xlvj MÉMOIRES SUR LA VIE
voyai tout de suite à l’académie des belles-lettres,
en la priant de ne pas le publier, de peur de com-
promettre Mazochi et Paderno.
Cependant M. lemarquis d’Ossun, ambassadeur
de France à Naples , m’avertit que le roi, instruit
de ma mission, avait témoigné le désir de me voir.
Ce prince était alors dans son superbe château de
Caserte, qu’il faisait achever. Je lui fus présenté pen-
dant son dîner : il me parla avec plaisir des décou-
vertes qui se faisaient dans ses états, parut regretter
que le garde de ses médailles fût absent, parce que
je ne pourrais les voir, ordonna qu’on me montrât
de superbes colonnes de marbre récemment ap-
portées à Caserte , et me fit inscrire parmi ceux à
qui l’on devait successivement distribuer les vo-
lumes des Antiquités d’Herculanum. Le soin de les
expliquer était confié à monsignor Baïardi, prélat
romain que le roi avait attiré dans ses états. Vaste
et infatigable compilateur, respectable par les qua-
lités du cœur, redoutable par sa mémoire à ceux
qui entreprenaient de l’écouter ou de le lire,
Baïardi avait cultivé toutes les espèces de littéra-
tures, et transporté dans sa tête un amas énorme,
informe, de connaissances, qui s’en échappaient
avec confusion. Il préluda par le catalogue général
des monumens conservés à Portici, en un volume
in-folio ; et comme les gravures qui devaient les
représenter n’étaient pas encore prêtes, il obtint
voyai tout de suite à l’académie des belles-lettres,
en la priant de ne pas le publier, de peur de com-
promettre Mazochi et Paderno.
Cependant M. lemarquis d’Ossun, ambassadeur
de France à Naples , m’avertit que le roi, instruit
de ma mission, avait témoigné le désir de me voir.
Ce prince était alors dans son superbe château de
Caserte, qu’il faisait achever. Je lui fus présenté pen-
dant son dîner : il me parla avec plaisir des décou-
vertes qui se faisaient dans ses états, parut regretter
que le garde de ses médailles fût absent, parce que
je ne pourrais les voir, ordonna qu’on me montrât
de superbes colonnes de marbre récemment ap-
portées à Caserte , et me fit inscrire parmi ceux à
qui l’on devait successivement distribuer les vo-
lumes des Antiquités d’Herculanum. Le soin de les
expliquer était confié à monsignor Baïardi, prélat
romain que le roi avait attiré dans ses états. Vaste
et infatigable compilateur, respectable par les qua-
lités du cœur, redoutable par sa mémoire à ceux
qui entreprenaient de l’écouter ou de le lire,
Baïardi avait cultivé toutes les espèces de littéra-
tures, et transporté dans sa tête un amas énorme,
informe, de connaissances, qui s’en échappaient
avec confusion. Il préluda par le catalogue général
des monumens conservés à Portici, en un volume
in-folio ; et comme les gravures qui devaient les
représenter n’étaient pas encore prêtes, il obtint