32o DISSERTATION SUR L'IDOLATRIE.
paroifToient les plus propres a leur entretien 6c à celui de leurs familles, il
ne leur étoit ni facile ni convenable de conslruire des Temples. C'est ce qui
les obligea d'abord à choisir pour l'exercice de eur Religion , les cavernes,
les bois & les montagnes. Pline s'explique clairement à ce sujet. (<t) Les
arbres, dit-il , Se les champs furent autrefois les Temples des Dieux.
Voilà ce qui donna lieu à la consécration des bois , dont l'usage n'a cesTé
qu'avec l'Idolâtrie.
L'Archite&ure fut inventée avant qu'on connût l'art de faire des figures.
Ainsi les premiers Temples qu'on bâtit, surent sans Idoles. Si nous en croions
Plutarque après larron, (h) les Romains furent 170. ans sins Idoles ni Sta-
tues. Numa les avoit même proserites par une Loi également sige &ju-
dicieuse. Silius îtaiieus dit de même , que dans le Temple de Jupiter Ammon
il n'y avoit aucune Idole. Enfin Tertullien nous apprend, que même de
son tems il y avoit plusieurs Temples, où l'on ne voioit aucunes Sta-
tues.
Dans ces premiers tems où l'art de faire des Statues étoit ignoré, on ren-
dit un culte Religieux à des pierres informes, à des colonnes, & autres
choses de cette nature. Sancboniathon dit que les plus anciennes Statues
n'étoient que des ; pierres brutes > qu'il appelle Bœtilta; Se ucs mot vient
peut-être de Bethel,, nom que Jacob donna (c) à la pierre qu'il éleva com-
me, un autel, après son combat avec l'Ange- Paufamas parle des Statues
d'Hercule & de Cupidon, qui n'étoient que deux masses de pierres. Selon
Justin {d) y certains: Peuples adoroient. une lance. Le fameux Sceptre d'A-
gamemnon dont parle Homère, fut adoré par ceux de Cheronée. En un
mot Arnobe nous apprend (e) que les Perses adoroient le Feu Se les Fleuves i
les Arabes, une pierre informe i les Thespiens, un rameau i les Caricns, du
bois j les Samiens, un puits, Sec.
Enfin lorsque l'art de faire des Statues fut invente, on rejetta toutes ces Di-
vinités informes ; &c dès lors l'Idolâtrie commença à faire beaucoup de pro-
grès. On porta même la superslition jusqu'â croire, que les Divinités eiies-
mêmes venoient habiter dans les Figures qui les représentoient. Ce senti-
ment étoit reçu si universellement, que le Philosophe Stilpon aiant entre-
pris de prouver que la Minerve de Phidias n'étoit pas un Dieu, fut déféré
à l'Aréopage, où pour se jusHficr, il fut obligé d'avoir recours à une pi-
toiable défaite > en disant que cette Statue n'étoit pas un Dieu, puisque
c'étoit une Déefle > ce qui n'empêcha pas cependant qu'il ne< fût banni.
Comme toute Religion demande néceslairement un culte, après avoir
traité de l'origine & du progrès de l'Idolâtrie, il seroit naturel de parler
du culte qu'on rendoit aux difïérens Dieux qu'elle avoit introduits, des
Autels, des Temples , des Prêtres , des Sacrifices, des Victimes, des Fêtes,
Sec. Mais outre que cette matière n'entre point dans notre desTein, nous en avons
dir quelque chose dans les volumes qui ont précédé ; Se l'occasion se pré-
sentera d'en parler encore dans la suite.
CEREMONIES
tin) •; « .;
\À) Adores suere Numimm TimpU , prijeo-
rnni ritu simplicia rura.
(*) Voi. S Augustin De C'mt. Dei, L. IV.
Cap. ji.
(e) Gcn. zS.
(d) Lib. XLIII.
( e ) Ad Gcntes, Lib., VI.
paroifToient les plus propres a leur entretien 6c à celui de leurs familles, il
ne leur étoit ni facile ni convenable de conslruire des Temples. C'est ce qui
les obligea d'abord à choisir pour l'exercice de eur Religion , les cavernes,
les bois & les montagnes. Pline s'explique clairement à ce sujet. (<t) Les
arbres, dit-il , Se les champs furent autrefois les Temples des Dieux.
Voilà ce qui donna lieu à la consécration des bois , dont l'usage n'a cesTé
qu'avec l'Idolâtrie.
L'Archite&ure fut inventée avant qu'on connût l'art de faire des figures.
Ainsi les premiers Temples qu'on bâtit, surent sans Idoles. Si nous en croions
Plutarque après larron, (h) les Romains furent 170. ans sins Idoles ni Sta-
tues. Numa les avoit même proserites par une Loi également sige &ju-
dicieuse. Silius îtaiieus dit de même , que dans le Temple de Jupiter Ammon
il n'y avoit aucune Idole. Enfin Tertullien nous apprend, que même de
son tems il y avoit plusieurs Temples, où l'on ne voioit aucunes Sta-
tues.
Dans ces premiers tems où l'art de faire des Statues étoit ignoré, on ren-
dit un culte Religieux à des pierres informes, à des colonnes, & autres
choses de cette nature. Sancboniathon dit que les plus anciennes Statues
n'étoient que des ; pierres brutes > qu'il appelle Bœtilta; Se ucs mot vient
peut-être de Bethel,, nom que Jacob donna (c) à la pierre qu'il éleva com-
me, un autel, après son combat avec l'Ange- Paufamas parle des Statues
d'Hercule & de Cupidon, qui n'étoient que deux masses de pierres. Selon
Justin {d) y certains: Peuples adoroient. une lance. Le fameux Sceptre d'A-
gamemnon dont parle Homère, fut adoré par ceux de Cheronée. En un
mot Arnobe nous apprend (e) que les Perses adoroient le Feu Se les Fleuves i
les Arabes, une pierre informe i les Thespiens, un rameau i les Caricns, du
bois j les Samiens, un puits, Sec.
Enfin lorsque l'art de faire des Statues fut invente, on rejetta toutes ces Di-
vinités informes ; &c dès lors l'Idolâtrie commença à faire beaucoup de pro-
grès. On porta même la superslition jusqu'â croire, que les Divinités eiies-
mêmes venoient habiter dans les Figures qui les représentoient. Ce senti-
ment étoit reçu si universellement, que le Philosophe Stilpon aiant entre-
pris de prouver que la Minerve de Phidias n'étoit pas un Dieu, fut déféré
à l'Aréopage, où pour se jusHficr, il fut obligé d'avoir recours à une pi-
toiable défaite > en disant que cette Statue n'étoit pas un Dieu, puisque
c'étoit une Déefle > ce qui n'empêcha pas cependant qu'il ne< fût banni.
Comme toute Religion demande néceslairement un culte, après avoir
traité de l'origine & du progrès de l'Idolâtrie, il seroit naturel de parler
du culte qu'on rendoit aux difïérens Dieux qu'elle avoit introduits, des
Autels, des Temples , des Prêtres , des Sacrifices, des Victimes, des Fêtes,
Sec. Mais outre que cette matière n'entre point dans notre desTein, nous en avons
dir quelque chose dans les volumes qui ont précédé ; Se l'occasion se pré-
sentera d'en parler encore dans la suite.
CEREMONIES
tin) •; « .;
\À) Adores suere Numimm TimpU , prijeo-
rnni ritu simplicia rura.
(*) Voi. S Augustin De C'mt. Dei, L. IV.
Cap. ji.
(e) Gcn. zS.
(d) Lib. XLIII.
( e ) Ad Gcntes, Lib., VI.