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Blouet, Abel [Hrsg.]; Ravoisié, Amable [Hrsg.]
Expedition scientifique de Morée: ordonnée par le Gouvernement Français ; Architecture, Sculptures, Inscriptions et Vues du Péloponèse, des Cyclades et de l'Attique (Band 1) — Paris, 1831

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https://doi.org/10.11588/diglit.666#0011
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INTRODUCTION. v

avait été créé par les anges, et celle des Gnostiques ou Illuminés, menaçaient le dogme, lorsque Quadratus, évêque
d'Athènes, composa l'apologie de la religion chrétienne.

Constance, successeur de Constantin, après la mort de ses frères (337), ava't ^a'1 Posent de plusieurs îles à la ville
d'Athènes, dont Julien, élevé parmi les philosophes du Portique, ne s'éloigna qu'en versant des larmes. Minerve, qu'il
invoquait chaque jour, régnait encore au Parthénon. Cependant la foi avait établi le dogme, car les Grégoire, les Cyrille,
les Basile, les Chrysostôme puisèrent leur sainte éloquence dans la patrie de Démosthènes, et les dieux ne perdirent leur
crédit qu'au temps où l'on saisit le temporel des temples.

Au siècle de Théodose, les Goths, battus par Dexippe et par Cléodème (377), désolèrent l'Epire et la Thessalie. Ils
se préparaient à ravager la Grèce, lorsqu'ils furent vaincus par Théodore, général des Achéens. Athènes, reconnais-
sante, éleva une statue à ce grand homme, tandis qu'on mutilait, par l'ordre de l'empereur, les bas-reliefs du Thésaeum.
Un édit prescrivait d'employer, à l'entretien des routes et des thermes, les chefs-d'œuvre qui ornaient les temples des
dieux... Comment quelques débris de ces édifices sont-ils parvenus jusqu'à nous? Hélas! les Barbares, soit parindif-•
férence , soit par toute autre cause, se sont montrés plus conservateurs que les chrétiens et les hommes civilisés des
derniers siècles qui ont suivi la renaissance des lettres.

Honorius et Arcadius tenaient les rênes de l'empire lorsque Alaric pénétra dans la Grèce : il respecta Athènes.
Mais Corinthe, Argos, les villes de l'Arcadie et de la Laconie éprouvèrent le sort le plus cruel, et on croit que le
Jupiter de Phidias périt dans cette invasion des Barbares : pourquoi l'avait-on fait de matière précieuse? Stilicon,
en venant chasser Alaric du Péloponèse, acheva de désoler ce pays infortuné.

On sait qu'en vertu d'une loi de l'année 4o8, rendue par Honorius à la requête de saint Augustin, les revenus des
temples des païens furent appliqués à la subsistance des troupes. Mais ce fut une déception, car les historiens du
temps nous apprennent que les prélats d'Athènes, devenus possesseurs à cette époque des dotations affectées au service
des dieux et des déesses, ne se rendaient aux temples de Thésée, de Jupiter-Olympien, au Panthéon d'Hadrien et
au Parthénon, convertis en églises, que montés sur des chars attelés de chevaux blancs, et entourés d'un clergé magnifique-
ment vêtu. Les archontes (ce vain nom subsiste encore de nos jours), rivalisant de luxe, entraient dans les églises sur
des coursiers, dont ils ne descendaient qu'au pied des stalles qui leur étaient réservées. Les dames athéniennes, escortées
d'eunuques, se faisaient porter en litière jusqu'aux galeries des édifices saints, où elles mêlaient leurs battements de
mains à ceux des assistants qui applaudissaient les orateurs sacrés et les jeunes diacres qui dansaient avec le plus de
grâce devant les autels du Seigneur.

Ces choses se passaient au temps où Justinien donnait des lois à soixante - quatre provinces et à neuf cent
trente-cinq villes. Quatre-vingts places fortes qui bordaient la ligne de la Save et du Danube, et plus de six cents donjons
qu'il fit élever, ne purent empêcher la Grèce d'être ravagée par les Barbares. Sous ce règne, que la seule Théodora aurait
suffi pour flétrir, les invasions des Scythes, des Hérules et des Goths, devinrent aussi périodiques que le retour des
sauterelles et des épidémies. Le deuil était partout et l'esprit public ne se trouvait nulle part. Ainsi, pour nous servir
d'une pensée de Napoléon : Il y a des temps où toute raison, même la raison politique, celle dont on peut le moins se
passer, semble s'être obscurcie avec la destinée du pays ; car on n'osait plus articuler le doux nom de patrie.

Le Péloponèse avait été envahi par les Slaves en 746 ; Patras n'était cependant tombée en leur pouvoir que sous le règne
de Nicéphore, c'est-à-dire de 802 à 812. Chaque année, de nouvelles hordes paraissaient sur la scène de la Hellade.
Elles transformèrent l'Attique et la Péninsule en une vaste solitude, dont on ne se souvenait plus à Constantinople que
pour en soutirer quelques tributs. Le nom d'Athènes n'est plus cité qu'à de longs intervalles, dans Théophilacte Simocata
et par l'anonyme de Ravenne. Enfin, Léon-le-Grammairien nous apprend incidentellement qu'un certain Chazès, fils d'un
père aussi obscur que lui, qui était préfet d'Achaie, fut lapidé par le peuple, fatigué de ses injustices, dans une église
d'Athènes, vers l'année g 15. Cette ville fut oubliée, répètent les écrivains du temps ; mais, tandis que l'histoire garde le
silence, les actes des conciles et ceux delà daterie du patriarche de Constantinople nous font connaître que la religion
chrétienne continua d'y fleurir.

La patrie des Muses semblait effacée du livre de vie, lorsque de nouveaux dévastateurs abordèrent à ses rivages.
Vénitiens, Normands, Siciliens, chefs et soldats, non moins avides que les hordes d'Alaric,ne se montrèrent que pour
dévorer; et le seul marquis de Montferrat s'occupa à reconstruire un simulacre d'ordre social sur les ruines amoncelées
de la Morée, qui avait perdu son nom historique.....

flPAIA, LA BELLE. Cette épithète, par laquelle il semble qu'on doit naturellement désigner le Péloponèse, a prévalu
sur tous les noms donnés à ce royaume. Les premiers chrétiens occidentaux qui parurent dans la Hellade, après les
invasions des Barbares, adoptèrent probablement le nom d'Oraea, dont ils ne comprenaient pas la signification mo-
derne; et la dénomination de Morée, qu'on trouve employée par Nicétas, l'a emporté dans la suite des âges. Ceux qui
savent la langue vulgaire des Grecs n'objecteront pas que le nom barbare de Péloponèse vient du grand nombre de
mûriers qui couvrent ses campagnes, car le peuple, au lieu de Morea, employé autrefois pour désigner cette espèce
d'arbres, se sert maintenant pour les nommer de celui de Sycaminos, expression qui n'a aucune consonnance avec
celle de Morée. Enfin, si notre hypothèse était rejetée, ne pourrait-on pas penser avec Coronelli, que le Péloponèse,
qui fut la dernière contrée de l'Orient exclusivement habitée par les Romœi (ou Grecs sujets de Rome), ayant été appelé
Romée, prit, avec une légère altération, le nom de Morée qu'il porte de nos jours?

Vers la fin du XIe siècle (1 o85) les guerres entre Alexis Comnène et les chefs de Normands, Robert et Boëmond, eurent

Expcd. en Morée. c
 
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