déjà de 1629. L’artiste l’a transformé avec une grande habileté dans la grande eau-forte
bien connue où il en a fait une scène d’un effet sinon profondément émotionnant, du
moins plein d’une magie saisissante. La parenté de celle-ci avec la composition pré-
cédente et surtout avec une grande Mise au tombeau à la sanguine, de i63o, au
British Muséum, contredit, je crois, la date de 1633 qu’on lui assigne. Le cadre, le
groupement des personnages, sont, dans le dessin et dans l’eau-forte, d’une ressem-
blance si frappante jusque dans certains détails, qu’il ne peut exister plus d’une année
à deux d’intervalle entre les deux oeuvres.
Dans les derniers temps de son séjour à Leyde, Rembrandt avait fait aussi ses
premiers essais d’académies féminines. Les deux eaux-fortes Diane (Bartsch, 201) et la
magistrale petite Danaé (Bartsch, 204), regardées comme datant très probablement
de i63i, montrent déjà sa grande compréhension du nu. On a retrouvé récemment
une petite étude pour la Diane; elle est en la possession de M. E. Warneck, à Paris
(n° 47)- L’artiste — qui avait peu de choix, il est vrai, en fait de modèles féminins
pour des académies — aurait pu difficilement trouver une femme plus laide ; mais
la facture émaillée et l’effet lumineux de la chair sont, déjà, dans ce tableau, d’une
grande habileté.
A peu près à la même époque, Rembrandt — ce qui était d’une importance parti-
culière pour son changement de résidence — commence à devenir vraiment peintre de
portraits. Par les dates qui y sont inscrites, nous connaissons jusqu’à présent trois
portraits peints en l’année 1631, auxquels peuvent se rattacher, vu leur parenté,
quelques autres tableaux de ce genre non datés. Ces figures, si on les compare aux
études précédentes faites d’après lui-même, d’après sa mère, son père et d’autres per-
sonnes, peuvent être regardées comme de véritables portraits. L’une d’elles cependant
se rapproche des études antérieures par son accoutrement, composé d’un turban
et d’une étoffe orientale : c’est le Jeune Homme au turban (n° 49)5 à la galerie Windsor,
que M. Emile Michel a désigné comme étant le jeune Gérard Dou. Le portrait que
celui-ci a fait d’après lui-même me semble toutefois montrer un type de tête différent,
de forme plus large, avec un nez plus court et d’autres yeux, que dans le tableau de
Rembrandt. D’une date antérieure est le Portrait d’un adolescent, en possession de
M. Adolphe Thieme, à San-Remo (n° 48). D’une tonalité très lumineuse, il rappelle
beaucoup par la facture grasse des chairs le portrait de femme de M. Bredius, et,
dans les ombres, différents portraits de l’artiste lui-même exécutés vers i63o. Un
des plus anciens portraits d’hommes de Rembrandt est celui d’un Savant (n° 5o)
signé du monogramme avec la date de i63i. L’artiste nous y a représenté un
savant, en simple habillement bourgeois, assis devant sa table à écrire. De tout
temps, au musée de l’Ermitage où il se trouve, on a désigné ce portrait sous le nom
de Coppenol ; mais il n’a aucune ressemblance avec les traits de ce célèbre maître
d’écriture tels que Rembrandt lui-même nous les a transmis dans ses eaux-fortes bien
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bien connue où il en a fait une scène d’un effet sinon profondément émotionnant, du
moins plein d’une magie saisissante. La parenté de celle-ci avec la composition pré-
cédente et surtout avec une grande Mise au tombeau à la sanguine, de i63o, au
British Muséum, contredit, je crois, la date de 1633 qu’on lui assigne. Le cadre, le
groupement des personnages, sont, dans le dessin et dans l’eau-forte, d’une ressem-
blance si frappante jusque dans certains détails, qu’il ne peut exister plus d’une année
à deux d’intervalle entre les deux oeuvres.
Dans les derniers temps de son séjour à Leyde, Rembrandt avait fait aussi ses
premiers essais d’académies féminines. Les deux eaux-fortes Diane (Bartsch, 201) et la
magistrale petite Danaé (Bartsch, 204), regardées comme datant très probablement
de i63i, montrent déjà sa grande compréhension du nu. On a retrouvé récemment
une petite étude pour la Diane; elle est en la possession de M. E. Warneck, à Paris
(n° 47)- L’artiste — qui avait peu de choix, il est vrai, en fait de modèles féminins
pour des académies — aurait pu difficilement trouver une femme plus laide ; mais
la facture émaillée et l’effet lumineux de la chair sont, déjà, dans ce tableau, d’une
grande habileté.
A peu près à la même époque, Rembrandt — ce qui était d’une importance parti-
culière pour son changement de résidence — commence à devenir vraiment peintre de
portraits. Par les dates qui y sont inscrites, nous connaissons jusqu’à présent trois
portraits peints en l’année 1631, auxquels peuvent se rattacher, vu leur parenté,
quelques autres tableaux de ce genre non datés. Ces figures, si on les compare aux
études précédentes faites d’après lui-même, d’après sa mère, son père et d’autres per-
sonnes, peuvent être regardées comme de véritables portraits. L’une d’elles cependant
se rapproche des études antérieures par son accoutrement, composé d’un turban
et d’une étoffe orientale : c’est le Jeune Homme au turban (n° 49)5 à la galerie Windsor,
que M. Emile Michel a désigné comme étant le jeune Gérard Dou. Le portrait que
celui-ci a fait d’après lui-même me semble toutefois montrer un type de tête différent,
de forme plus large, avec un nez plus court et d’autres yeux, que dans le tableau de
Rembrandt. D’une date antérieure est le Portrait d’un adolescent, en possession de
M. Adolphe Thieme, à San-Remo (n° 48). D’une tonalité très lumineuse, il rappelle
beaucoup par la facture grasse des chairs le portrait de femme de M. Bredius, et,
dans les ombres, différents portraits de l’artiste lui-même exécutés vers i63o. Un
des plus anciens portraits d’hommes de Rembrandt est celui d’un Savant (n° 5o)
signé du monogramme avec la date de i63i. L’artiste nous y a représenté un
savant, en simple habillement bourgeois, assis devant sa table à écrire. De tout
temps, au musée de l’Ermitage où il se trouve, on a désigné ce portrait sous le nom
de Coppenol ; mais il n’a aucune ressemblance avec les traits de ce célèbre maître
d’écriture tels que Rembrandt lui-même nous les a transmis dans ses eaux-fortes bien
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