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Société de l'Histoire de l'Art Français [Hrsg.]
Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français — 1909

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Guiffrey, Jules: Le premier tableau de Ingres
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https://doi.org/10.11588/diglit.17394#0064

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— 52 —

Isolé dans Paris, où l’étude de mon art m’a conduit, mes
succès, peu connus encore, ne me mettent point à l’abri du
besoin. Mon talent est ma seule ressource, et pour en tirer
parti en lui donnant plus de publicité, mon plus ardent désir
est d’exécuter un tableau, mais les moyens pécuniaires me
manquent totalement. Le citoyen Amaury-Duval, empressé à
rendre service aux artistes, a bien voulu se charger d’être mon
interprète auprès de vous; accordeq-moi à sa prière la somme
que le gouvernement me destine pour les frais de mon voyage
à Rome et vous rendrez à un jeune peintre toute son énergie,
que comprime le défaut de moyens. Plus d’une fois vous êtes
venu au. secours de ceux qui cultivent les arts; c’est sur cette
protection que se fonde un espoir à la faveur que je réclame.

Salut et respect.

Ingres.

A la suite de cette supplique, un rapport administratif
fut rédigé et présenté au ministre de l’Intérieur. Entrant
dans les vues du postulant, le scrupuleux bureaucrate
proposait d’accorder à Ingres une somme de six cents
francs, représentant l’indemnité ordinairement allouée
pour les frais du voyage, indemnité à laquelle notre
artiste déclarait renoncer. Il n’est pas douteux que la
proposition consignée dans ce rapport n’ait été favorable-
ment accueillie :

Rapport au ministre sur une pétition de Ingres.

Rapport au ministre de l’Intérieur.

Paris, le 4 ventôse an 10 (23 février 1802).

Le citoyen Ingres, pensionnaire de l’École de France à
Rome, expose au ministre qu’il n’a pour subsister d’autre res-
source que son talent et que son existence à venir dépend de
la réputation qu’il peut acquérir. Le voyage de Rome est
encore éloigné pour lui, puisqu’il est un des derniers couron-
nés. En attendant son départ, il désireroit pouvoir exécuter un
tableau qui puisse servir à le faire connoître, mais il manque
de fonds nécessaires pour le commencer. Il prie le ministre
de vouloir bien lui accorder pour cet objet la somme qui lui
auroit été comptée pour son voyage à Rome. Lorsque le
moment de son départ sera arrivé, il ne touchera point l’in-
demnité que l’on accorde ordinairement pour le voyage : il
 
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