8Zj. INTRODUCTION AU VOYAGE
enfant; sur les sauvages,qui sont toujours peuple;
et j’ai observé que chez eux tous, avant que de
s’exprimer par des effets, la colère s’annonce par
l’ostentation, par l’insolence et l’outrage.
J’ai vu reprocher à Homère d’avoir peint dans
leur simplicité les mœurs des temps qui l’avaient
précédé : j’ai ri de la critique, et j’ai gardé le si-
lence.
Mais quand on lui fait un crime d’avoir dé-
gradé les dieux, je me contente de rapporter la
réponse que me fit un jour un Athénien éclairé.
Homère, me disait-il, suivant le système poétique
de son temps’, avait prêté nos faiblesses aux
dieux. Aristophane les a depuis joués sur notre
théâtre 2, et nos pères ont applaudi à cette licence :
les plus anciens théologiens ont dit que les hommes
et les dieux avaient une commune origine 3, et
Pindare, presque de nos jours, a tenu le même
langage4. On n’a donc jamais pensé que ces dieux
pussent remplir l’idée que nous avons de la Di-
vinité ; et en effet, la vraie philosophie admet
au-dessus d’eux un être suprême qui leur a con-
fié sa puissance. Les gens instruits l’adorent en se-
cret ; les autres adressent leurs vœux, et quelque-
fois leurs plaintes, à ceux qui le représentent ;
1 Aristot. de poet. cap. , t. 2 , p. 673. —2 Aristoph. in. nub.
v. 617 ; in Plut. v. 1120 ; in ran. etc. —3 Hesiod. theogon. v. 126, etc.
Aristoph. in av. v. 700. —4 Pind, in nem. od. 6 , v. 1 ; Schol. ibid
enfant; sur les sauvages,qui sont toujours peuple;
et j’ai observé que chez eux tous, avant que de
s’exprimer par des effets, la colère s’annonce par
l’ostentation, par l’insolence et l’outrage.
J’ai vu reprocher à Homère d’avoir peint dans
leur simplicité les mœurs des temps qui l’avaient
précédé : j’ai ri de la critique, et j’ai gardé le si-
lence.
Mais quand on lui fait un crime d’avoir dé-
gradé les dieux, je me contente de rapporter la
réponse que me fit un jour un Athénien éclairé.
Homère, me disait-il, suivant le système poétique
de son temps’, avait prêté nos faiblesses aux
dieux. Aristophane les a depuis joués sur notre
théâtre 2, et nos pères ont applaudi à cette licence :
les plus anciens théologiens ont dit que les hommes
et les dieux avaient une commune origine 3, et
Pindare, presque de nos jours, a tenu le même
langage4. On n’a donc jamais pensé que ces dieux
pussent remplir l’idée que nous avons de la Di-
vinité ; et en effet, la vraie philosophie admet
au-dessus d’eux un être suprême qui leur a con-
fié sa puissance. Les gens instruits l’adorent en se-
cret ; les autres adressent leurs vœux, et quelque-
fois leurs plaintes, à ceux qui le représentent ;
1 Aristot. de poet. cap. , t. 2 , p. 673. —2 Aristoph. in. nub.
v. 617 ; in Plut. v. 1120 ; in ran. etc. —3 Hesiod. theogon. v. 126, etc.
Aristoph. in av. v. 700. —4 Pind, in nem. od. 6 , v. 1 ; Schol. ibid