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OBJETS DATANT DE LA PÉRIODE 525—400 AV. J.-C.
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dentelée. L’oreille très longue rappelle, pour la forme,
l’oreille des têtes de griffon archaïques (connues surtout
par les trouvailles d’Olympie), qui ont servi d’attaches
à des chaudrons de bronze, mais elle occupe une posi-
tion oblique. L’oeil très grand est entouré de rides de
la peau comme celui des représentations archaïques
de taureaux. Au flanc du corps de lion les côtes se
dessinent en faible relief; la queue courbée en l’air
disparaît derrière l’aile déployée. Le revers est formé
d’une simple plaque convexe; le dessous est fermé
avec une plaque unie, qui a été percée moyennant
une lame de couteau. Trou de suspension à la crête.
Terre d’un brun rougeâtre. — Un exemplaire à peu
près complet ; il ne manque qu’une partie en bas avec
une des pattes de devant. H 0.113.
*2312. Tête de griffon, façonnée avec une terre
gris noir (»bucchero«), contenant du mica et recouverte,
comme les vases de la même technique (nos 959 sq.)
d’un enduit noir peu luisant (cf. ci-dessus, p. 277 sq.).
Crête dentelée. Les yeux sont entourés d’un filet
saillant, dont l’extrémité est repliée en spirale. Les
parties libres des oreilles dressées en l’air ont été
cassées. H 0.065. Le fragment ne semble pas avoir
fait partie d’une figurine; peut-être a-t-il été appliqué
à un vase.
*2313. Vases-figurines du style des types ioniens
»élaborés« (v. nos 2101 — 2118), représentant une
sirène. — Un exemplaire incomplet; manquent l’ori-
fice, l’arrière-train et le revers. Trois mèches de che-
veux descendent devant chaque épaule; disques ronds
aux oreilles. Terre fine d’un rouge orangé, contenant
du mica. H 0.093. — Tête d’un autre exemplaire
semblable. — Tête d’une réplique qui a été exécutée
en échelle plus grande. Chevelure de front plus large.
Terre rouge, contenant du mica. H 0.058. — Ce genre
de balsamaire est très répandu, v. Winter, I, p. 226;
Maximova, Les vases plastiques (1927), I, p. 145,
not. 1 (où sont énumérés un grand nombre d’exem-
plaires) ; AM 1903, p. 219, Beilage 40, n° 1 (Thera) ;
Maiuri, Jalisos, p. 299, fig. 194; deux figurines sem-
blables sont conservées au Musée National de Copen-
hague, inv. 7773 (Grèce) et 8237 (Thèbes). On possède
encore, dans le même style, des »sirènes barbues «,
dont un spécimen caractéristique et bien conservé,
provenant de Rhodes, est au Musée National de Copen-
hague (inv. 7657). A en juger d’après les indications
sur la qualité de la terre, il semble que quelques-unes
de ces sirènes sont de facture corinthienne ; la question
mériterait un examen plus approfondi. — Pour un
type ionien de sirène tout différent, v. ci-dessous
n° 2427.
2314—2318. Démons ventrus. Ces curieuses figu-
rines ont souvent été traitées dans la littérature archéo-
logique: v. Heuzey, C.-R. de l’acad. 1879, p. 140;
Id., Catal. des figurines de terre cuite (1923), p. 227,
n°45; Orsi, MAI, p. 838, not. 1; Boehlau, Nekro-
polen, p. 155; Furtwaengler, Kleine Schriften, II,
p. 417—426. Un grand nombre d’exemplaires de
types variés sont réunis par Winter, I, p. 213; ajouter
Aegina, p. 380, n°66; pl.no, n° 14; Heraeum, II,
p. 28, n°Tnsq.; Mus.Ottom., Terres cuites, n° 3500
(Dadja); AA 1911, p. 162, fig. 24 (Berezanj); Maxi-
mova, Vases plastiques (1927), I, p. 141, not. 4, pl. 17;
Copenhague, Mus. Nat., inv. 467 (Égine). Leur pro-
pagation géographique couvre à peu près celle des
statuettes féminines appartenant aux »types élaborés «
(nos 2101 sq.). La technique et la qualité de la terre,
souvent pailletée de mica, démontrent qu’elles pro-
viennent des mêmes ateliers ioniens. Comme les
statuettes de femmes, elles ont souvent été trans-
formées en balsamaires, par l’addition d’un orifice
de vase, particularité qui n’est pas représentée dans
la petite série trouvée à Lindos. Les figurines ont été
tirées d’un double moule. Le modelé est d’ailleurs
peu précis, et en réunissant le devant avec le revers,
l’ouvrier a souvent trop lissé l’argile encore molle, de
sorte que plusieurs des détails exprimés dans le moule
se sont effacés. La peau du ventre gros et bombé
forme un grand nombre de rides transversales. Les
parties génitales sont de forme tout enfantine.
Tous les spécimens lindiens proviennent de trou-
vailles éparses, faites dans les remblais souvent rema-
niés de l’acropole. Quant à la détermination chrono-
logique, il suffit de renvoyer aux p. 506 sq., où nous
avons mentionné plusieurs exemplaires qui ont fait
partie de dépôts funéraires qu’on peut rapporter à la
2e moitié ou au dernier quart du 6e siècle (Syracuse,
nécropole dite »del Fusco«, t. 118; Megara Hyblaea,
t. 86 et 338; Samos, t. 21).
On est d’accord que le type du démon ventru
dérive des représentations égyptiennes de Ptah-
Sokar-Osiris, qui figurent amplement dans les trou-
vailles de Lindos (nos 1216 —1226), ainsi que dans
celles d’autres localités grecques et italiques. Contre
Heuzey, qui y voulait voir une sorte de grotesques,
Furtwaengler (Z. c.) a soutenu avec raison qu’il ne faut
pas expliquer les figurines en question simplement
comme des γελοία; comme c’est le cas aussi pour les
sirènes (»Seelenvôgel«), le type étranger a été adopté
ou imité pour exprimer une idée grecque. Furtwaengler
pense que les démons ventrus doivent représenter soit
les Patèques phéniciens (Hérod. 3,37), soit les Cabires
(cf. Perrot, III, p. 76), mais M. Kern a fait des
objections bien fondées à cette explication (P-W, X,
p. 1448). Il en reste pourtant l’idée juste que ce type
a dû représenter des êtres créés par les croyances
populaires helléniques, et dont la dénomination a
peut-être varié selon les endroits. Quant à l’île de
OBJETS DATANT DE LA PÉRIODE 525—400 AV. J.-C.
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dentelée. L’oreille très longue rappelle, pour la forme,
l’oreille des têtes de griffon archaïques (connues surtout
par les trouvailles d’Olympie), qui ont servi d’attaches
à des chaudrons de bronze, mais elle occupe une posi-
tion oblique. L’oeil très grand est entouré de rides de
la peau comme celui des représentations archaïques
de taureaux. Au flanc du corps de lion les côtes se
dessinent en faible relief; la queue courbée en l’air
disparaît derrière l’aile déployée. Le revers est formé
d’une simple plaque convexe; le dessous est fermé
avec une plaque unie, qui a été percée moyennant
une lame de couteau. Trou de suspension à la crête.
Terre d’un brun rougeâtre. — Un exemplaire à peu
près complet ; il ne manque qu’une partie en bas avec
une des pattes de devant. H 0.113.
*2312. Tête de griffon, façonnée avec une terre
gris noir (»bucchero«), contenant du mica et recouverte,
comme les vases de la même technique (nos 959 sq.)
d’un enduit noir peu luisant (cf. ci-dessus, p. 277 sq.).
Crête dentelée. Les yeux sont entourés d’un filet
saillant, dont l’extrémité est repliée en spirale. Les
parties libres des oreilles dressées en l’air ont été
cassées. H 0.065. Le fragment ne semble pas avoir
fait partie d’une figurine; peut-être a-t-il été appliqué
à un vase.
*2313. Vases-figurines du style des types ioniens
»élaborés« (v. nos 2101 — 2118), représentant une
sirène. — Un exemplaire incomplet; manquent l’ori-
fice, l’arrière-train et le revers. Trois mèches de che-
veux descendent devant chaque épaule; disques ronds
aux oreilles. Terre fine d’un rouge orangé, contenant
du mica. H 0.093. — Tête d’un autre exemplaire
semblable. — Tête d’une réplique qui a été exécutée
en échelle plus grande. Chevelure de front plus large.
Terre rouge, contenant du mica. H 0.058. — Ce genre
de balsamaire est très répandu, v. Winter, I, p. 226;
Maximova, Les vases plastiques (1927), I, p. 145,
not. 1 (où sont énumérés un grand nombre d’exem-
plaires) ; AM 1903, p. 219, Beilage 40, n° 1 (Thera) ;
Maiuri, Jalisos, p. 299, fig. 194; deux figurines sem-
blables sont conservées au Musée National de Copen-
hague, inv. 7773 (Grèce) et 8237 (Thèbes). On possède
encore, dans le même style, des »sirènes barbues «,
dont un spécimen caractéristique et bien conservé,
provenant de Rhodes, est au Musée National de Copen-
hague (inv. 7657). A en juger d’après les indications
sur la qualité de la terre, il semble que quelques-unes
de ces sirènes sont de facture corinthienne ; la question
mériterait un examen plus approfondi. — Pour un
type ionien de sirène tout différent, v. ci-dessous
n° 2427.
2314—2318. Démons ventrus. Ces curieuses figu-
rines ont souvent été traitées dans la littérature archéo-
logique: v. Heuzey, C.-R. de l’acad. 1879, p. 140;
Id., Catal. des figurines de terre cuite (1923), p. 227,
n°45; Orsi, MAI, p. 838, not. 1; Boehlau, Nekro-
polen, p. 155; Furtwaengler, Kleine Schriften, II,
p. 417—426. Un grand nombre d’exemplaires de
types variés sont réunis par Winter, I, p. 213; ajouter
Aegina, p. 380, n°66; pl.no, n° 14; Heraeum, II,
p. 28, n°Tnsq.; Mus.Ottom., Terres cuites, n° 3500
(Dadja); AA 1911, p. 162, fig. 24 (Berezanj); Maxi-
mova, Vases plastiques (1927), I, p. 141, not. 4, pl. 17;
Copenhague, Mus. Nat., inv. 467 (Égine). Leur pro-
pagation géographique couvre à peu près celle des
statuettes féminines appartenant aux »types élaborés «
(nos 2101 sq.). La technique et la qualité de la terre,
souvent pailletée de mica, démontrent qu’elles pro-
viennent des mêmes ateliers ioniens. Comme les
statuettes de femmes, elles ont souvent été trans-
formées en balsamaires, par l’addition d’un orifice
de vase, particularité qui n’est pas représentée dans
la petite série trouvée à Lindos. Les figurines ont été
tirées d’un double moule. Le modelé est d’ailleurs
peu précis, et en réunissant le devant avec le revers,
l’ouvrier a souvent trop lissé l’argile encore molle, de
sorte que plusieurs des détails exprimés dans le moule
se sont effacés. La peau du ventre gros et bombé
forme un grand nombre de rides transversales. Les
parties génitales sont de forme tout enfantine.
Tous les spécimens lindiens proviennent de trou-
vailles éparses, faites dans les remblais souvent rema-
niés de l’acropole. Quant à la détermination chrono-
logique, il suffit de renvoyer aux p. 506 sq., où nous
avons mentionné plusieurs exemplaires qui ont fait
partie de dépôts funéraires qu’on peut rapporter à la
2e moitié ou au dernier quart du 6e siècle (Syracuse,
nécropole dite »del Fusco«, t. 118; Megara Hyblaea,
t. 86 et 338; Samos, t. 21).
On est d’accord que le type du démon ventru
dérive des représentations égyptiennes de Ptah-
Sokar-Osiris, qui figurent amplement dans les trou-
vailles de Lindos (nos 1216 —1226), ainsi que dans
celles d’autres localités grecques et italiques. Contre
Heuzey, qui y voulait voir une sorte de grotesques,
Furtwaengler (Z. c.) a soutenu avec raison qu’il ne faut
pas expliquer les figurines en question simplement
comme des γελοία; comme c’est le cas aussi pour les
sirènes (»Seelenvôgel«), le type étranger a été adopté
ou imité pour exprimer une idée grecque. Furtwaengler
pense que les démons ventrus doivent représenter soit
les Patèques phéniciens (Hérod. 3,37), soit les Cabires
(cf. Perrot, III, p. 76), mais M. Kern a fait des
objections bien fondées à cette explication (P-W, X,
p. 1448). Il en reste pourtant l’idée juste que ce type
a dû représenter des êtres créés par les croyances
populaires helléniques, et dont la dénomination a
peut-être varié selon les endroits. Quant à l’île de