Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
14

ECOLE ANGLAISE

Pope le romancier des ecaillères, publiait ses quarante volumes de [de simile presque serviles, reproduisant
les accidents de la vie privée dans leur simplicité la plus nue. Hogarth a quelque chose de Swift pour
l’amertume, de Daniel de Foë pour la vérité.
Lorsque la monarchie française se précipita vers sa décadence, lorsque Voltaire, Montesquieu et
Jean-Jacques eurent imprimé à la civilisation de notre race une impulsion nouvelle et offert pour modèles
à leurs concitoyens les institutions et les idées en vigueur dans la société britannique, on vit l’influence de
Hogarth s’agrandir et se propager parmi nous. Toutes les ressources empruntées à l’Italie savante, à l’Espagne
héroïque, à l’antiquité hellénique, nous les avions épuisées ; une séduction irrésistible nous entraîna vers le
monde septentrional représenté par l’Angleterre. On vit le fougueux Diderot servir d’organe actif aux
nouvelles théories de Hogarth, le paradoxal Mercier se jeter dans la même voie et Rétif de La Bretonne
emprunter au Harlot’s progress (la carrière de la fille publique) et au Rake’s progress (la carrière du libertin)
les sujets de ses deux meilleurs romans, le Paysan et la Paysanne pervertis. Tous, comme Hogarth, ils
répudiaient le monde idéal et impersonnel pour se rapprocher de la réalité vivante et de la variété libre.
La moralité leur manquait. C’est grâce à elle que Hogarth, implacable bourreau de tous les travers, a laissé
dans l’histoire de l’art une trace si profonde et si originale. Pour frapper le vice, rien ne l’arrête; il ose tout,
il brave toutes les convenances. Philosophe, conteur, romancier, cynique, doué de puissance dramatique et
d’observation, il touche à la comédie, il atteint à la tragédie de la vie privée. Ne pas l’admirer serait injuste ;
Limiter serait dangereux.
On ne peut rien imaginer de plus spirituel que la physionomie de ce législateur moral, de ce peintre des
physionomies. C’est une figure vive, intelligente, très-harmonieuse dans sa laideur, line et énergique
d’accent, pleine de sens et de vie, de témérité et de mordant; le front beau et vaste plutôt qu’élevé;
l’arcade sourcilière d’une élégance accomplie; l’œil grand, ouvert, hardi, la prunelle transparente et
brillante; le nez petit, retroussé, malin surtout; le bas du visage sans délicatesse et le menton court.
La bouche et les lèvres sont dessinées avec une grâce exquise, et les lignes de l’ensemble s’arrondissent
comme pour corriger l'incisive audace et le caractère provoquant de l’original.

PH1LARÈTE CHASLES.
Bildbeschreibung
Für diese Seite sind hier keine Informationen vorhanden.

Spalte temporär ausblenden
 
Annotationen