DE J. J. BARTHELEMY. Xlj
lendemain, et me parut offensé de ce que nous
avions douté de ses intentions ; cependant il m’a
toujours parfaitement traité.
L’année d’après, M. de Stainville fut destiné à
l’ambassade de Rome. Je rappelle avec un extrême
plaisir cette date, parce quelle fut l’époque de
ma fortune , et, ce qui vaut mieux encore , celle
de mon bonheur. Je n’avais pas trouvé l’occasion
de le remercier de l’intérêt qu’il m’avait témoigné
sans me connaître ; elle se présentait naturelle-
ment : il venait de choisir pour secrétaire d’am-
bassade M. Boyer, mon ami, qui me mena chez
lui. L’accueil que j’en reçus m’inspira sur-le-champ
de la confiance et de l’attachement. Il me demanda
si un voyage en Italie ne conviendrait pas à l’objet
de mes travaux : sur ma réponse, il se hâta d’en
parler à M. d’Argenson ; et, deux jours après,
M. Boyer vint de sa part m’avertir que mon voyage
était décidé. Je courus chez M. l’ambassadeur pour
le remercier; et mon étonnement fut à son comble
lorsqu’il me dit qu’il me mènerait avec lui, qu’à
Rome je logerais chez lui, que j’aurais toujours
une voiture âmes ordres, et qu’il me faciliterait
les moyens de parcourir le reste de l’Italie. La
philosophie ne m’avait pas encore éclairé sur la
dignité de l’homme, et je me confondis en remer-
cîmens, comme si un protecteur ne devient pas le
protégé de celui qui daigne accepter ses bienfaits.
lendemain, et me parut offensé de ce que nous
avions douté de ses intentions ; cependant il m’a
toujours parfaitement traité.
L’année d’après, M. de Stainville fut destiné à
l’ambassade de Rome. Je rappelle avec un extrême
plaisir cette date, parce quelle fut l’époque de
ma fortune , et, ce qui vaut mieux encore , celle
de mon bonheur. Je n’avais pas trouvé l’occasion
de le remercier de l’intérêt qu’il m’avait témoigné
sans me connaître ; elle se présentait naturelle-
ment : il venait de choisir pour secrétaire d’am-
bassade M. Boyer, mon ami, qui me mena chez
lui. L’accueil que j’en reçus m’inspira sur-le-champ
de la confiance et de l’attachement. Il me demanda
si un voyage en Italie ne conviendrait pas à l’objet
de mes travaux : sur ma réponse, il se hâta d’en
parler à M. d’Argenson ; et, deux jours après,
M. Boyer vint de sa part m’avertir que mon voyage
était décidé. Je courus chez M. l’ambassadeur pour
le remercier; et mon étonnement fut à son comble
lorsqu’il me dit qu’il me mènerait avec lui, qu’à
Rome je logerais chez lui, que j’aurais toujours
une voiture âmes ordres, et qu’il me faciliterait
les moyens de parcourir le reste de l’Italie. La
philosophie ne m’avait pas encore éclairé sur la
dignité de l’homme, et je me confondis en remer-
cîmens, comme si un protecteur ne devient pas le
protégé de celui qui daigne accepter ses bienfaits.