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Bulletin de l' art pour tous — 1896

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No 122 (Février 1896)
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https://doi.org/10.11588/diglit.16820#0005
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35e Année * ' ;• Février 1896

BULLETIN DE FÉVRIER 1896

Chronique artistique

L'œuvre d'art, disait Taine, est un système de
parties tantôt créé de toutes pièces comme il
arrive dans l'architecture et la musique, tantôt
reproduit d'après un objet réel, comme dans la
littérature, sculpture, peinture. Le but de l'art
est de manifester par cet ensemble quelque ca-
ractère notable. Donc, l'œuvre serait d'autant
meilleure que le caractère y serait à la fois plus
notable et plus dominateur.

Si nous étudions l'école impressionniste, école
née d'une réaction violente contre les anciennes
traditions, et qui espère rendre chaque chose
avec sa couleur relative, de l'heure qui passe, de
l'ombre qui disparait, de la lumière, de tout
enfin, nous voyons qu'elle est dissemblable en
beaucoup de points avec les artistes de l'école
ancienne, qui, suivant la loi générale, soumet-
taient leurs œuvres à la phase qu'ils traversaient,
à l'influence du temps, du milieu où ils vivaient,
du pays qu'ils habitaient, de la période où ils
vécurent, des mœurs de leur époque, des arts
qui florissaient alors, de presque tout enfin.

Tout au contraire est l'école impressionniste;
sa devise devrait être celle d'Horace : Carpe
diem! (saisis lejour) et tous ces malheureux adhé-
rents, haletants, essoufflés, guettent la nature
qui glisse devant eux. 11 faut brosser, se hâter,
faire vite en un mot, et ne jamais plus retoucher
à l'étude, car elle cesserait d'être réelle et par là
môme impressionniste. Comme dans toutes
choses humaines, il y a dans la théorie des ar-
tistes impressionnistes du bon et du mauvais,
mais, à la vérité, il y a beaucoup d'erreurs : il
faut bien leur pardonner, parce que ce sont des
novateurs.

Non, certes, nous ne les blâmerons pas d'ap-
porter dans leurs études toute la sagacité d'ob-
servation qui doit résider dans l'œil de tous les
peintres, et de se laisser trop prendre par la
nature : Raphaël et Poussin ne faisaient pas
autrement, mais ils avaient une limite et, sans
professer un culte exclusif pour ce que nous
nommons aujourd'hui l'effet, ces artistes de
génie savaient s'en servir beaucoup mieux que
nos révolutionnaires de la peinture.

Et maintenant, si nous regardons au Musée du
Luxembourg ce qu'a produit cette école, à part
les maîtres qui y sont entrés avec leur talent
comme Raffaelli, Roll, Benner, et qui l'ont gardé
en le modifiant un peu, nous sommes frappés de
la médiocrité des œuvres. Ce n'est pas le tableau
de Renouard, avec ces deux jeunes filles jouant
du piano, d'un désastreux ton lie de vin, qui est
fait pour nous empoigner; ni les œuvres de

! M. Chudent, d'un à peu près significatif. Il y a J
{ bien dans les portraits d'Aman Jean une jolie

tonalité, mais c'est tout, le dessin n'a jamais j
! existé. Il est vrai que l'école ne fait que de com-
; mencer, et qu'il serait injuste de la juger à ses
débuts; attendons encore un peu, mais on se
lasse bien vite des choses qui ne réussissent
j pas.

Henry d'IIerville,

I ' (

Biographie

:__ !

Les grands architectes contemporains

E. Coquart

E. Coquart est né en 1831. Il entra en 1847
! à l'École des Beaux-Arts, où il remporta dix mé-
; dailles de première classe et le grand prix de
j Rome, en 1858.

Savant architecte, ses œuvres dénotent une
! connaissance profonde du dessin et de l'archéo-
logie, associée au sentiment des goûts et des ;
| besoins modernes.

Son grand talent de dessinateur, fortifié par de
i consciencieuses études en Italie, l'a fait choisir
i pour diriger de nombreux et importants travaux !
de construction et de décoration.

Inspecteur des bâtiments civils, architecte de
j l'École des Beaux-Arts, architecte diocésain de j
; Laval, professeur à l'Ecole des Beaux-Arts, ar- j
chitecte de la Cour de cassation et membre des j
; jurys de l'École des Beaux-Arts, des Salons et ;
! de l'Exposition universelle.

Ses ouvrages les plus remarquables sont le
; monument de Regnault, le monument de Rou- (

gevin et celui de Duban, véritable merveille de
; grâce et d'élégance architecturale, le Musée J
! des antiques à l'Ecole des Beaux-Arts et la Cour }
\ de cassation. Ne revenons pas à ce propos sur \
\ la décision arbitraire qui releva Coquart de ses
fonctions. Doué d'une nature profondément ar- J
liste, il cherche avant tout à produire des œuvres j
j véritablement étudiées, et d'où se dégage une
! impression de richesse et de savante composi-
| tion. C'est l'artiste dans toute l'acception du j
[ mot; il ne pouvait pas soumettre son talent aux ;
! férules de l'Administration.

Ce fut aussi une véritable perte pour notre art
5 moderne quand il quitta la direction des travaux j
à la Cour de cassation, où il eût laissé un en- !
! semble unique qui aurait marqué l'apogée de la
décoration moderne.

A la mort de P.-V. Galland, il avait semblé
que Coquart prendrait sa succession à l'École
! des Beaux-Arts et donnerait une nouvelle impul-
sion à notre art décoratif. Malheureusement il j
! n'en fut rien; en cette circonstance, il ne se donna i
> pas la peine de demander ce qui lui était dû, et i
j la place fut prise.

Coquart n'est que chevalier de la Légion

d'honneur depuis 1876, il a été nommé membre
de l'Institut en 1888. A l'égal de Duban, il restera
comme un des maîtres de l'architecture fran-
çaise.

Henry Guédy.

L'Exposition des femmes peintres

Ce n'est pas seulement dans le domaine de la po-
litique que les femmes songent à s'affranchir, à se dé-
tacher de l'homme, à faire bande à part; il souffle
depuis quelque temps un terrible vent de révolte sur
le sexe faible.

11 y a en France plus d'un millier de jolies créa-
tures qui préfèrent aux travaux d'aiguille des passe-
temps plus relevés, et qui font de l'art pour l'amour
de la gloire, sans songer, qu'elles sont rares, oh com-
bien, celles qui parviennent à laisser un nom comme
Rosa Bonheur, Abbema et Madeleine Lemaire.

J'aurai tout dit, après avoir écrit de ce Salon qu'il
est chaste avec une pointe de coquetterie, qu'il est
rose avec une certaine recherche d'agrément, que le
joli y domine, que les petits genres y sont bien lé-
chés, les aquarelles bien fraîches comme des joues
de marquises, et les cadres des meilleurs faiseurs. Je
suis convaincu que le Salon des femmes peintres et
sculpteurs serait plus couru, plus apprécié, si, au lieu
de produire leurs œuvres en public elles s'exposaient
elles-mêmes. Cela introduirait quelque variété dans
leurs nombreuses natures mortes, animerait leurs
sempiternels paysages, et le gracieux sourire des ar-
tistes ensoleillerait les ciels ternis de leurs tableaux.

H G.

Échos

Vandalisme. — On nous écrit de Besançon : Les
Bisontins possèdent deux monuments historiques très
curieux : l'Hôtel de Ville et le palais de Granvelle.
Tous deux portent cette sombre patine des siècles qui
fait que la vieillesse des monuments est l'âge de leur
beauté..., comme Victor Hugo disait dans Notre-
Dame de Paris. Or donc, M. le maire de Besançon
vient de proposer au Conseil municipal la démolition
de ces deux bâtisses. Espérons que les Bisontins mieux
inspirés que leur maire ne commettront pas cet acte
de vandalisme.

-O-

De nos jours la photographie a définitivement at-
teint son apogée : après la découverte permettant de
photographier les corps opaques et les procédés em-
ployés par le professeur Stebbing (15, boulevard des
Italiens) pour ses magnifiques portraits au platine, il
ne doit plus rien rester à découvrir. Stebbing est un
véritable artiste et, dans son atelier du boulevard des
Italiens, nous avons vu des reproductions vraiment
rendues avec beaucoup d'art.

Comme nous sommes loin avec tout cela de l'an-
cienne daguerréotypie !

BULLETIN DE L'ART POUR TOUS. — N» 122.
 
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