DE LA GRÈCE, PART. II, SECT. I. 125
Pisistrate était bien éloigné de souiller son
triomphe par un semblable forfait. Pénétré de
la plus haute considération pour Solon, il sen-
tait que le suffrage de ce législateur pouvait seul
justifier , en quelque manière , sa puissance : il
le prévint par des marques distinguées de défé-
rence et de respect ; il lui demanda des conseils ;
et Solon, cédant à la séduction en croyant céder
à la nécessité, ne tarda pas à lui en donner1 : il
se flattait sans doute d’engager Pisistrate à main-
tenir les lois, et à donner moins d’atteinte à la
constitution établie.
Trente-trois années s’écoulèrent depuis la ré-
volution jusqu’à la mort de Pisistrate fl; mais il
ne fut à la tête des affaires que pendant dix-sept
ans z. Accablé par le crédit de ses adversaires ,
deux fois obligé de quitter l’Attique, deux fois
il reprit son autorité 3 ; et il eut la consolation ,
avant que de mourir, de l’affermir dans sa famille.
Tant qu’il fut à la tête de l’administration , ses
jours, consacrés à l’utilité publique, furent mar-
qués ou par de nouveaux bienfaits, ou par de
nouvelles vertus.
Ses lois, en bannissant l’oisiveté, encouragè-
rent l’agriculture et l’industrie : il distribua dans
1 Plut, in Solon, p. 96. — a L’an 5a8 avant J. C. —2 Aristot.
de rep. lib. 5, cap. 12, t. 2, p. 411. Justin, lib. 2, cap. 8. —
3 Herodot. lib. 1, cap. 64. Aristot. ibid.
Pisistrate était bien éloigné de souiller son
triomphe par un semblable forfait. Pénétré de
la plus haute considération pour Solon, il sen-
tait que le suffrage de ce législateur pouvait seul
justifier , en quelque manière , sa puissance : il
le prévint par des marques distinguées de défé-
rence et de respect ; il lui demanda des conseils ;
et Solon, cédant à la séduction en croyant céder
à la nécessité, ne tarda pas à lui en donner1 : il
se flattait sans doute d’engager Pisistrate à main-
tenir les lois, et à donner moins d’atteinte à la
constitution établie.
Trente-trois années s’écoulèrent depuis la ré-
volution jusqu’à la mort de Pisistrate fl; mais il
ne fut à la tête des affaires que pendant dix-sept
ans z. Accablé par le crédit de ses adversaires ,
deux fois obligé de quitter l’Attique, deux fois
il reprit son autorité 3 ; et il eut la consolation ,
avant que de mourir, de l’affermir dans sa famille.
Tant qu’il fut à la tête de l’administration , ses
jours, consacrés à l’utilité publique, furent mar-
qués ou par de nouveaux bienfaits, ou par de
nouvelles vertus.
Ses lois, en bannissant l’oisiveté, encouragè-
rent l’agriculture et l’industrie : il distribua dans
1 Plut, in Solon, p. 96. — a L’an 5a8 avant J. C. —2 Aristot.
de rep. lib. 5, cap. 12, t. 2, p. 411. Justin, lib. 2, cap. 8. —
3 Herodot. lib. 1, cap. 64. Aristot. ibid.