

Dans les notices fort développées jointes
à l'envoi de ce dessin, nous n'avons rien
trouvé qui pût intéresser nos lecteurs, si ce
n'est que ce personnage, qui mourut dans un
âge fort avancé, « pendant plus de cinquante
ans mangea le pain des chanoines. » Elles
sont en partie extraites des Annales archéolo-
giques de Didron, où les amateurs pourront
les retrouver. Nous nous bornerons à décrire
la riche composition de ce monument, et à
déduire quelques observations sur son style,
qui appartient encore au xv° siècle.

Le personnage principal est représenté de- .
bout, les mains jointes, et revêtu de tous ses
ornements sacerdotaux : gants, crosse, mitre
abbatiale. La chape et le manteau sont d'une
riche étoffe de brocart d'or, bordée de pier-
reries, et où l'on reconnaîtra ces dispositions
de serpentines opposées, déjà fréquemment
signalées, et formant les « médaillons » carac-
téristiques, fleuris de grenades.

Cette figure est encadrée par une disposi-
tion architecturale savamment composée de
pilastres ornés de statues de saints et de mar-
tyrs, couronnés de dais. Ces pilastres se ter-
minent par des pinacles servant de points
d'appui aux contreforts d'un large dais octo-
gone formant couronnement général, et dont
les angles sont ornés d'autres pilastres étoffés
de statues de rois et de patriarches : ils se
terminent également en pinacles séparant les
tympans des faces obliques, et dans le bas,
en pendentifs correspondant aux arêtes d'une
voûte couvrant un intérieur de chapelle. Au-
tour du personnage, des anges voltigeants
tiennent des banderoles.

Par ses dispositions, par les formes carac-
téristiques de l'ogive principale du dais supé-
rieur (une accolade ornée de ses crochets en
forme de « choux t), ce monument appartient à
l'époque du « gothique flamboyant », et rien
n'y signale l'influence du style de la Renais-
sance, malgré la date précise, qui est celle des
dernières années du règne de Louis XII. Comme
l'importation de ce style nouveau a, dans
l'histoire del'art, toujours été attribuée à ce roi,
et même à son prédécesseur Charles VIII
(h la suite des guerres d'Italie), il paraît
utile d'expliquer pourquoi la plupart des pla-
ques tombales et pierres tumulaires (voir page
268'i, n° BSG/i), voire même certaines grandes
cathédrales telles que Beauvais, Liège, Nu-
remberg et tant d'autres, appartiennent en-
core, en plein xvi" siècle, aux traditions de
l'art ogival.

Celle anomalie apparente lient à l'influence
que, dans certains centres, avaient su con-
server les anciennes corporations des « maî-
tres de la pierre » du moyen âge. Leurs tra-
ditions, quoique dans un état de décadence
sensible, se propageaient encore d'une
façon très efficace, grâce à un enseignement
secrel et purement oral, dans les ateliers et
confréries des maçons-constructeurs natio-
naux, pendant que François I«r appelait à
grands frais, à Fontainebleau et ailleurs, les
praticiens florentins formés a l'école brillante
des Maîtres du Cinquecento italien qu'avait
largement développée la cour de Laurent de
Médicis, dit le Magnifique, dans les dernières
années du xv siècle. Or les enseignements
du slyle nouveau, directement inspirés de
ceux de l'art antique, ne pouvaient produire
leurs fruits qu'après une sorte d'incubation,
nécessaire aux maîtres et compagnons fran-
çais pour se pénétrer des doctrines nouvelles.

A cette œuvre de transformation contri-
buèrent puissamment les ouvrages d'art mu-
tipliôs par les procédés de l'imprimerie et de
la gravure, tels que : VA rchitecture de Vitruve ;
les traductions du traité de Re œdifleatoriâ
de Léon Alberti, paru à Florence en l'iSô;
la Raison d'Architecture de Vitruve et autres
« arquilecteur.s anticques. » Paris, Colin, aux
quatre Evangélistes, 1542, etc.

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