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Bourgery, Jean Baptiste Marc; Jacob, Nicolas Henri [Editor]
Traité complet de l'anatomie de l'homme: comprenant la médicine opératoire (Band 6, Text): Médecine opératoire — Paris, 1837

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https://doi.org/10.11588/diglit.18363#0214
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206

OPÉRATIONS GÉNÉRALES.

Un second, puis, au besoin, un troisième, un quatrième cau-
tère succèdent, en appuyant graduellement davantage. Si des
clapiers se découvrent, on porte le feu dans leur profondeur
de manière à détruire, autant qu'on le peut, jusqu'aux der-
nières racines de la carie. Dans ces manœuvres, pour abréger
les atroces douleurs du malade et en diminuer l'intensité, il
est essentiel d'agir avec beaucoup de promptitude et de chan-
ger fréquemment le cautère d'autant plus vite éteint que les
liquides sont plus abondans, de sorte que sa chaleur soit tou-
jours assez considérable pour être encore lumineuse. Un vit
sentiment de brûlure prolongé dans la profondeur de l'os in-
dique que la cautérisation a porté assez loin son action. L'o-
pération terminée, il reste une escarre charbonnée ; la douleur
s'éteint et le calme y succède. Un simple pansement avec de la
charpie sèche suffit dans les premiers jours. Après une semaine
la suppuration est bien établie, les chairs s'isolent de l'escarre;
une vive douleur qui se manifeste au-dessous, en y appuyant un
peu le doigt, indique que des bourgeons charnus se dévelop-
pent à la surface saine de l'os. Si, au contraire, il survient des
exfoliations partielles, accompagnées d'une abondante suppura-
tion sanieuse et de la repullulation de fongosités, et que cet état
se continue encore pendant la seconde semaine , il faut en
conclure que la cautérisation n'a rempli qu'incomplètement
son objet et doit être recommencée. Dès que la maladie est
mise en bonne voie de guérison, il ne s'agit plus que de sur-
veiller la chute des escarres et la reproduction des bourgeons
grenus. S'il se développe quelques végétations fongueuses aux
dépens des chairs, on les déprime à mesure avec la pierre
infernale ou le nitrate acide de mercure.

Résection. Cette opération a pour but d'enlever entière-
ment par l'instrument tranchant les parties affectées de carie.
Pour les petites résections partielles, la surface sur laquelle on
agit étant mise à découvert, il n'y a d'autre règle à assigner
que d'emporter entièrement la portion de l'os altérée jusqu'au
delà de ses limites sur le tissu sain. Quant aux grandes ré-
sections qui intéressent une étendue considérable ou la tota-
lité d'un ou de plusieurs os, il en sera traité plus loin.

méthodes de section des os en particulier.

Les opérations qui se pratiquent sur la continuité des os se
rangent sous deux chefs principaux : les trépanations et les ré-
sections.

TRÉPANATION.

La trépanation est une opération qui a pour objet de perforer
un os. Elle emprunte son nom de l'instrument nommé trépan,
qui en est le moyen le plus ordinaire. Toutefois on trépane ou
on perfore les os avec d'autres instrumens, la tréphine et les per-
forateurs. D'abord exclusivement affectée aux os du crâne, cette
opération avait pour intention d'extraire des corps étrangers ou
d'évacuer des liquides anormaux épanchés dans cette cavité;
mais on l'a depuis appliquée à presque tous les os du corps,
dans des buts variés, en l'associant aux résections.

Historique. Les écrits d Hippocrate nous révèlent les premières
traces de la trépanation. Mais la perfection avec laquelle cette
opération est décrite nous la montre déjà loin de son berceau
sans qu'aucune indication antérieure puisse cependant nous

permettre de remonter à finventeur, et nous apprendre si c'est
le hasard ou la réflexion qui présida à cette découverte. Chez les
Grecs l'art de trépaner constituait la partie principale du trai-
tement des plaies de tête, et avait pour but, comme aujour-
d'hui, de faire écouler des liquides épanchés ou d'extraire des
esquilles d'os. En effet, nous voyons Hippocrate distinguer avec
soin les indications du trépan dues aux accidens cérébraux con-
sécutifs, tels que la commotion, les vertiges, etc., de celles qui
tiennent à des fractures ou à des fissures des os du crâne. Il
attache beaucoup plus d'importance à ces dernières, qui lui pa-
raissent exiger l'opération sans délai. Pour reconnaître les fêlures
peu apparentes il propose, comme moyen certain, de racler l'os
avec lexystre, ^x/arrjo, et de le frotter ensuite avec de l'encre,
parce que cette liqueur s'insinuant dans la fente la rend plus
sensible par la couleur noire qu'elle lui communique. Hippo-
crate fait mention de la couronne de trépan sans la décrire ; il
connaît également le trépan perforatif, quil nomme Toûrtccvov.
Relativement à l'opération il donne pour règle de ne pas percer
tout d'un coup l'os jusqu'à la dure-mère, dans la crainte de
blesser cette membrane. 11 tient parfaitement compte de l'épais-
seur différente des os, et recommande de s'arrêter quelquefois et
de plonger l'instrument clans l'eau froide pour empêcher que la
couronne ne s'échauffe trop pendant l'opération. En voyant la
précision des détails que le père de la médecine nous donne sur
le trépan, on serait en droit d'être étonné du peu de progrès im-
portais que cette opération semble avoir faits jusqu'à nous;
mais, subissant le sort de la plupart des découvertes, on voit par
la suite l'art de trépaner, graduellement délaissé, tomber dans
l'oubli, et après chaque chute ne se relever qu'avec peine et
toujours moins parfait.

Depuis Hippocrate j usqu'à Celse il se passe quatre cent soixante
ans tout-à-fait perdus pour la trépanation. A peine en fait-on
mention dans l'école d'Alexandrie. L'époque de Celse ne se fait
du reste remarquer que par l'invention de quelques instrumens:
ce chirurgien connaît les deux trépans d'Hippocrate; il se sert
presque exclusivement du trépan perforatif et le décrit avec une
poignée pour le mettre en mouvement, qui représente aujour-
d'hui la tréphine. Il imagine un scalper excisorius pour enlever
les ponts osseux qui séparent les ouvertures faites par le trépan ;
et le méniugophylax, plaque de fer légèrement courhée qu'il glisse
au-dessous des os avant de les enlever avec le ciseau. Héliodorc
conseille de balayer la sciure de l'os avec de la laine écrue, in-
vente la rugine, le couteau lenticulaire et des espèces de leviers,
ccva^oXei/ç. Après l'opération il couvre la plaie d'une toikjfine,
qu'il nomme ixnviyyocbûXac; ou «.oonyoc;, et recouvre le tout
avec une espèce de filet à cheveux. Galien suit les mêmes procé-
dés, sans y rien ajouter; au contraire, trouvant le manuel opé-
ratoire déjà trop compliqué, il s'élève contre les chirurgiens de
son temps qui imaginent des trépans garnis de bourrelets circu-
laires , pour empêcher qu'ils ne pénètrent trop profondément et
ne blessent la dure-mère. Mais dans ce même temps on voit sou-
tenir des préceptes contradictoires à ceux posés par Hippocrate
sur les indications du trépan, et peu à peu cette opération tombe
en désuétude.

Cette longue période d'oubli se prolonge jusque dans le moyen-
âge. A peine les Arabes ont-ils conservé quelques débris de la
médecine des Grecs sur le traitement des plaies de tête. Il n'en
reste plus aucune trace en Occident, et nous voyons la chirurgie
confiée à des moines ignorans qui traitent les fractures du crâne
avec des amulettes et des onguens. Il faut arriver à Roger de Parme,
le père de la chirurgie italienne, pour voir reparaître le trépan.
 
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