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Ballu, Albert
Les ruines de Timgad (antique Thamugadi) (Band 3): Sept années de découvertes (1903 - 1910) — Paris, 1911

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https://doi.org/10.11588/diglit.17124#0138
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I08 SEPT ANNÉES DE DÉCOUVERTES A TIMGAD

genoux se retourne avec un geste qui demande bien grâce,
mais elle ne paraît pas trop effrayée en somme, et son persé-
cuteur n'est pas non plus bien violent et farouche.

Sans la présence du tambourin, attribut de Bacchus, on
pourrait penser à l'aventure d'Apollon et de Daphné chantée
par Ovide dans ses Métamorphoses (i). Apollon était alors
chez Admète pour expier le meurtre des Cyclopes. Daphné
était une chasseresse infatigable autant que chaste; elle avait
de fort beaux cheveux, mais assez mal peignés (2). Il en est
ainsi dans notre mosaïque, mais il est bien difficile cependant
de croire que le tympanon n'est qu'un simple motif de rem-
plissage, sans signification symbolique.

D'un autre côté, le tableau qui nous occupe est non seu-
lement très ressemblant à celui de Narbonne, mais encore il
présente d'étroits rapports avec le sujet central de la mosaï-
que de Villebonne dans laquelle Daphné pose la main droite
sur une sorte de cruche; Apollon y tient son pedum tout droit,
tandis qu'il est presque horizontal à Timgad.

Suivant cette opinion, notre mosaïque qui, à en juger par
sa facture, doit dater du troisième siècle, rentre dans la série
si nombreuse et si variée des mosaïques ovidiennes qu'il faut
opposer à la série virgilienne, toutes deux étant d'ailleurs en
grand honneur en Afrique.

D'après M. Gsell, le mosaïste des bains des Filadelfes
a voulu représenter Jupiter et Antiope. On sait que, dans
cette aventure amoureuse, Jupiter prit les traits d'un satyre.
C'est en effet à un satyre que conviendrait le costume som-
maire et le bâton du jeune homme. Quant k Antiope, ses rap-
ports étroits avec le cortège de Bacchus justifieraient le tam-
bourin qu'elle tient.

Si cette hypothèse est exacte, il convient de faire remar-
quer que ce sujet a été très rarement traité par les anciens et
que notre mosaïque, en dehors de la beauté de la scène figu-
rée, n'en offre que plus d'intérêt.

Tel était ce bel établissement que nous avons rangé
parmi les bains publics, bien qu'il ait été plutôt le rendez-vous
ou le cercle d'une société privée. Mais, dans le cas où notre
désignation serait sujette à critique, nous ferions remarquer
que nous ne pouvions pas confondre ces thermes avec ceux

(■) I, vu.

(•>) «Vitta coereebat positos sine lege capillos».
 
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