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Maryse Pailla

LE CLASSICISME DE JEAN-PIERRE NORBLIN, ARTISTE GRAPHIQUE

Depuis 1911, année qui vit la publication du Norblin de Zygmunt Batowski1, des générations
successives d’historiens d’art ont classé l’artiste comme plasticien s’inspirant en premier lieu
de Rembrandt et de quelques autres peintres flamands. A titre non pas moins important,
Antoine Watteau a été également cité comme ayant fortement influencé Norblin2. Cette
appréciation, tout en ayant à son crédit des preuves impressionnantes, pourrait nous amener
à négliger le courant classique qui passe à travers l’oeuvre graphique de Norblin.

Si l’oeil attentif s’attarde uniquement sur la peinture de Norblin, il n’y verra que des évocations
de peintres de genre ou de fêtes galantes tels Pater, J.F. De Troy, Fragonard, Lancret ou Watteau
et l’attirance qu’avait Norblin pour Rembrandt et les Flamands. Il n’en est pas ainsi pour les
dessins et les gravures des collections du Musée National de Varsovie. L’intérêt que Norblin
portait aux éléments de style classique — lignes pures associées aux plans simples, rythme
régulier des éléments, teinpérence des valeurs et des couleurs3, équilibré entre les formes du
modèle et l’idéalisation que l’on peut un faire — y est patent, et, parfois, surprenant. De
toute évidence, bien que Norblin ait utilisé ces éléments-là, il avait un dédain ou peut-être un
manque de facilité pour un autre principe de classicisme. Il ne s’intéressait pas aux besoins
de symétrie qui préoccupaient les néo-classiques. Mis à part cette omission, Norblin allait systé-
matiquement chercher dans le classique des solutions à ses problèmes graphiques. Analyser sa
méthode et ses sources est le propre de cette étude.

L’utiîisaticn des spécificités classiques par Norblin est au coeur de deux publications récentes.
L’une présente un artiste qui, comme David, a été exposé au cercle de Vien et qui, pour des
raisons causes ou résultantes de son échee au concours du Prix de Rome, s’est exprimé, après
une tentative non convaincante dans sa Bataille Romaine, assez loin du style neo-classique4.
L’autre le montre capable d’une étude du Serment du Jeu de Paume suffisamment proche de la
composition originale pour parler de copie mais traduite assez personnellement pour écarter
l’idée de pastiche5. Une lecture rapide des deux dessins pourrait amener à les interpréter comme
des points de départ de styles différents. Le premier, dont les résultats étaient non-satisfaisants
pour le dessinateur, l’aurait incité à abandonner le néo-classicisme. L’autre pourrait être compris
comme un retour. L’un aurait donc démontré l’incompatibilité de son tempérament avec les
théories néo-classiques naissantes et l’aurait décidé à s’en éloigner. Le second, fait après son
départ définitif de Pologne, serait la preuve de son retour d’intérêt pour le mouvement néo-
classique devenu dominant à la fin du XVIIIème siècle.

1. Z. Batowski, Norblin, Lwów,1911.

2. Né dans l’Yonne en 1745, Jean-Pierre Norblin part pour la Pologne en 1774 avec Adam Czartoryski. Candidat au Concours
du Prix de Rome, il est admis aux premières épreuves en 1769 et 1770 mais n’obtint jamais de prix. Peintre, graveur et
dessinateur, il sert différents mécènes polonais. Il séjourne dans plusieurs de leurs résidences et en note la vie quotidienne
dans ses dessins. Il fonde à Varsovie une académie où se formèrent des artistes représentatifs de l’école polonaise, tels A.
Orłowski et M. Płoński. Les scènes d’auberge, de rue et de parc domanial sont ses thèmes fréquents. Il rentre définitive-
ment en France en 1804 et y poursuit sa carrière. Il meurt en 1830 à Paris.

3. Le XVIIIème siècle ignorait la polychromie qui décorait les grandes oeuvres en pierre de la période classique.

4. A Kępińska, Jan Piotr Norblin, Wrocław, 1978, pp. 12—13. Son passage dans l’atelier de Vien est peu probable mais ses
relations avec le peintre Fr. A. Vincent pourraient éclairer quelques aspects de sa vie et de son art.

5. P. Bordes,,, David and Norblin, ,The Oath of the Tennis Court’ and Two Problems of Attribution”, Burlington Magazine,
1980, n° 929. Lors de sa période varsovienne, la seule, »synthèse” du Serment du Jeu de Paume qu’aurait pu connaître Nor-
blin était la gravure de Denon. Pour l’étude de Norblin, voir Inv. 1943, 804, Fogg Art Museum, Boston, cité par Bordes.

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