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DES MEMBRES EN GENERAL.
Au bras où il s'agissait de constituer une articulation latérale,
en conservant le parallélisme du membre avec le tronc, le col
décrit, avec le corps, un angle d'environ 114 degrés, ouvert
en dedans et en bas, et avec le plan vertical, un autre angle de
complément de 66 degrés, ouvert en sens opposé. Toutefois le
parallélisme au repos, qui aurait nui à la liberté des mouve-
mens, n'est pas parfait, vuTécartemcnt inférieur qui résulte de
l'obliquité du tronc en dedans et de l'inclinaison du bras en
dehors, déterminée par la saillie inférieure de la cavité glénoïde.
La tête forme une simple calotte environnant le col ; ce dernier,
qui n'avait d'autre objet que de détourner la surface articulaire
de la direction de l'os, est très court et n'est bien sensible qu'in-
férieurement, c'est-à-dire dans l'ouverture même de l'angle qu'il
décrit. Les deux tubérosités ou troebanters, séparées seulement
par la gouttière bicipitale, sont très rapprochées entre elles et
comme agglomérées avec la tête. En résumé, c'est de la réunion
de toutes ces circonstances, l'obliquité et le raccourcissement du
col, l'inclinaison, la rondeur et le peu de contact des surfaces
articulaires, le rapproebement des leviers de rotation, la double
mobilité des os eux-mêmes, l'omoplate et l'humérus, et l'isole-
ment de ce dernier du tronc, que résultent l'étendue, le nombre
et la rapidité des mouvemens qui distinguent l'extrémité supé-
rieure humérale.
Pour le fémur, de nouvelles conditions s'offraient à remplir.
Il fallait que chaque moitié du corps fût supportée dans le trajet
de la ligne de gravité, sans que la colonne de sustentation con-
tinuât immédiatement la même direction, un emboîtement di-
rect devant avoir pour effet de rendre les mouvemens durs et
saccadés, de gêner principalement la flexion et l'extension, et
d'augmenter le danger des chocs; il convenait enfin que la base
de sustentation se trouvât élargie en dehors, le membre opposé
lui offrant déjà un point d'appui en dedans. Pour obéir à ces
diverses intentions, la tête du fémur forme une demi-sphère
proéminente en avant, dans le sens des mouvemens les plus
étendus : évidée au-delà de son contour articulaire, point où
son volume devenait inutile et ne pouvait être maintenu sans
heurter contre le rebord de la cavité qui la contient. Au-dessous
d'elle se prolonge le col, dont l'épaisseur, en rapport avec les
efforts à supporter, est la plus considérable de haut en bas. En
arrière et en dehors s'enfuit la base du col, qui élargit la ligne
de support tranversale. Cette inclinaison de l'extrémité coxale
du fémur, l'angle de 13o degrés qu'elle décrit avec le corps et la
coudure à concavité qu'ils offrent à leur point de jonction, con-
tribuent à dégager la tête, et ajoutent ainsi à la liberté de ses
mouvemens. Les trochanters, écartés par la base du col, offrent
de larges implantations pour des muscles que l'étendue des sur-
laces du bassin empêche d'être groupés comme à l'épaule.
h extrémité inférieure est très différente dans les deux os. Quant
au fémur, qui ne devait avoir qu'un mouvement de charnière
avec le tibia, sa surface articulaire se compose seulement d'une
trochlée dont les bords sont élargis en deux vastes condyles,
pour augmenter la surface de support. Entre ces derniers est
une large éehancrure destinée à loger les ligamens croisés, né-
cessaires pour borner les mouvemens d'extension, que la rotule,
mobile elle-même, ne limite qu'imparfaitement. A l'humérus,
sur lequel l'avant-bras devait offrir le même mouvement de
charnière, nous trouvons également une trochlée, mais avec des
modifications. Destinée à être engrenée avec le euhitus, qui
constitue son tibia, auquel est soudée la rotule du coude ou
l'olécrâne, elle est rétrécie en travers, et forme une gorge pro-
fonde sans condyles et sans ligamens croisés, dont l'existence de-
venait inutile. Placée en dedans, pour répondre à la flexion in-
terne, son rebord, dans ce sens, est très saillant et environné par
le euhitus. Le rebord externe appartient à un plus petit dia-
mètre, et se fond avec une nouvelle surface articulaire, le con-
dyle, destinée aux mouvemens du radius, lequel vient faire
partie de l'articulation huméro-cubitale, en vue des mouvemens
de pronation et de supination de la main : cette disposition est bien
différente de celle que l'on observe à la jambe, où le péroné n'a
aucun rapport avec le fémur. Enfin, latéralement, l'extrémité
de l'humérus est surmontée par deux éminences auxquelles s'in-
sèrent des muscles qui, pour la plupart, concourent à la prona-
tion et à la supination. Rien de semblable ne pouvait s'observer
au fémur, qui n'offre que des empreintes ligamenteuses peu
saillantes, et du reste on conçoit que la sécheresse du genou
devait être respectée, l'augmentation de leur volume devant en-
traîner des frottemens et nuire à la liberté de leurs mouvemens.
3° PARALLÈLE DES OS DE L'AVAN T-BRAS
ET DE CEUX DE LA JAMBE.
Pour comparer avec facilité ces deux sections, il faut avoir
recours au même artifice que précédemment, c'est-à-dire, l'a-
vant-bras étant placé en supination, rapprocher les uns des
autres les membres et les plans opposés.
Disposition générale. Les os, dans les deux membres, sont
placés parallèlement, de manière à offrir deux plans muscu-
laires opposés, complétés par le ligament inter-osscux et deux
bords latéraux. A l'avant-bras, le volume se conserve sensible-
ment le même, l'un des os augmentant d'épaisseur en regard du
point où l'autre diminue. Les plans musculaires sont, dans la su-
pination, assez directement antérieur et postérieur; toutefois le
radius étant situé un peu en avant du cubitus, la pronation est
la situation normale de l'avant-bras, et l'obliquité des plans op •
posés qui en résulte a pour effet d'incliner fortement dans le
même sens, la flexion en dedans, et l'extension en dehors. A
la jambe, le volume, suivant la longueur, diffère beaucoup.
Cependant le péroné s'élargit vers le tiers inférieur, point où se
rétrécit le tibia. La position relative des os est plus oblique qu'à
l'avant-bras; le péroné, très mince, est placé en arrière du
tibia, et ce dernier n'offrant au-devant de l'autre que des faces
obliques, il en résulte que le plan musculaire antérieur est en
même temps latéral externe, et le plan postérieur latéral in-
terne : disposition singulièrement heureuse pour la direction
des forces musculaires, puisqu'elle offre le double avantage d'in-
cliner l'extension des orteils en dehors et leur flexion en dedans,
ou, en d'autres termes, d'aider le pied à saisir le sol ou à s'en
dégager.
Toutes les différences de détails entre les os de la jambe et
ceux de l'avant-bras, qui ont tant exercé les anatomistes, dé-
riveront nécessairement de l'opposition de leurs usages. En se
rappelant le caractère essentiel des deux membres, on conçoit
que la jambe doit offrir d'abord un os principal de support, le
tibia, car le support est la condition fondamentale du membre
dont elle fait partie; le péroné n'y est plus qu'accessoire. A l'a-
vant-bras, où il n'y a pour ainsi dire que des conditions de
mobilité à remplir, les caractères et les usages principaux se
substituent réciproquement entre les os, et chacun d'eux est al-
ternativement principal par l'une de ces extrémités, et acces-
soire par l'autre. Ainsi le cubitus est, pour l'avant-bras, le tibia
d'en haut et le péroné d'en bas, et le radius, qui simule le pé-
DES MEMBRES EN GENERAL.
Au bras où il s'agissait de constituer une articulation latérale,
en conservant le parallélisme du membre avec le tronc, le col
décrit, avec le corps, un angle d'environ 114 degrés, ouvert
en dedans et en bas, et avec le plan vertical, un autre angle de
complément de 66 degrés, ouvert en sens opposé. Toutefois le
parallélisme au repos, qui aurait nui à la liberté des mouve-
mens, n'est pas parfait, vuTécartemcnt inférieur qui résulte de
l'obliquité du tronc en dedans et de l'inclinaison du bras en
dehors, déterminée par la saillie inférieure de la cavité glénoïde.
La tête forme une simple calotte environnant le col ; ce dernier,
qui n'avait d'autre objet que de détourner la surface articulaire
de la direction de l'os, est très court et n'est bien sensible qu'in-
férieurement, c'est-à-dire dans l'ouverture même de l'angle qu'il
décrit. Les deux tubérosités ou troebanters, séparées seulement
par la gouttière bicipitale, sont très rapprochées entre elles et
comme agglomérées avec la tête. En résumé, c'est de la réunion
de toutes ces circonstances, l'obliquité et le raccourcissement du
col, l'inclinaison, la rondeur et le peu de contact des surfaces
articulaires, le rapproebement des leviers de rotation, la double
mobilité des os eux-mêmes, l'omoplate et l'humérus, et l'isole-
ment de ce dernier du tronc, que résultent l'étendue, le nombre
et la rapidité des mouvemens qui distinguent l'extrémité supé-
rieure humérale.
Pour le fémur, de nouvelles conditions s'offraient à remplir.
Il fallait que chaque moitié du corps fût supportée dans le trajet
de la ligne de gravité, sans que la colonne de sustentation con-
tinuât immédiatement la même direction, un emboîtement di-
rect devant avoir pour effet de rendre les mouvemens durs et
saccadés, de gêner principalement la flexion et l'extension, et
d'augmenter le danger des chocs; il convenait enfin que la base
de sustentation se trouvât élargie en dehors, le membre opposé
lui offrant déjà un point d'appui en dedans. Pour obéir à ces
diverses intentions, la tête du fémur forme une demi-sphère
proéminente en avant, dans le sens des mouvemens les plus
étendus : évidée au-delà de son contour articulaire, point où
son volume devenait inutile et ne pouvait être maintenu sans
heurter contre le rebord de la cavité qui la contient. Au-dessous
d'elle se prolonge le col, dont l'épaisseur, en rapport avec les
efforts à supporter, est la plus considérable de haut en bas. En
arrière et en dehors s'enfuit la base du col, qui élargit la ligne
de support tranversale. Cette inclinaison de l'extrémité coxale
du fémur, l'angle de 13o degrés qu'elle décrit avec le corps et la
coudure à concavité qu'ils offrent à leur point de jonction, con-
tribuent à dégager la tête, et ajoutent ainsi à la liberté de ses
mouvemens. Les trochanters, écartés par la base du col, offrent
de larges implantations pour des muscles que l'étendue des sur-
laces du bassin empêche d'être groupés comme à l'épaule.
h extrémité inférieure est très différente dans les deux os. Quant
au fémur, qui ne devait avoir qu'un mouvement de charnière
avec le tibia, sa surface articulaire se compose seulement d'une
trochlée dont les bords sont élargis en deux vastes condyles,
pour augmenter la surface de support. Entre ces derniers est
une large éehancrure destinée à loger les ligamens croisés, né-
cessaires pour borner les mouvemens d'extension, que la rotule,
mobile elle-même, ne limite qu'imparfaitement. A l'humérus,
sur lequel l'avant-bras devait offrir le même mouvement de
charnière, nous trouvons également une trochlée, mais avec des
modifications. Destinée à être engrenée avec le euhitus, qui
constitue son tibia, auquel est soudée la rotule du coude ou
l'olécrâne, elle est rétrécie en travers, et forme une gorge pro-
fonde sans condyles et sans ligamens croisés, dont l'existence de-
venait inutile. Placée en dedans, pour répondre à la flexion in-
terne, son rebord, dans ce sens, est très saillant et environné par
le euhitus. Le rebord externe appartient à un plus petit dia-
mètre, et se fond avec une nouvelle surface articulaire, le con-
dyle, destinée aux mouvemens du radius, lequel vient faire
partie de l'articulation huméro-cubitale, en vue des mouvemens
de pronation et de supination de la main : cette disposition est bien
différente de celle que l'on observe à la jambe, où le péroné n'a
aucun rapport avec le fémur. Enfin, latéralement, l'extrémité
de l'humérus est surmontée par deux éminences auxquelles s'in-
sèrent des muscles qui, pour la plupart, concourent à la prona-
tion et à la supination. Rien de semblable ne pouvait s'observer
au fémur, qui n'offre que des empreintes ligamenteuses peu
saillantes, et du reste on conçoit que la sécheresse du genou
devait être respectée, l'augmentation de leur volume devant en-
traîner des frottemens et nuire à la liberté de leurs mouvemens.
3° PARALLÈLE DES OS DE L'AVAN T-BRAS
ET DE CEUX DE LA JAMBE.
Pour comparer avec facilité ces deux sections, il faut avoir
recours au même artifice que précédemment, c'est-à-dire, l'a-
vant-bras étant placé en supination, rapprocher les uns des
autres les membres et les plans opposés.
Disposition générale. Les os, dans les deux membres, sont
placés parallèlement, de manière à offrir deux plans muscu-
laires opposés, complétés par le ligament inter-osscux et deux
bords latéraux. A l'avant-bras, le volume se conserve sensible-
ment le même, l'un des os augmentant d'épaisseur en regard du
point où l'autre diminue. Les plans musculaires sont, dans la su-
pination, assez directement antérieur et postérieur; toutefois le
radius étant situé un peu en avant du cubitus, la pronation est
la situation normale de l'avant-bras, et l'obliquité des plans op •
posés qui en résulte a pour effet d'incliner fortement dans le
même sens, la flexion en dedans, et l'extension en dehors. A
la jambe, le volume, suivant la longueur, diffère beaucoup.
Cependant le péroné s'élargit vers le tiers inférieur, point où se
rétrécit le tibia. La position relative des os est plus oblique qu'à
l'avant-bras; le péroné, très mince, est placé en arrière du
tibia, et ce dernier n'offrant au-devant de l'autre que des faces
obliques, il en résulte que le plan musculaire antérieur est en
même temps latéral externe, et le plan postérieur latéral in-
terne : disposition singulièrement heureuse pour la direction
des forces musculaires, puisqu'elle offre le double avantage d'in-
cliner l'extension des orteils en dehors et leur flexion en dedans,
ou, en d'autres termes, d'aider le pied à saisir le sol ou à s'en
dégager.
Toutes les différences de détails entre les os de la jambe et
ceux de l'avant-bras, qui ont tant exercé les anatomistes, dé-
riveront nécessairement de l'opposition de leurs usages. En se
rappelant le caractère essentiel des deux membres, on conçoit
que la jambe doit offrir d'abord un os principal de support, le
tibia, car le support est la condition fondamentale du membre
dont elle fait partie; le péroné n'y est plus qu'accessoire. A l'a-
vant-bras, où il n'y a pour ainsi dire que des conditions de
mobilité à remplir, les caractères et les usages principaux se
substituent réciproquement entre les os, et chacun d'eux est al-
ternativement principal par l'une de ces extrémités, et acces-
soire par l'autre. Ainsi le cubitus est, pour l'avant-bras, le tibia
d'en haut et le péroné d'en bas, et le radius, qui simule le pé-