DE LA GRÈCE, PART. II, SECT. II. I77
La Grèce touchait alors au dénoûment des
craintes qui l’avaient agitée pendant plusieurs
années. Depuis la bataille de Marathon, les nou-
velles qui venaient de l’Asie n’annonçaient de la
part du grand-roi que des projets de vengeance 1,
et des préparatifs suspendus par la mort de Da-
rius repris avec plus de vigueur par son fils
Xerxès.
Pendant que ce dernier en était le plus occupé,
on avait vu tout à coup à Suse deux Spartiates
qui furent admis à l’audience du roi, mais qui
refusèrent constamment de se prosterner devant
lui , comme faisaient les Orientaux. « Roi des
« Mèdes, lui dirent-ils , les Lacédémoniens mi-
te rent à mort, il y a quelques années , les ambas-
« sadeurs de Darius. Ils doivent une satisfaction
« à la Perse, nous venons vous offrir nos têtes. »
Ces deux Spartiates , nommés Sperthias et Bulis,
apprenant que les dieux, irrités du meurtre des
ambassadeurs perses, rejetaient les sacrifices des
Lacédémoniens, s’étaient dévoués d’eux-mémes
pour le salut de leur patrie 2. Xerxès, étonné de
leur fermeté, ne les étonna pas moins par sa ré-
ponse : « Allez dire à Lacédémone que, si elle
« est capable de violer le droit des gens, je ne le
« suis pas de suivre son exemple, et que jè n’ex-
1 Plat, de leg. lih. 3, t. 2, p. 698. — 2 Herodot. lib. 7, cap.
i36. Plut, lacon. apophth. t. 2, p. 235.
I.
I 9.
La Grèce touchait alors au dénoûment des
craintes qui l’avaient agitée pendant plusieurs
années. Depuis la bataille de Marathon, les nou-
velles qui venaient de l’Asie n’annonçaient de la
part du grand-roi que des projets de vengeance 1,
et des préparatifs suspendus par la mort de Da-
rius repris avec plus de vigueur par son fils
Xerxès.
Pendant que ce dernier en était le plus occupé,
on avait vu tout à coup à Suse deux Spartiates
qui furent admis à l’audience du roi, mais qui
refusèrent constamment de se prosterner devant
lui , comme faisaient les Orientaux. « Roi des
« Mèdes, lui dirent-ils , les Lacédémoniens mi-
te rent à mort, il y a quelques années , les ambas-
« sadeurs de Darius. Ils doivent une satisfaction
« à la Perse, nous venons vous offrir nos têtes. »
Ces deux Spartiates , nommés Sperthias et Bulis,
apprenant que les dieux, irrités du meurtre des
ambassadeurs perses, rejetaient les sacrifices des
Lacédémoniens, s’étaient dévoués d’eux-mémes
pour le salut de leur patrie 2. Xerxès, étonné de
leur fermeté, ne les étonna pas moins par sa ré-
ponse : « Allez dire à Lacédémone que, si elle
« est capable de violer le droit des gens, je ne le
« suis pas de suivre son exemple, et que jè n’ex-
1 Plat, de leg. lih. 3, t. 2, p. 698. — 2 Herodot. lib. 7, cap.
i36. Plut, lacon. apophth. t. 2, p. 235.
I.
I 9.