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a Juvara d’octobre 1735, il ecrivait: „ces themes se pretent parfaitement a representer 1’archi-
tecture, la perspective et des personnages”24. Des esquisses peintes pour le Christ chassant les
marchands et pour les Pharisiens tentant de lapider le Christ sont conservees25. Tous les cjuatre
tableaux sont de ineme caractere: la representation est plaeee dans d’enormes interieurs impo-
sants en lesąuels la foule vivante et ondulee est opposee a la figurę isolee du Christ.

Le Christ enseignant dans le Tempie du palais de La Granja (fig. 9) diverge assez nettement de
la version plus ancienne, celle du Prado. Le format vertical du tableau a impose a 1’architecture
une sveltesse elancee, 1’interieur est rempli d’une lumiere crue, les arcs a caissons fortement
eclaires contrastent avec des colonnes et des entablatures sombres. Les personnages sont egale-
ment differents. Le vieillard avec le Iivre de droite est remplace par deux personnes gesticulant:
l’un montre le Christ, l’autre la rangee des docteurs. Le peintre a aussi introduit une figurę
enigmatique du poete couronne de laurier et un groupe de personnes assis aux pieds de 1’escalier
a droite. D’autres differences mineures sont encore a noter.

Notre tableau de 1743 (figs. 7, 7a, 7b) marque une etape suivante. Le format aplati est le
seul element qui le rapproche de la version la plus ancienne, celle du Prado. Par rapport a la
version de 1736 (La Granja), 1’artiste a enrichi et soigne 1’etoffage, en simplifiant en meme temps
Parchitecture. II y a des personnes et des groupes laisses sans modification, mais d’autres ont
un mouvement plus souple qui fait penser a Watteau et Fragonard, contemporains de Panini;
ainsi deux personnes assises avec grace sur les marches et le personnage de gauche en ample
pelerine. II convient aussi de remarquer un homme, legercment inclinć en arriere (figs. 7b),
place dans la rangee sunnontant les docteurs; il fait son apparition dans toutes les versions du
theme. Arisi affirme que c’est 1’autoportrait du peintre26. Quoiqu’il en soit 1’attention du specta-
teur est attiree surtout par la figurę du jeune Christ, hien eclaire, isole et oppose a la foule.

Dans notre tableau la plus admirable est pourtant Parchitecture. Elle est d’ailleurs differente.
Comparee avec la version anterieure, celle de 1736, la notre est plus severe et simplifiee. La
balustradę pres de 1’escalier a droite, le balcon dans le portique de gauche, la colonette maladroite
dans la balustradę des arcades du fond — tout cela fut supprime. Le clair-obscur est moins
accentue. La question reste ouverte s’il n’existe pas de pendant a notre Christ enseignant au
Tempie. En effet, les deux versions precedentes — celles du Prado et de La Granja de San Ilde-
fonso — avaient de pair: le Christ chassant les marchands du Tempie. Mais jusqu’a 1’heure actuelle
rien n’a ete trouve.

La tradition de ce type de representation de foule dans 1’imposante architecture a ses racines
a Venise. Initiee par Yeronese dans ses tableaux bibliques, le poin culminant a ete atteint avec
les Banąuets de Tiepolo. Des scenes plaeees dans des riches interieurs furent egalement peintes
dans le milieu emilien (p.ex. les oeuvres de Yittore Maria Bigari)27. Mais aucun de ces peintres
n’etait, comme Panini, un vrai peintre d’architecture. La leęon des Bibiena se fait sentir; tout
ce qu’il apprit d’eux dans sa jeunesse resta vivant28.

ii 2*. „oenissimo adattati per invenzione d’arcliitetture, prospetiva, e figurę”, d’apres J. Urrea Fernandez, op. cit., p. 289.

25. Arisi, n° 107, fig. 158; n° 109, fig. 160. Cf. notę 14.

26. Selon Arisi, Panini aimait placer son image dans les grandes compositions, et donc dans toutes les versions ćtudiees du
Christ enseignant au Tempie; plus tót dans le Banąuel du Louvre, Arisi, n° 44, fig. 74—75, et la Vue du palais de Rivoliy
Turin, Museo Civico, Arisi, n° 52, fig. 86; enfin deux fois sur le tableau ici reproduit de 1749, La galerie du Cardinal Silvio
Valenti Gonzaga, Hartford, Conn., Wadsworth Atheneum, Arisi, n° 209, fig. 260—262; ici fig. 14.

27. Cf. p.ex. Le Banąuet de Balthasar de Bigari et le Banquet du meme artiste a la Pinacoteca Nazionale de Bologne, G. Bolaffi
(ed.), Dizionario enciclopedico dei pittori e degli incisori italiani, II, Torino, 1972, fig. 120, VI.

28. Cf. p.ex. une gravure d’apr£s Ferdinando Bibiena representant la scene du Teatro Academico nel Porto a Bologne, 1708,
E. Hubala, Die Kunst des 17. Jahrhunderts, Propylaen Kunstgeschichte, Berlin, 1970, fig. 378; ainsi que la gravure de
Giuseppe Bibiena representant 1’interieur fantastique, dans sa publication Archittetlure e Prospettire, Augsburg, 1740,
R. Wittkower, op. cit.t fig. 193A.

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