DE LA GRÈCE, PART. Il, SECT. III. 331
cantons de la Grèce, se reproduisaient dans des
élèves dignes de les remplacer; et il était aisé de
voir que le siècle le plus corrompu serait bientôt
le plus éclairé des siècles.
Ainsi, pendant que les différens peuples de
cette contrée étaient menacés de perdre l’empire
des mers et de la terre, une classe paisible de ci-
toyens travaillait à lui assurer pour jamais l’em-
pire de l’esprit : ils construisaient en l’honneur
de leur nation un temple dont les fondemens
avaient été posés dans le siecle antérieur, et qui
devait résister à l’effort des siècles suivans. Les
sciences s’annoncaient tous les jours par de nou-
velles lumières, et les arts par de nouveaux pro-
grès : la poésie n’augmentait pas son éclat; mais,
en le conservant, elle l’employait par préférence
à orner la tragédie et la comédie, portées tout
à coup à leur perfection : l’histoire, assujettie aux
lois de la critique , rejetait le merveilleux , dis-
cutait les faits 1 , et devenait une leçon puissante
que le passé donnait à l’avenir. A mesure que
l’édifice s’élevait, on voyait au loin des champs à
défricher, d’autres qui attendaient une meilleure
culture. Les règles de la logique et de la rhéto-
rique , les abstractions de la métaphysique, les
maximes de la morale furent développées dans
des ouvrages qui réunissaient à la régularité des
’ Thucyd. lib. x , cap. 20 et 21.
cantons de la Grèce, se reproduisaient dans des
élèves dignes de les remplacer; et il était aisé de
voir que le siècle le plus corrompu serait bientôt
le plus éclairé des siècles.
Ainsi, pendant que les différens peuples de
cette contrée étaient menacés de perdre l’empire
des mers et de la terre, une classe paisible de ci-
toyens travaillait à lui assurer pour jamais l’em-
pire de l’esprit : ils construisaient en l’honneur
de leur nation un temple dont les fondemens
avaient été posés dans le siecle antérieur, et qui
devait résister à l’effort des siècles suivans. Les
sciences s’annoncaient tous les jours par de nou-
velles lumières, et les arts par de nouveaux pro-
grès : la poésie n’augmentait pas son éclat; mais,
en le conservant, elle l’employait par préférence
à orner la tragédie et la comédie, portées tout
à coup à leur perfection : l’histoire, assujettie aux
lois de la critique , rejetait le merveilleux , dis-
cutait les faits 1 , et devenait une leçon puissante
que le passé donnait à l’avenir. A mesure que
l’édifice s’élevait, on voyait au loin des champs à
défricher, d’autres qui attendaient une meilleure
culture. Les règles de la logique et de la rhéto-
rique , les abstractions de la métaphysique, les
maximes de la morale furent développées dans
des ouvrages qui réunissaient à la régularité des
’ Thucyd. lib. x , cap. 20 et 21.