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Blanc, Charles
Histoire des peintres de toutes les écoles (École Hollandaise, 2): École Hollandaise — Paris: Librairie Renouard, Henri Laurens, éditeur, 1861

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https://doi.org/10.11588/diglit.68748#0106
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12 É C U LE H 0 L L A A DAIS E.
poésie, feront l’enchantement des amateurs tant qu’il y en aura de sensibles aux beautés naïves de la nature.
Toujours ils admireront, ils aimeront cette lumière tiède et caressante qui enveloppe ses sites champêtres et va
« pas moins de cinq piqueurs, à la beauté de ces deux chevaux, à l’éclat du costume du maître, à tous ces préparatifs enfin,
« on comprend dès l’abord que celui qui met en mouvement tant d’hommes et d’animaux pour se livrer au plaisir de la chasse
« ne peut être qu’un riche et puissant seigneur. Le voici à droite : il est de haute taille et porte un chapeau de feutre gris
« à larges bords. Une longue épée est retenue à son côté par un ample baudrier; ses culottes larges et flottantes lui
« permettront d’enfourcher aisément son cheval, un faucon repose sur sa main gauche; ses bottes d’un cuir flexible sont
« serrées à la jambe sans la gêner, et montent en s'évasant jusqu’au dessous des genoux. A ses pieds est agenouillé un valet
« qui achève de lui attacher les éperons. La dame du château est déjà à cheval les guides en main, prête à partir. Deux belles
« plumes blanches ombragent son front. Vêtue d’une amazone bleu clair, elle monte un cheval blanc vu de face. Un piqueur
« sonne de la trompe, et un cheval bai se cabre, à peine contenu par un nègre au costume éclatant. Les divers chiens
« de la meute sont parfaitement caractérisés. Derrière le chef des piqueurs magnifiquement vêtu, se tient le fauconnier
« avec ses faucons, et plus loin se montre, dans des proportions diminuées par l’éloignement, le reste des piqueurs et de
« la meute.»
Tout le monde connaît, d’après la gravure d'ingouf le jeune, le Portrait de Gérard Dow. Le peintre s’est représenté en
musicien, jouant du violon à sa fenêtre, pour être mieux vu sans doute ou mieux entendu. 11 a les cheveux blonds tirant sur le
roux, un bonnet de mezzelin sur la tète et un casaquin de soie puce. Par cette fenêtre, ornée, sous la plinthe inférieure, d’un bas
relief dans le goût de François Flamand, on aperçoit au fond de la chambre, en un faible demi-jour qui fait un écho lointain à la
lumière principale, des figures attablées et jouant aux cartes. Précieuse peinture travaillée avec ce soin et ce fini que Gérard
Dow poussait à l’extrême, et qui auraient usé la patience d’un Chinois. Quand le sujet d’un tableau ne présente pas un intérêt assez
puissant pour justifier des précautions aussi délicates et tant d'heures employées, on éprouve souvent autant de peine aie voir
qu’il en a coûté au peintre pour l’exécuter.
Un petit Teniers qu’on appelle la Leçon de musique, depuis que Lobas lui a donné ce nom dans une de ses plus admirables
estampes, fait pendant au portrait de Gérard Dow. Il faut tout l’esprit, toute la finesse de ce grand petit maître pour donner
de la vraisemblance à une action aussi peu vraisemblable. Imaginez une dame des plus élégantes, la châtelaine du manoir voisin,
qui en se promenant dans la campagne a rencontré des joueurs de flûte et de cornemuse. La fantaisie lui est venue de prendre
une leçon , et la voilà qui s’arrête avec son casaquin gris-perle, sa jupe de satin citron et son chapeau de paille, et qui dans
ce costume essaie de ses doigts effilés la flûte champêtre, tandis que nos deux villageois, dont l'un du reste parait fort déluré,
l’accablent de doux regards et de muettes déclarations. Je ne serais pas surpris que de son temps le facétieux Teniers, usant des
privilèges du génie, n’eût fait prendre ces trois personnages des environs de Malines pour le sujet d'Herminie chez les bergers.
Le ciel et la terre passeront, je le crois du moins, mais l’esprit de Teniers ne passera point.
Encore deux ravissantes tètes de notre Greuse, j’allais dire ici de notre Corrègc : la première est une jeune fille éplorée,
qui, les cheveux épars, le sein découvert, cache de sa main blanche une joue que le sang colore, l’autre..., mais nous l’avons
nterrompne : elle lisait un de ces livres que madame Grouse s'était permis de lire avant son mariage, lorsqu’elle tenait une
boutique de libraire sur le quai Conti, peut-être la Nouvelle Héloïse, alors tant lue et relue. Sa tète est penchée sur son bras, son
bras est tombé sur son livre, et les pensées qui agitent son cœur de seize ans se devinent à son attitude, et à ce regard brûlant
qu’il est difficile de soutenir.
Deux Wouwermans, de ceux que Moyrcau a gravés, le Maréchal [errant et un Combat de cavalerie où l’on se tue à coups
de pistolets et à bout portant, complètent l’ornement pour ne pas dire l’ameublement du petit salon, avec une Kermesse de
deniers et un paysage de Vcrboom (sans doute) qui n’est pas digne à notre sens de figurer en si bonne compagnie. Le Maréchal
de Wouwermans doit être spécifié pour ne pas être confondu avec d’autres tableaux du même genre. On y distingue quatre
chevaux, dont deux blancs, notamment celui que l’on ferre, tout monté, tandis qu’à un autre, moins docile, on a été forcé de
mettre la moraille. La forge est à gauche.
Les autres tableaux sont dans les salons de Madame. Nous avons en passant donné un coup d’œil à quelques singularités de
fort bon goût, notamment à un système de chaises hautes en bois de canne, recouvertes en panne amarante avec des bandes
de velours noir pour bordure. Ces chaises, dont le modèle vient certainement de Hollande, se trouvent dans l’antichambre,
où l’on admire encore quelques objets précieux, une statue de bronze et de puissants bustes d’empereurs romains en
granit rouge.
C’est un de nos contemporains, un grand peintre vivant, M. Ingres, qui a les honneurs du salon de M",c de Rothschild. Là
pourtant brillent de tout leur éclat des maîtres bien divers, Luini, Rembrandt, Wouwermans, Pierre de Hooge , Isaac
Ostadc et Ruysdael. Au milieu de ces artistes d’élite, M. Ingres triomphe. Le voisinage de Rembrandt ne l’écrase point et fait
au contraire ressortir ce grand et beau style, si châtié, si noble, cette pureté, cette finesse qui, dans les œuvres de M. Ingres,
prennent les proportions du génie. Je ne connais rien de plus saisissant, au surplus, que ce contraste : Rembrandt face à face avec
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