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https://doi.org/10.11588/diglit.52458#0252
I I 8 INTRODUCTION AU VOYAGE
à la tête du gouvernement. Plus ils tombent de
haut, plus ils font une impression profonde. La
corruption des derniers citoyens est facilement
réprimée, et ne s’étend que dans l’obscurité : car
la corruption ne remonte jamais d’une classe à
l’autre; mais quand elle ose s’emparer des lieux
où réside le pouvoir, elle se précipite de là avec
plus de force que les lois elles-mêmes : aussi
n’a-1-on pas craint d’avancer que les mœurs
d’une nation dépendent uniquement de celles
du souverain \
Solon était persuadé qu’il ne faut pas moins
de décence et de sainteté pour l’administration
d’une démocratie que pour le ministère des au-
tels. De là ces examens, ces sermens, ces comptes
rendus qu’il exige de ceux qui sont ou qui ont
été revêtus de quelque pouvoir; de là sa maxime ,
que la justice doit s’exercer avec lenteur sur les
fautes des particuliers, à l’instant même sur
celles des gens en place 2 : de là cette loi ter-
rible par laquelle on condamne à la mort l’ar-
chonte qui, après avoir perdu sa raison dans les
plaisirs de la table, ose paraître en public avec
les marques de sa dignité 3.
Enfin, si l’on considère que la censure des
mœurs fut confiée à un tribunal dont la con-
’ Isocr. adNicocl. t. i,p. 168.—2 Demosth. in Aristog.p. 845, A.
—3 Diog. Laert. in Solon. § 57. Pet. in leg. attic. p. 240.
à la tête du gouvernement. Plus ils tombent de
haut, plus ils font une impression profonde. La
corruption des derniers citoyens est facilement
réprimée, et ne s’étend que dans l’obscurité : car
la corruption ne remonte jamais d’une classe à
l’autre; mais quand elle ose s’emparer des lieux
où réside le pouvoir, elle se précipite de là avec
plus de force que les lois elles-mêmes : aussi
n’a-1-on pas craint d’avancer que les mœurs
d’une nation dépendent uniquement de celles
du souverain \
Solon était persuadé qu’il ne faut pas moins
de décence et de sainteté pour l’administration
d’une démocratie que pour le ministère des au-
tels. De là ces examens, ces sermens, ces comptes
rendus qu’il exige de ceux qui sont ou qui ont
été revêtus de quelque pouvoir; de là sa maxime ,
que la justice doit s’exercer avec lenteur sur les
fautes des particuliers, à l’instant même sur
celles des gens en place 2 : de là cette loi ter-
rible par laquelle on condamne à la mort l’ar-
chonte qui, après avoir perdu sa raison dans les
plaisirs de la table, ose paraître en public avec
les marques de sa dignité 3.
Enfin, si l’on considère que la censure des
mœurs fut confiée à un tribunal dont la con-
’ Isocr. adNicocl. t. i,p. 168.—2 Demosth. in Aristog.p. 845, A.
—3 Diog. Laert. in Solon. § 57. Pet. in leg. attic. p. 240.