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LARTPOUR • TOUS

^fti S^W^^T ENCYCLOPEDIE DE LART/NEUSTRIEL ET DECORATIF
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Emile Reiber I G. Sauvageot j P. Gélis-Didot

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Librairies-Imprimeries réunies

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PARIS" rflffM^^r^
/ 2, rue Mignon,2 VS^^^^T^ . . ,___

35e Année --^— Janvier 1896

BULLETIN DE JANVIER 1896

Chronique artistique

a PROPOS DE FRÉDIiGONDE

Frédégonde, Brunilda et Merowig ont dû êlrc bien
surpris si de leurs vieux sarcophages mérovingiens ils
ont pu voir la reconstitution archéologique de l'Opéra ;
absolument déconcertante, cette manière de repro-
duire des monuments dont il nous reste encore quel-
ques rares spécimens.

Au premier acte, faire évoluer des personnages du
vic siècle dans une salle empruntée aux projets de
Percier pour la décoration du Louvre, est un tour de
force assez remarquable; mais là ne se bornent pas
les erreurs, et, pour donner plus aspect de musée d'an-
tique à cette salle, on a adossé aux pilastres de droite
et de gauche deux statues; le bon sens seul indiquait
d'y mettre au moins un spécimen de l'art romain : eh
bien, non, c*est du bon moyen âge français du xn°
qui y est représenté.

Comme elles font mauvaise figure, ces deux pauvres
statues descendues des niches de quelque cathédrale
monumentale ; des saints géants, à ne pas en douter,
ils mesurent plus de 10 mètres de haut ; et pour rendre
cette exhibition tout à fait ridicule, on a placé dans le
fond une statue vaguement romaine, qui s'amuse beau-
coup de cette imposante compagnie. Pour couronner
ce mélange atroce, dans le fond la campagne de Paris
et, se détachant sur un ciel d'azur, le Parthénon, oui,
un petit Parthénon, mais enfin il y est. Comme ils ont
dû rire, les décorateurs, en esquissant cette petite mai-
sonnette! Tout cela envahi par un las de figurants, tou-
jours aux mêmes costumes, que nous avons reconnus
dans Faust, Salammbô et Sigurd; les casques surtout
sont très drôles, on m'a assuré que, suivant la pièce,
on les mettait tantôt le devant par derrière, ou bien le
contraire. L'Opéra n'en est pas encore au côté, mais
dans quelque temps nous aurons le casque girouette
se tournant d'un quart de cercle suivant la pièce.

Au second, la verdure a envahi de toutes parts, une
végétation de théâtre, qui a cela de particulier : que,
lorsque nous trouvons un tronc d'acacia, le feuillage
est toujours représenté par des feuilles de chêne.
A l'Opéra il pousse une sorte d'arbre extrêmement
rare: c'est l'arbre en deux parties, chêne jusqu'à la
hauteur de la frise, plus haut olivier. L'explication est
simple : c'est toujours la même frise qui sert, on ne
change que le bas. Et puis jamais d'automne, c'est un
printemps éternel, dont le vert cru effrayerait même
des oiseaux.

Pour ce second acte, là ne se bornent pas nos obser-
vations : à droite de la scène, nous trouvons un petit
exèdre rendu complètement inutilisable par ses fautes
de perspective, et, si par malheur un acteur vient se
reposer, on le dirait cramponné à un anneau de
sauvetage et luttant contre l'envahissement des fleurs;
et quelles fleurs !

Au troisième acte, le décor se comporte mieux.
La grosse faute provient simplement de la suspension
des cloches, construction qui ne s'est faite qu'au vm°
siècle, ainsi que nous le rapporte Anastasc le Biblio-

| thécairc en 770: « Stephamts III an. D. 770 fecit. super.
j basilicam, Sancti Pétri turrim in qua très posuit cam-
panas quœ clerum et populum ad officium Dei convo-
' carent ».

Quantaux ballets, toujours, toujours la même chose,
que l'action se passe au vi" ou au xne siècle, même
mime, même costume, les mouvements d'ensemble
manquent d'élégance et les groupements sont mes-
quins— beaucoup trop simples et tout au plus dignes
) d'un théâtre de province.

Passons sur le quatrième acte, où nous voyons entre
autres pour nous divertir des peintures décoratives
inspirées du style Louis XIV; du Louis XIV au vi°
siècle, c'est beaucoup d'avance. La grosse surprise
i nous était réservée pour le cinquième.

Ce n'est plus le Parthénon du premier et du deuxième
acte qui domine la scène, et auquel nous finissions
par nous habituer, mais une ruine de château féodal,
telle qu'il en existe encore de nos jours, deux siècles
après l'édit de Richelieu; que vient-elle faire au vi'
siècle, là est l'énigme ; c'est pousser par trop loin la
plaisanterie.

Ne rions plus maintenant, lorsque nous entendrons
dire par les clubmen des Mails Lebaudy ou Gordon-
Benett, que les ruines du château d'Étampes ou de
Chevreuse datent du n° ou me siècle. Ils en auront
bien le droit, s'ils basent leur appréciation sur celle
de notre Académie nationale de Musique !

Château féodal en ruine au vi° siècle, quand on
panse que ces travaux peuvent résister indéfiniment
sans être atteints, on recherche la date de construc-
tion de celui des décors de Frédégonde et l'on arrive
) facilement aux époques préhistoriques; que devien-
S nent alors les reconstitutions de Charles Garnier et
S les études du docleur Le Bon? Sans doute de simples
j amusements d'enfants.

Voilà ce que le premier théâtre de France, du monde
peut-être, soumet à nos appréciations; nous ne pou-
vons pas demander à d'anciens acteurs ou à des im-
présarios enrichis un goût artistique bien prononcé,
mais ils devraient comprendre leur devoir et de-
mander conseil à certaines notabilités artistiques de la
rue de Valois. H. G.

Échos

On nous signale un acte de vandalisme à la cathé-
drale de Nevers. La coupole principale de celte cathé-
drale comporte une décoration picturale d'une grande
valeur; ces peintures, que nous pouvons attribuer à
l'école française du xu° siècle, sont l'objet de véri-
tables détériorations; c'est ainsi que la figure faisant
le sujet principal de cette décoration a l'abdomen
traversé par une corde soutenant un lustre; cette
corde, en grattant contre les bords des parties
peintes, arrache les écailles cl détruit en partie l'har-
monie générale.

-0-

M. Desvareux, correspondant de l'Académie de
New-York, nous communique un rapport très inté-
ressant sur les têtes en bois sculpté de l'orgue de
l'église de Saint-Savin (Haules-Pyrénées).

Ces masques, attribués au xinr siècle, ont la partie
inférieure de la mâchoire complètement mobile, se
déplaçant quand l'orgue joue; de là des jeux de phy-

sionomie extrêmement intéressants et qui donnent au
spectateur une impression tragique.

Nous remercions notre correspondant qui nous
joint un croquis exécuté d'après nature.

M. Desvareux n'est pas un étranger pour la France,
où depuis de longues années ses travaux sont très
appréciés au Salon des Champs-Elysées.

-©-

Ingratitude provinciale. La petite ville de Trye-sur-
Baïse (Hautes-Pyrénées) a été dotée généreusement
par M. et Mme Latour; sur cette donation, la municipa-
lité a fait élever une église paroissiale, véritable bijou
du style gothique flamboyant; mais dans tous ses tra-
vaux on a complètement relégué les généreux bienfai-
teurs, et leur mémoire n'est rappelée que par deux
mauvaises photographies appenduesau mur de l'hôtel
de ville. Voilà comment se comportent les munici-
palités à l'égard des donateurs : pas même les hon-
neurs d'une peinture.

Chronique des Livres

Librairie générale de VArchitecture et des Travaux
publics, 5j, rue des Ecoles. Schmid, éditeur.

Vient de paraître la troisième livraison des Frag-
ments d'architecture antique d'après les relevés et
restaurations des anciens pensionnaires de l'Acadé-
mie de France à Rome, publiés sous la direction de
H. d'Espouy.

Cette livraison comprend des relevés et restaura-
tions de G. Ancelet sur Rome, dans lesquels nous
remarquons une magnifique étude sur le temple de
Jupiter Stator. E. Guillaume nous donne des études
sur le théâtre de Marcellus. En résumé, très belle
publication, que tous les architectes tiendront à hon-
neur de posséder dans leur bibliothèque.

A la même librairie :

23e année de VIntime-Club. — Sous l'habile direc-
tion de M. Raulin, ['Intime-Club continue le cours de
ses publications; l'énorme quantité de documents
donnés dans cet ouvrage en fait un précieux recueil
à consulter avec fruit. Les douze numéros publiés
chaque année forment un très utile et très intéressant
ouvrage.

Librairie de la construction moderne, i3, rue
Bonaparte.

Les Ouvriers d'art. — Nous signalons l'apparition
d'une très intéressante publication, d'une utilité incon-
testable, sur les ouvriers d'art; cet ouvrage, tout en
donnant les renseignements sur le concours des
ouvriers d'art pour l'exemption de deux années de
service militaire, comprend la plupart des pro-
grammes donnés à Paris et dans les différents dépar-
tements.

A la même librairie vient de paraître le pro-
gramme des études pour la section d'architecture,
année 1896.

BULLETIN DE L'ART POUR TOUS. — N" 121.

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