PROLÉGOMÈNES.
Deux classes d'êtres ou de corps se présentent à notre obser-
vation dans la nature. Les uns , composés dans diverses pro-
portions d'un plus ou moins grand nombre des cinquante-
deux élémens chimiques, empruntent exclusivement de ces
derniers les qualités qui les différencient. Leur forme, due
à une cristallisation ou une juxta-position, est variable à
l'infini pour chaque addition ou soustraction de nouvelle ma-
tière; leur volume est indéterminé; leur durée, non appré-
ciable , dépend de la rencontre fortuite de ceux des autres
corps qui mettent en jeu leurs affinités. Toujours aptes à
entrer en action sous l'influence des lois physico-chimiques,
sans cesse et indifféremment ils peuvent être divisés ou dis-
sous , former de nouveaux composés , être réduits dans leurs
élémens ou reconstitués dans leur premier état. Mais, quelque
nombreuses que soient les mutations qu'ils subissent, jamais
ils ne sauraient être détruits dans leur substance et leurs pro-
priétés , liés qu'ils sont d'une existence intime et commune
avec les lois qui les régissent, au point que les uns ne sauraient
être compris sans les autres. Les corps de cette classe ont été
nommés improprement corps bruts , minéraux t ou mieux corps
inorganiques.
Les êtres de la seconde classe ont pour caractère principal
une existence individuelle, sous l'influence d'un agent spécial
nommé la vie. La vie imprime à l'être qui en est doué la fa-
culté de s'harmonier avec les lois physico-chimiques et de les
utiliser à son profit par leur opposition mutuelle , tout en s'iso-
lant de leur complète dépendance. Des actes ou phénomènes
de la vie, les uns ressemblent à ceux qui se passent dans les
autres corps ; le plus grand nombre en diffèrent ; quelques-uns
même sont spontanés. D'abord cause , puis effet, la vie est le
principe , et son entretien est le résultat d'une série d'actions
ou fonctions exécutées par des instrumens spéciaux ou orga-
nes (i), dans le double but de neutraliser à leur égard l'action
destructive des corps extérieurs et de s'approprier quelques-
uns d'entre eux pour la conservation de l'association commune
ou de l'individu dont ils font partie. L'ensemble des organes
formés par l'action de la vie et prêts à agir sous son influence
s'appelle organisation; cette dernière, mise en jeu , prend le
nom d'organisme.
Tout, dans les êtres qui composent un organisme, a un ca-
ractère défini. Dans ceux qui sont les plus élevés, l'ensemble
forme un tout harmonique dont les parties sont indivisibles ;
dans tous, l'existence est soumise à certaines conditions ; la
forme est circonscrite, le volume limité, la durée temporaire ,
la composition à peine variable, la destruction nécessaire et
la reconstruction du même être impossible. Les corps doués
de la vie et pourvus d'organes ont été nommés, par opposition
à ceux de la première classe : corps ou êtres divans, ou corps
organiques.
Les êtres vivans présentent deux grandes divisions : les
végétaux et les animaux. La science qui traite de la des-
cription des organes dont les uns et les autres sont composés
se nomme anatomie (2). Il y a donc deux sortes d'anatomie :
végétale et animale. Cette dernière espèce offre deux sub-
divisions : l'anatomie humaine, ouanthropotomie(3). etl'ana-
tomie des animaux inférieurs à l'homme, ou zootomie (4).
C'est la première qui fera spécialement l'objet de nos études ;
toutefois la seconde nous sera utile par la suite pour comparer,
dans ses appareils variés et à divers âges , l'organisation de
l'homme avec celle des différentes classes d'animaux.
COMPOSITION ÉLÉMENTAIRE DES ANIMAUX EN GÉNÉRAL,
ET DU CORPS HUMAIN EN PARTICULIER.
Les corps animaux se composent de solides, de liquides et
de gaz. La scolastique a imposé à l'étude de ces trois formes
que revêtent les corps les noms correspondans de stéréolo-
gie (1), hygrologie (2) et pneumatologie (3).
Les solides donnent au corps animal sa consistance : immo-
biles dans leurs masses , leur situation relative est invariable ;
partout imprégnés de liquides, au point qu'ils ne sauraient
en être complètement séparés , ils supportent ces derniers, les
(1) 2Te/>iot, solide, Voyoç, discours. (0 Ô^yavov/instrument.
(a) rypoc, humide, Xoyoç. (J Â^é^' 1 ie dissèque; dérive de A* , parmi, et de rspfi, je coupe.
' (3) AvSpWoç ,'homme ; rt-pâ.
(o) nvEÛ!ix, air, Xoyoç. //\,,-. „ • ,
' ' ' ' V\) Zojov, animai; teuvm.
TOME 1. lrc LIVRAISON. 5
Deux classes d'êtres ou de corps se présentent à notre obser-
vation dans la nature. Les uns , composés dans diverses pro-
portions d'un plus ou moins grand nombre des cinquante-
deux élémens chimiques, empruntent exclusivement de ces
derniers les qualités qui les différencient. Leur forme, due
à une cristallisation ou une juxta-position, est variable à
l'infini pour chaque addition ou soustraction de nouvelle ma-
tière; leur volume est indéterminé; leur durée, non appré-
ciable , dépend de la rencontre fortuite de ceux des autres
corps qui mettent en jeu leurs affinités. Toujours aptes à
entrer en action sous l'influence des lois physico-chimiques,
sans cesse et indifféremment ils peuvent être divisés ou dis-
sous , former de nouveaux composés , être réduits dans leurs
élémens ou reconstitués dans leur premier état. Mais, quelque
nombreuses que soient les mutations qu'ils subissent, jamais
ils ne sauraient être détruits dans leur substance et leurs pro-
priétés , liés qu'ils sont d'une existence intime et commune
avec les lois qui les régissent, au point que les uns ne sauraient
être compris sans les autres. Les corps de cette classe ont été
nommés improprement corps bruts , minéraux t ou mieux corps
inorganiques.
Les êtres de la seconde classe ont pour caractère principal
une existence individuelle, sous l'influence d'un agent spécial
nommé la vie. La vie imprime à l'être qui en est doué la fa-
culté de s'harmonier avec les lois physico-chimiques et de les
utiliser à son profit par leur opposition mutuelle , tout en s'iso-
lant de leur complète dépendance. Des actes ou phénomènes
de la vie, les uns ressemblent à ceux qui se passent dans les
autres corps ; le plus grand nombre en diffèrent ; quelques-uns
même sont spontanés. D'abord cause , puis effet, la vie est le
principe , et son entretien est le résultat d'une série d'actions
ou fonctions exécutées par des instrumens spéciaux ou orga-
nes (i), dans le double but de neutraliser à leur égard l'action
destructive des corps extérieurs et de s'approprier quelques-
uns d'entre eux pour la conservation de l'association commune
ou de l'individu dont ils font partie. L'ensemble des organes
formés par l'action de la vie et prêts à agir sous son influence
s'appelle organisation; cette dernière, mise en jeu , prend le
nom d'organisme.
Tout, dans les êtres qui composent un organisme, a un ca-
ractère défini. Dans ceux qui sont les plus élevés, l'ensemble
forme un tout harmonique dont les parties sont indivisibles ;
dans tous, l'existence est soumise à certaines conditions ; la
forme est circonscrite, le volume limité, la durée temporaire ,
la composition à peine variable, la destruction nécessaire et
la reconstruction du même être impossible. Les corps doués
de la vie et pourvus d'organes ont été nommés, par opposition
à ceux de la première classe : corps ou êtres divans, ou corps
organiques.
Les êtres vivans présentent deux grandes divisions : les
végétaux et les animaux. La science qui traite de la des-
cription des organes dont les uns et les autres sont composés
se nomme anatomie (2). Il y a donc deux sortes d'anatomie :
végétale et animale. Cette dernière espèce offre deux sub-
divisions : l'anatomie humaine, ouanthropotomie(3). etl'ana-
tomie des animaux inférieurs à l'homme, ou zootomie (4).
C'est la première qui fera spécialement l'objet de nos études ;
toutefois la seconde nous sera utile par la suite pour comparer,
dans ses appareils variés et à divers âges , l'organisation de
l'homme avec celle des différentes classes d'animaux.
COMPOSITION ÉLÉMENTAIRE DES ANIMAUX EN GÉNÉRAL,
ET DU CORPS HUMAIN EN PARTICULIER.
Les corps animaux se composent de solides, de liquides et
de gaz. La scolastique a imposé à l'étude de ces trois formes
que revêtent les corps les noms correspondans de stéréolo-
gie (1), hygrologie (2) et pneumatologie (3).
Les solides donnent au corps animal sa consistance : immo-
biles dans leurs masses , leur situation relative est invariable ;
partout imprégnés de liquides, au point qu'ils ne sauraient
en être complètement séparés , ils supportent ces derniers, les
(1) 2Te/>iot, solide, Voyoç, discours. (0 Ô^yavov/instrument.
(a) rypoc, humide, Xoyoç. (J Â^é^' 1 ie dissèque; dérive de A* , parmi, et de rspfi, je coupe.
' (3) AvSpWoç ,'homme ; rt-pâ.
(o) nvEÛ!ix, air, Xoyoç. //\,,-. „ • ,
' ' ' ' V\) Zojov, animai; teuvm.
TOME 1. lrc LIVRAISON. 5